Petit mot d’au revoir
« Partir mène au pays des souvenirs » dit une belle citation.
A l’heure de vous quitter je voudrais également partager avec vous cette autre belle citation qui traduit bien mon état d’esprit actuel : « Il ne faut pas pleurer parce que c’est terminer, mais sourire parce que c’est arrivé. »
Et oui, avoir été au milieu de vous pendant cette année a été un vrai bonheur et une belle chance pour moi.
Vous savez, tous et toutes, à quel point je vous ai apprécié… Mais il nous faut, Albert et moi, laisser la place à plus jeune : Léon. A son tour de profiter de vos légendaires sautes d’humeur, de votre présence et de votre humour caustique, mais surtout de votre amitié chaque jour renouvelée !
A Albert qui part en même temps que moi, j’aimerai dire que durant toute cette année passée à tes côtés, j’ai eu beaucoup de chance de bénéficier de tes conseils avisés, de ta sollicitude. Heureusement que nous allons ensemble, et que je vais continuer à en profiter.
Et à vous qui restez, j’aimerais dire qu’il faut savoir partager un peu aussi ! Alors le temps est venu pour moi de vous dire au revoir !
Il me faut m’en aller, vous quitter, vous dire au revoir avec tendresse et amitié…
Laisser derrière moi tous ces beaux moments avec vous partagés ! Je m’en vais avec cette richesse qui m’accompagnera pour la suite de ma vie personnelle…
Merci à tous et à toutes que je regrette déjà. 1000 mercis à chacune et chacun d’entre vous !
Je vous quitte avec émotion. Mais je prierai et penserai toujours à vous avec affection. Recevez mes sincères et plus beaux voeux d’amitié. Et sois-dit en passant, Poix de Picardie n’est qu’à quelques minutes de voiture. N’hésitez pas ne vous y arrêter si vous passez par là.
Ne changez rien ! Restez les mêmes !
Je vous embrasse tous très fort
écrit par le père Daleb Venceslas MPASSY
Homélie pour le 15e dimanche du temps ordinaire C (14 juillet 2019)
Frères et soeurs,
Le monde Biblique nous démontre que les sociétés juives de l'époque étaient fortement tribales. Il y avait beaucoup d'hostilité entre les Juifs de Juda et de Galilée contre les Samaritains qui se considéraient aussi juifs, mais dont le centre de culte était situé sur le mont Garizim plutôt que sur celui de Jérusalem. Les Juifs orthodoxes considéraient donc les Samaritains, non seulement comme hérétiques, mais aussi comme cérémonieusement impurs. Ce sont là des éléments qui peuvent nous aider à mieux comprendre la parabole du bon samaritain qui nous est donné de méditer aujourd’hui.
Etant donné que nous sommes tous plus à l'aise avec ceux qui nous sont chers et que nous aimons le plus, et peut-être moins qu’avec les autres avec qui nous n’avons rien en commun. Est-ce pour autant dire que nous sommes tous « tribaux » par instinct ou par habitude ? Avouons-le que nous sommes souvent entourés de personnes différentes de nous mais qui ont parfois besoin de notre aide. Malheureusement, nous faisons trop souvent de la discrimination, nous gardons une distance par peur d’être influencés ou encore d’être contaminés par ce qui nous paraît suspect. Que dire de celles et ceux qui sont marginalisés dans nos sociétés et dans notre Église : les couples qui ont vécu un échec dans leur mariage, les femmes qui ne jouissent pas de la pleine égalité avec les hommes ? Des familles qu’on laisse à l’écart parce que n'ayant pas la même situation que nous, ou n'étant pas de même couche sociale ? Des migrants en quête d'un mieux-être taxés de toute la misère du monde, et j'en passe.
Tous ces laissés pour compte, sont-ils vraiment nos soeurs et nos frères ? Sont-ils réellement nos prochains ? Et puis, il y a aussi autour de nous, beaucoup de personnes seules, malades, de personnes âgées qui souffrent de solitude. Il y a aussi tous ceux qui vivent en marge de la société à cause du chômage, ou de la délinquance. Les uns et les autres se sentent souvent comme ce blessé que tout le monde laisse de côté, au bord de la route. C’est dire que nous sommes tous invités ce jour, à lire la parabole en transposant simplement quelques noms de notre société pour l’actualiser.
En fait, cette parabole est une catéchèse sur l’accueil de l’autre, sur l’hospitalité, sur la dignité de tous les êtres humains et plus particulièrement des blessés de la vie. Constatons que l'amour du Samaritain pour son voisin s'est avéré coûteux. Il a mis de côté son honneur de samaritain pour voler au secours d’un Juif orthodoxe. Il a utilisé son propre animal pour porter le blessé de la route pendant que lui-même marchait, puis son propre argent pour payer les soins, sans oublier sa réputation et son crédit pour se porter garant de toute dépense supplémentaire que les soins de l'homme exigeraient. Ainsi, avec autant de mots, cette histoire montre clairement que notre prochain est celui qui en a le plus besoin. Peu importe qui il est. Il n’a pas d'identité sauf des blessures potentiellement mortelles. Chacun de nous est appelé à se retrouver dans cette parabole. Peut-être sommes-nous parfois la personne à moitié morte allongée au bord de la route, blessée par des souffrances physiques et/ou morales. Peut-être sommes-nous parfois aussi la personne indifférente ou celle qui fait comme le bon Samaritain.
Enfin, cette parabole est un appel de Jésus à imiter le Samaritain compatissant et, ce faisant, à imiter la compassion de Jésus lui-même. C’est un appel à sortir, à ne pas avoir peur de nous éloigner de nos coutumes et cultures, de nos temples et liturgies pour rencontrer Dieu. Notre priorité, c’est de ne pas laisser Dieu mourir sur le bord de nos routes.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 14e dimanche du temps ordinaire C (07 juillet 2019)
Frères et Soeurs,
Dans l’évangile, dimanche dernier, Jésus prenait la route de Jérusalem. Jacques et Jean reprochaient le manque d’accueil sur cette route. Aujourd'hui, nous voyons Jésus envoyer une partie de ses fidèles pour faire essentiellement ce que Jean-Baptiste a fait, c’est à dire préparer le chemin du Seigneur. Nous avons donc là un avant-goût du statut de disciple, du point de vue de Jésus.
Quand nous pensons aux disciples de Jésus, nous pensons aux douze apôtres, mais il y en avait pourtant plus. Le récit évangélique parle des soixante-douze que Jésus a envoyés. Et comme par hasard, le livre de la Genèse raconte aussi qu'après le déluge Noé quitta l'arche et mit pied sur la terre ferme. Puis, la terre compta soixante-douze nations issues de Noé. Les soixante-douze disciples signifient donc que leur mission a une portée universelle. Cette mission était la même que celle du ministère de Jésus : « Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : Le règne de Dieu s’est approché de vous. » Jésus les envoie deux par deux, sans provision pour le voyage. Pas de conversation avec ceux qu'ils rencontrent sur la route afin de gagner du temps. Plutôt que de préparer les disciples à l’intolérance contre les infidèles, Jésus les « déséquipe » de l'attirail de voyage requis. Ils dépendront de la providence et de l'hospitalité des étrangers.
Jésus explique la raison d'être de la mission : « La moisson est grande, mais les ouvriers sont peu nombreux » . Les disciples doivent demander (prier) au Seigneur (Dieu) de la moisson d'envoyer des ouvriers. Les paroles de Jésus parlent à toutes les générations de disciples chrétiens. C’est dire que des femmes et des hommes que nous pouvons qualifier de prophètes ont porté et portent encore une parole de liberté, de justice, de paix et d’amour au monde. Ainsi le prophète Isaïe, en 1ere lecture, au 6e siècle avant Jésus, au retour d’Exil, où tout n’est que désolation et destruction, annonce une ère de bonheur et de prospérité pour Jérusalem.
Jésus a averti les soixante-douze d'attendre de la résistance et du rejet, et c'est pareil aujourd'hui. Il leur ordonne de partir si une ville ne les accueille pas, avec un signe de jugement contre cet endroit. Secouer la poussière de leurs pieds est un acte symbolique approprié pour ceux qui n’ont pas agi avec hospitalité, car s’ils avaient été de véritables hôtes. En effet en ayant lavé les pieds de leurs invités, il n’y aurait pas de poussière à secouer. La moisson est abondante, c’est aussi vrai aujourd'hui qu'au temps de Jésus, même si la fréquentation du dimanche est en baisse, en particulier chez les jeunes. Si les gens n'acceptent pas votre message, dit-il, secouez la poussière et avancez. La mission des disciples nous concerne et les conseils que Jésus a donnés à ses disciples s’appliquent à nous aussi. Il importe de dire et redire le message de paix. Notre message sera efficace dans la mesure où nous vivrons comme des gens qui cherchent quotidiennement la paix, les valeurs d'accueil et de rencontre, le pardon et le partage. N’emportez ni argent, ni sac… et ne vous attardez pas en salutations sur la route. Ne vous procurez pas de l’or, ni de l’argent, dans votre ceinture. Paul précise que ce qui compte, ce n'est pas d'avoir des richesses, mais c'est plutôt l'émerveillement d'être une création nouvelle. L’engagement dans la mission n’est pas de tout repos, cela a été dit aussi la semaine dernière.
Ainsi, le royaume de Dieu se construit en nous-mêmes et dans le coeur de nos soeurs et de nos frères. À chaque moment de nos journées, attardons-nous à en découvrir les signes. Jésus est en route pour Jérusalem et il nous invite à marcher avec lui. Il nous a demandé d'aller prêcher l'Évangile à ceux qui nous entourent. Nous devons être audacieux et fidèles comme les disciples même si la route est difficile.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 13e dimanche du temps ordinaire C (30 juin 2019)
Frères et Soeurs,
Dans l’évangile, les projets de voyage de Jésus se heurtent à un obstacle immédiat lorsque les Samaritains le rejettent, précisément parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Il est courant de noter l'hostilité et la suspicion entre Juifs et Samaritains. Mais c'est le seul passage où les Samaritains sont dépeints de manière négative. Ce bref compte rendu montre clairement que le rejet ne se limite pas à Israël, ni à aucune autre nation. Accepter ou rejeter le message de l’Évangile est une affaire personnelle, une affaire qui va au-delà des traditions et des préjugés. Bientôt, c’est le bon Samaritain qui sera présenté par Jésus et cela corrigera la réponse de Jacques et Jean qui n'était probablement pas hors du commun, bien qu'ils méritent certainement la réprimande de Jésus pour leur zèle destructeur. Le texte ne nous dit pas ce qu'il a dit. Il est simplement noté que Jésus les réprimande et ils passent au village suivant. De nombreux récits évangéliques se terminent par une déclaration décisive de Jésus, une déclaration qui est la clef de l'événement en question. Ici, l'action de Jésus parle d'elle-même.
Les instructions aux futurs disciples semblent être dures et déraisonnables. Pas le temps d'organiser des funérailles, même pas pour un parent. Pas le temps de dire au revoir à la famille et aux amis. Celui qui regarde en arrière n'est pas digne du Royaume de Dieu. Ces paroles peuvent nous sembler inhabituelles. Qu'elles représentent ou non les propres paroles de Jésus, elles insistent sur les exigences d'être disciple. Comme il le fait souvent, il parle avec des hyperboles et des exagérations pour insister et pour faire passer son message. Jésus sait que ses disciples quitteront le confort de leur maison, lâcheront le montant de leur porte et avanceront dans des eaux inconnues après son départ. Leurs vies seront radicalement différentes de tout ce qu’ils avaient imaginé. Ils laisseront derrière eux ce qu'ils ont su et ce qu'ils ont fait et ils iront dans des directions totalement nouvelles. Ce n'est qu'après la Pentecôte, lorsque le Saint-Esprit les aura responsabilisés, qu'ils commenceront leur véritable travail de diffusion de l'Évangile. Pour nous aussi, suivre Jésus, répondre à son appel, ce n’est pas vivre dans la nostalgie du passé, c’est regarder en avant, c’est bâtir l’avenir. Cela implique qu’il faut relever de nouveaux défis et risquer l’avenir à partir de ce que nous sommes aujourd’hui.
Suivre Jésus nous entraîne dans de nouveaux modes de vie, mais il existe toujours des excuses légitimes pour différer l’annonce de l’Évangile. Un tel absolutisme ne passe pas bien dans notre société où nous sommes amenés à penser que nous pouvons tout avoir. Certains doivent faire des choix déchirants, mais la mission de Jésus qui consiste à faire venir le règne de Dieu est urgente. À une époque où les stratégies de marketing et de relations publiques déterminent souvent la manière dont un message est partagé, Luc rappelle qu’annoncer l’Évangile est un processus de conversion. Parfois, l'Évangile est provocant. Dieu est à l'oeuvre pour changer et ouvrir les coeurs. Il nous oblige à faire des choix. Suivre Jésus, c'est faire l'expérience de la vie et de la mort de la même manière que lui. Nous sommes appelés à emprunter des chemins incertains, mais nous y sommes accompagnés par l’Esprit et il nous guide vers notre destination finale.
Les propos de Jésus aujourd’hui ne sont pas un jugement, ils sont une invitation. C'est l'heure des décisions, et les décisions concernant notre mission ont des conséquences éternelles. Quelle que soit l'approche adoptée pour devenir disciple, l'exigence est la même : suivre Jésus doit être prioritaire. Il est ridicule de tenter de tracer une ligne droite tout en regardant en arrière. Le Royaume de Dieu est devant nous. Alors on avance !
écrit par le père Daleb
Homélie pour le dimanche du St Sacrement (23 juin 2019)
Chers jeunes,
Je m’adresse d’abord à vous qui faites en ce jour votre profession de Foi, anciennement appelée « communion solennelle », par laquelle le jeune fidèle renouvelle les engagements pris lors de son baptême. La profession de foi est donc centrée sur le baptême. Elle consiste principalement dans le renouvellement personnel des promesses du baptême avec l’aube et le cierge qui sont deux signes symboliques du baptême : le vêtement blanc et la lumière. Une profession de foi est la déclaration ouverte et publique de sa foi. Elle est donc individuelle, au contraire de la confession de foi. Car selon l’étymologie, les deux prépositions sont différentes : ‘co-’ qui signifie ‘avec’ comme dans coopération et ‘pro’ qui veut dire ‘devant’ comme dans proposition. Ainsi confesser la foi, c’est l’affirmer avec les autres chrétiens et professer la foi, c’est la proclamer devant la communauté. C’est pourquoi deux textes se sont imposés dans l'Église pour dire sa foi : Le Symbole des apôtres et le credo de Nicée-Constantinople.
Frères et Soeurs,
Nous célébrons ce jour la Fête du St Sacrement. Mais nous lisons le récit de la multiplication des pains et non celui de l’institution de l’Eucharistie. Quel lien peut-il avoir entre les deux ? Peut-être parce que Luc décrit les gestes de Jésus avec les mêmes mots de la liturgie eucharistique : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples ».
Cette multiplication des pains, comme d’ailleurs le pain et le vin, offrande du Roi Melchisédech pour Abraham, révèle déjà l’identité de Jésus qui consiste à nourrir et à rassembler, et non pas à disperser comme le proposeront les disciples afin que chacun règle son problème de logement et de nourriture : « Ils lui dirent : le jour baisse, renvoie cette foule dans les villages des environs, afin d’y loger et trouver des vivres ». Avec cette page d’évangile, la mission chrétienne a déjà commencée : les disciples partagent la mission de Jésus. Comme lui, ils annoncent le règne de Dieu en ayant souci de la foule. Comme lui, ils doivent savoir dresser la table, comme lui, ils doivent nouer le tablier.
Aussi, St Paul en écrivant aux Corinthiens, nous donne le plus ancien récit de la tradition du pain et du vin, partagés en mémoire de Jésus. En effet, les Corinthiens célébraient l'Eucharistie conjointement avec un repas commun et, malheureusement, à ce repas, les divisions sociales étaient bien visibles d'une manière qui compromettait l'Évangile. Car la compétition pour le statut et les privilèges régissait les relations sociales à Corinthe. Et Paul tente de les aider à comprendre et à pratiquer une religion dans laquelle l'amour est appelé à être plus fort que tout. Il va rappeler aux Corinthiens que l’Eucharistie sert à se souvenir de Jésus, à annoncer sa mort jusqu’à sa venue. C’est dire qu’ils devaient prendre part à l’Eucharistie d'une manière qui démontre leur unité plutôt que leurs divisions.
Mais reprenons cette phrase de Jésus : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Par ces mots, Jésus s’adresse à nous aujourd’hui devant les affamés du monde entier. Oui, certaines personnes meurent encore de faim dans le monde alors que d'autres sont trop nourries. Et pendant ce temps, que fait l'Eglise ? Est-ce possible qu’à côté de nos rites extravagants, comme jadis à la Fête-Dieu (Procession dans les villes), que les programmes de lutte contre la faim dans le monde soient aussi au coeur de la vie de notre Église ?
Le fait de tous venir à la table, sans distinction de classe sociale ou autre, est un acte révolutionnaire. L'Église est appelée à cette proclamation. C’est à ce juste titre que Dom Helder Camara (Prêtre Brésilien) disait : « Quand je donne à manger aux pauvres, ils disent que je suis un saint. Mais quand je demande pourquoi les pauvres sont pauvres, on dit que je suis un communiste ».
« Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Cela est un appel à l’action malgré les faibles moyens dont ils croient disposer. Ils n'ont que cinq pains et deux poissons. Les apôtres ont donné, non pas ce qu'ils ont, mais ce qu'ils ont reçu de Jésus. Et nous aussi, comme les apôtres, avons-nous des ressources que nous ignorons.
Peu à peu, nous comprenons que le pain que nous aurons à donner, ce n'est pas notre pain à nous, mais le pain de Jésus qui nourrit les foules affamées : affamées de sens, de présence, de pardon, d'amour, de considération et de tendresse. Ce qui veut dire qu’il y a deux manières indissociables de célébrer le mémorial de Jésus-Christ : non seulement partager l’Eucharistie mais aussi nous mettre au service des autres, très concrètement, multiplier les richesses du monde pour les partager à tous les hommes.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le dimanche de la Ste Trinité (16 juin 2019)
Frères et Soeurs,
Nous fêtons aujourd'hui la sainte Trinité : un seul Dieu en trois personnes. Dans le Nouveau Testament, le mot Trinité ne figure nulle part. Dans le Symbole de Nicée-Constantinople récité à la messe, il est dit de l'Esprit-Saint, qu’il procède du Père et du Fils. C’est bien compliqué tout ça, voilà pourquoi la Trinité demeure un mystère c’est-à-dire une vérité qui déconcerte la compréhension et ne peut pas être complétement expliquée ou cernée par l’Homme.
D’ailleurs, les juifs et les musulmans professent la foi dans un Dieu exclusivement unique. Pourquoi les chrétiens croient-ils alors dans la Trinité ? N'est-il pas déjà assez difficile de croire que Dieu existe ? Non, notre Dieu unique en trois personnes n’est pas plus lointain, ni plus étrange que celui qui est Un et auquel croient les juifs et les musulmans. Bien au contraire, il est proche puisqu’il est Père aimant, il est le plus semblable à nous puisqu’il est Fils devenu homme parmi nous, il est le plus intérieur puisqu’il est Esprit répandu dans nos coeurs. S’agissant du Fils qui procède du Père, puis de l'Esprit-Saint, qui procède du Père et du Fils, il suffit de comprendre que lorsque le père respire, son souffle c'est le fils. Et lorsque le père et le Fils respirent ensemble, leur souffle c'est le St Esprit-Esprit.
Ceci étant, il faut bien avouer cependant que toute formule que nous utilisons pour dire la Trinité est bien pauvre, car Dieu est toujours au-delà de nos mots, de nos images et de nos définitions. Permettez-moi de faire une révision du catéchisme par ces deux questions :
- Qui est Dieu ? C'est le créateur à l’origine du monde et de toutes choses.
- Que signifie l’unicité d’un unique Dieu en trois personnes ? Cela signifie des personnes qui sont égales, différentes mais de même nature.
C'est dire que Dieu est un Dieu en qui existent communication, relation, contact et amour. Voilà sans doute ce que signifie le mot Trinité : Dieu est un, mais il n'est pas solitude. Il est partage et don, échange et Dialogue entre le Père le Fils et le Saint-Esprit. Ils s’aiment tellement qu’ils ne font qu’un seul et même Dieu. De nombreuses images peuvent alors nous aider à cerner la Trinité : l’amour qui unit les membres d’une même famille, par exemple. Mais toutes ces images qu’on peut utiliser resteront imparfaites.
Du coup, la Trinité, c’est la manière spécifiquement chrétienne de parler de Dieu et de ce que signifie participer à la vie de Dieu par Jésus, dans l'Esprit. Deux mots peuvent décrire la Trinité c’est «Amour et Partage». Les trois personnes vivent dans l’amour de partager leur vérité et de partager tout ce qu’elles sont. Ainsi, le Père, le Fils et l'Esprit-Saint sont l'image et la réalisation de ce que notre monde devrait devenir : amour et partage. Au lieu de nous aimer et de partager équitablement les biens et les richesses destinés à tous, quelques-uns ont malheureusement voulu et veulent encore s'accaparer les biens du monde. Après plus de 2000 ans d’évangélisation, des pauvres et des injustices, il y en a encore dans le monde et nous en sommes tous un peu responsables. Les inégalités persistent parce que nous n’avons pas encore bien expérimenté que nous sommes tous « Un » en humanité. Le bonheur et le malheur sur terre dépendent en fait de la qualité de nos relations humaines. Racisme, antisémitisme, intolérance, sont contraire à l’amour et au partage que nous propose aujourd’hui la Ste Trinité.
Que l’unicité de différentes personnes en Dieu, nous interpelle que nos différences d’origine, de races, et de religions, ne sont pas un obstacle mais plutôt une richesse pour notre unité.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le dimanche de Pentecôte (09 juin 2019)
Frères et Soeurs,
L'Eglise célèbre aujourd'hui la fête de la Pentecôte. C’est le cinquantième jour après Pâques et, chez les Juifs, la Pentecôte était une fête d’Action de grâces, la fête de l'alliance avec Dieu et du don de la Loi à Moïse. Comme à Pâques, tous les juifs se rassemblaient à Jérusalem. Et pour nous, elle marque la naissance de l’Église par la réalisation de la promesse de Jésus : « vous allez recevoir, une force d'en haut : l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom .... » Nous commémorons donc la venue de l’Esprit Saint et la transformation d’une bande de disciples apeurés et repliés sur eux-mêmes en un groupe courageux et missionnaire. C’est le début de l’évangélisation. Pour nous parler de l’Esprit de vérité, saint Luc, l’auteur des Actes, emploie des images : le vent, l'eau, la colombe, le feu et le souffle de vie. Les disciples ont réalisé qu’ils devaient sortir du Temple et de leurs habitudes pour transmettre le souffle de vie, pour rassembler dans l’Amour tous les peuples et pour communiquer à tous et à toutes l’Amour universel. Tel est le rôle de l’Esprit. Cela se passe dans une maison ouverte et bientôt sur la place publique au milieu d’une foule cosmopolite.
Depuis cet événement si extraordinaire à l'origine de l'Église, et voyant tous ces scandales qui salissent l’image de l’Eglise aujourd’hui, on peut se demander : est-ce que l'Esprit s'est retiré ? Aurait-il abandonné l'Église à elle-même ? Manquerait-il de souffle ? Ou peut-être que c’est nous qui refusons d'être dans le vent de Dieu. L'Esprit est à l'oeuvre chez ceux et celles qui mettent leurs voiles au grand vent de Dieu. Il est à l'oeuvre, sans trop de bruit, dans la société et dans l'Église.
C’est dire qu’avec Jésus, c’est toute personne, de toute race, de toute langue, de toute culture qui est appelée à recevoir l’Esprit de Dieu et à en vivre. Comme les disciples à la Pentecôte, chacun de nous est aussi appelé à s’exprimer selon le don de l’Esprit. L'Esprit saint n'est-il pas souvent le grand oublié ? L'Esprit est toujours prêt à surgir pour guider son Eglise. Il l'a fait depuis plus de 2000 ans et continuera de le faire. Il le fera pour chacun de nous à condition que nous nous placions en état de réceptivité et comme les apôtres, il est essentiel de prier, il est essentiel d'appeler la venue de l'Esprit et de s’inspirer de son souffle. Tous nous sommes invités à entendre le souffle de Dieu, son esprit qui nous appelle à entrer dans son dynamisme.
Tous, nous avons fait un jour ou l’autre la dure expérience de perdre souffle dans une épreuve personnelle profonde. Quand l’angoisse nous étouffe, quand trop c’est trop. Trop de problèmes, trop d’inconnu pour l’avenir, trop d’impasses. Trop de murs. Trop de solitude. Comme les disciples, tout nous a paru verrouillé, pas d’issue aux problèmes, pas d’ouverture en moi-même. Seule la peur qui étouffe. Et voilà que Jésus nous donne de l’air, il répand son Souffle sur nous ses disciples. En effet, nos communautés chrétiennes sont vouées à la mort si nous ne donnons pas une place centrale à l'Esprit pour nous animer. Dans la mesure où nous nous laissons constamment obnubiler par nos soucis quotidiens, par l'avenir et les problématiques de notre Église et par tout le mal qui sévit dans le monde, quelle place laisserons-nous à la joie de la bonne nouvelle. Combien de fois étouffons-nous toute vitalité lorsque nous ne parvenons pas à pardonner, lorsque nous restons fixés sur les fautes des autres et sur tout ce qui ne va pas bien ? Avec pareille mentalité, nous ne pouvons pas insuffler la vie.
L'Esprit est à l'oeuvre partout. À nous de repérer sa présence à travers les signes les plus simples de notre vie.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 7e dimanche de Pâques C (2 juin 2019)
Frères et Soeurs,
Dans l’évangile que nous venons d’écouter, Jésus n'exhorte pas, n'enseigne pas, ni ne rallie les troupes. Mais il est en train de prier. Tout au long de son ministère, il a fait connaître celui qu'il connaît si bien, maintenant il prie. Et sa prière n'est pas seulement pour les douze ; elle s'adresse également à tous ceux qui croiront, c'est-à-dire au public entier de l'Évangile de Jean. Donc, Jésus prie pour nous tous. Il nous inclut en tant qu'auditeur aimé par Dieu.
Le fil conducteur de sa prière c’est que tous soient un. Il y avait clairement des divisions au sein de la communauté des disciples de Jésus au premier siècle. Comme en témoigne le livre des Actes (chap15) relatif à la controverse sur l'acceptation des païens dans l'Église. Le souci de Jésus c’est de rassembler ses disciples. Car être un disciple de Jésus, c'est faire partie d'une Famille. Il ne doit pas y avoir de chrétiens solitaires : « Un chrétien qui s’isole, est un chrétien qui s’étiole ». La prière de Jésus est qu'ils puissent tous être Un comme il est Un avec le Père. Le but de cette unité est que le monde puisse croire que Dieu a envoyé Jésus.
C’est dire que la prière de Jésus aborde un problème important au 1er siècle ainsi qu'au 21e siècle : l’unité. C’est une prière qui regarde vers l'avenir. Comme pour les disciples, il est également crucial pour nous aujourd'hui de revenir à cette prière, car elle décrit l’espoir, la vision et l’image de ce à quoi nous devons ressembler ainsi que la façon dont nous devons vivre. La prière de Jésus nous rappelle que notre unité doit être un signe de l'amour de Dieu. Nous sommes un en Jésus, si nous devenons une partie de Jésus, c'est à dire une partie de la communauté.
L’Église doit être l’instrument de Dieu par lequel la vie humaine dans tous les domaines et à tous les niveaux est pénétrée par l’Évangile, afin que tous puissent voir que Dieu est en Jésus. Dieu veut faire en sorte que tous les chrétiens partagent la même vie dans une grande famille et qu’ils créent ainsi le monde, un monde sans violence. «Je vous donne un commandement nouveau, aimez-vous les uns les autres». Cet amour dont nous devons témoigner est quelque chose qui nous est donné. Il est en nous, car Dieu est en nous, mais cela requiert notre consentement : « Dieu nous a créés sans nous, mais ne nous sauve pas sans nous ». Dieu est prêt à aimer les autres à travers nous chaque fois que nous sommes prêts à nous laisser être le canal de cet amour.
Comme Jésus fut envoyé, maintenant, il nous envoie pour que le monde vive et soit heureux sur les chemins du Royaume. Faisons route ensemble.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le Jeudi de l'Ascension C (30 Mai 2019)
Frères et Soeurs,
Dans notre vie, nous sommes souvent appelés à faire plusieurs adieux, aux collègues de travail qui partent, aux amis quand nous nous déplaçons dans une nouvelle région, aux êtres chers malade et en phase terminale, à un prêtre qui doit nous quitter alors qu’on venait à peine de le connaître, etc. Et les adieux sont presque toujours douloureux. Nous avons tous du mal à dire ce que nous devons dire parfois. Mais quand nous réalisons que nous ne devons pas tergiverser, puisque le temps presse, alors à ce moment-là nous ouvrons la bouche pour dire ce qui est important. Jésus était sans doute dans cette situation. Juste avant que son corps physique soit sur le point de quitter ses disciples, il doit faire en sorte que ses derniers mots comptent.
Une des choses qui nous frappe à propos de cet au revoir de Jésus, c’est que ce n’est pas un événement malheureux pour tous ceux qui l’ont vécu. D’ailleurs que font les disciples une fois que Jésus a fait ses adieux et qu’il est parti ? Ils retournent au temple avec joie pour louer Dieu. Pour eux, c'est donc un moment heureux. Le Jésus qu’ils connaissaient, qui avait mangé avec eux et leur avait enseigné Dieu, était maintenant au ciel et leur vision du monde avait changé. C’était la raison pour laquelle ils étaient si heureux. C'étaient les mêmes disciples pourtant qui s’étaient cachés il y a peu de temps, durant la passion, craignant les représailles. Même quand ils avaient entendu la nouvelle de la résurrection de Jésus, ils s’étaient toujours sentis effrayés et inquiets s’enfermant au Cénacle. Mais voilà qu’à l’Ascension ils n'avaient plus besoin de s'inquiéter ; ils étaient heureux. Ce passage de l'évangile décrit l'expérience de la foi qui accompagne et transforme les vies.
Dans la manière biblique de penser et de parler, être assis à la droite d'un grand roi signifie exercer l'autorité royale. C'est ce que Jésus fait maintenant, assis à la droite du Père. Il est à la fois vrai Dieu et vrai homme. Il connaît nos faiblesses et intercède pour nous.
Notons qu’en donnant les dernières instructions à ses disciples, ceux-ci ne comprenaient toujours pas toutes les implications de sa mission. Ils lui demandent encore en pensant à la politique : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? ». Et encore une fois, Jésus leur rappelle quelle est sa mission. Leur confusion est compréhensible, car nous savons tous qu’il est difficile d’abandonner nos vieux rêves. Il y a des moments où nous pouvons nous sentir incapables de prier, révoltés du silence de Dieu dans notre vie, ou inquiets de ce que nous avons fait. C’est à ces moments précis que le Christ nous invite à quitter la chambre fermée de notre anxiété et sortir au monde. Et c’est à ces moment-là que Jésus est proche, non pas comme notre accusateur, mais comme celui qui nous aime et nous comprend, celui qui nous rassure. Il est à nos côtés, il a l'oreille du Père et il peut aider. C’est dire que l'esprit de l'Ascension est un esprit d'initiative et de confiance qui nous libère de notre enfermement. Apprenons des apôtres à faire de nos obstacles, des événements de notre transformation.
Jésus ne demande pas de changer spontanément le monde, ou de rester là, passif, à contempler le ciel. Il nous demande simplement d’être des témoins de l'Évangile dans notre monde, de le contaminer d’Amour. C’est tout le sens du « Ite Missa est » (Allez dans la paix du Christ) à comprendre non pas comme « allez chez vous, vous enfermer », mais plutôt comme « Allez dans le monde, témoigner de l’Amour ». Jésus n'est peut-être plus physiquement avec nous, mais l'Esprit est venu sur nous pour que nous puissions aller de l'avant. Témoigner, voilà notre mission.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 6e dimanche de Pâques C (26 Mai 2019)
Frères et Soeurs,
Il arrive parfois que la religion étouffe la foi et l’empêche de s’exprimer, tel dans le récit de la 1ère lecture. En effet, le livre des Actes des Apôtres nous fait état d’une controverse qui a surgi dès le commencement, au moment de l’Église naissante : devait-on, oui ou non, imposer aux païens convertis à la foi chrétienne, les obligations légales et rituelles du judaïsme ? Paul y était hostile, alors que certains missionnaires judéo-chrétiens voulaient imposer la circoncision à tous. On voit là que la religion devenait déjà un obstacle à la foi chrétienne. Et cette controverse va occasionner le 1er concile de l’Eglise à Jérusalem. Notons en passant que l’Eglise compte de nos jours 21 conciles excepté celui de Jérusalem.
C’est dire que l'Église a connu des tensions entre les partisans de la rigueur ou tradition et ceux qui voulaient s'ouvrir à la diversité et notamment aux nouveaux convertis qui n'étaient pas issus du Judaïsme. L’évangile nous rappelle à cet effet, qu’il nous faut sans cesse revenir au commandement d’amour. Et que toute décision en vue du bien doit être prise selon ce commandement. Nous devons donc nous poser la question de savoir : l'autre, est-ce que je l'aime ? Car c'est dans le coeur qui aime, qui est ouvert à la différence de l'autre, à ce qu'il est, à ce qu'il vit, à ce qu'il a reçu que le Dieu de Jésus peut élire domicile. Aimer, c'est aussi Aider à grandir et si nécessaire à évoluer. La seule règle qu’on peut exiger à celui qui est différent de nous, c’est d’aimer… Rien d’autre !
Quand Jean écrit ses livres, cela faisait longtemps que Jésus était mort. C’est dans un contexte où les groupes chrétiens s’étaient fait exclure de la Synagogue : on leur reprochait non pas d'avoir reconnu Jésus comme messie, mais d'en avoir fait presque l'égal de Dieu. Et voilà qu’ls vivent dans un sentiment d'abandon. Et cela les pousse à réfléchir, à méditer, à discuter : Et si on s'était trompé en le suivant ? Si tout cela n'avait pas de sens ? S’il ne fallait pas revenir aux anciennes règles ?
Raison pour laquelle, dans le livre de l'Apocalypse, Jean s'efforce de rassurer les communautés chrétiennes : Arrêtez de vous remettre en question, tôt ou tard, apparaîtra le monde nouveau. Dieu lui-même sera lumière et vie au coeur de toute personne. À côté de cet avenir plein de bonheur, de paix et de joie, les épreuves du temps présent perdent leur importance. Ainsi, Jean dans son Évangile fait parler Jésus : Garder sa Parole, c'est vivre, c'est agir pour que l'amour dont parle Jésus devienne réalité concrète dans nos vies. La Parole de Dieu est sans cesse proposition neuve dans nos vies. Elle est appel à la liberté intérieure, à la liberté personnelle et communautaire. Il faut changer, se convertir, risquer l’avenir si nous voulons demeurer fidèles à Jésus ressuscité.
Ne soyons donc pas bouleversés et effrayés. Certes nous pouvons être atteints dans nos biens matériels, dans nos projets, dans notre corps ou dans notre réputation. Nos relations humaines peuvent être perturbées par l’incompréhension, les désaccords ou l’agressivité d’autrui. Nous pouvons être atteints dans notre liberté lorsque nous sommes ficelés intérieurement, bloqués sur nous-mêmes ou vis-à-vis des autres. N’est-ce pas la réalité concrète de chacune de nos existences qui, jour après jour, est confrontée à l’une ou l’autre de ces difficultés ? Mais au milieu de ces difficultés, nous sommes appelés à vivre dans la paix, dans la sérénité et dans la joie. Au lieu de nous révolter, de nous crisper, de nous refermer sur nous-mêmes et d’en vouloir à Dieu, aux autres et à nous-mêmes, il nous est demandé d’être disponibles pour aimer davantage.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 5e dimanche de Pâques C (19 Mai 2019)
Frères et Soeurs,
L’évangile nous relate aujourd’hui le récit de Jean concernant le dernier repas de Jésus avec ses disciples. Judas part livrer Jésus. C'est à ce moment sombre que notre texte commence. Nous savons ce qui va arriver et nous savons où va Judas. Nous nous demandons ce que Jésus va dire ou faire ensuite ; il se concentre sur sa mission et prépare ses disciples à l'avenir. Il parle d'être glorifié et de glorifier Dieu, ce qui fait référence à son élévation sur une croix. Puis il dit à ses disciples avec des mots tendres («petits enfants») qu'il ne sera plus avec eux qu'un peu plus longtemps et qu'ils ne peuvent pas venir où il va.
Oui, Jésus sait aussi que Pierre, l'un de ses plus proches compagnons, le reniera. Pourtant, les paroles adressées à ses disciples ne visent pas à blâmer leurs échecs passés et futurs, mais plutôt à les préparer à l'avenir. Il leur promet que, même s'il ne sera plus physiquement présent avec eux, ils ne seront pas abandonnés. Et, dans les chapitres à venir, Jésus parlera du Paraclet qui leur donnera des conseils et les réconfortera. La nécessité pour lui est que ses disciples vivent en communauté, s'aiment les uns les autres comme il les a aimés. C’est son nouveau commandement et sans doute l'une de ses déclarations les plus célèbres.
Mais est-ce vraiment nouveau ? Car même les gens qui rejettent toute religion connaissent ce commandement ou des principes similaires. S'aimer les uns les autres faisait partie de la tradition juive, il est présent dans le monde gréco-romain qui l'entoure et se retrouve également dans d'autres traditions religieuses. Mais, nous devons faire attention à la façon dont nous utilisons ce mot «amour». Il a un si large éventail de significations. Dans le livre du Deutéronome (6 : 5), il avait été commandé : «Aime le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de tout ton esprit et de toute ta force» . Alors, pourquoi Jésus a-t-il appelé cela un nouveau commandement ? La réponse se trouve dans la phrase qui suit sa déclaration : «Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres». C'est le nouvel angle sur l'amour.
Nous devons aimer comme Jésus nous a aimés. Qu'est-ce que cela signifie pour nous d'aimer comme il nous a aimés ? Aimer ceux avec qui nous sommes d’accord est la partie la plus facile. Aimer les gens avec qui nous sommes en contact est une proposition abordable. Aimer le reste des gens, ceux qui nous haïssent ou nous ont fait du mal est beaucoup plus difficile, et c’est là la nouveauté du Christianisme. La réalité est qu’il est plus facile d'aimer ceux qui sont plus aimants et aimables. Nous, disciples de Jésus, avons trop souvent échoué dans notre amour des uns pour les autres, ainsi que dans notre amour pour les personnes extérieures à notre communauté. Car nos intérêts personnels l'emportent souvent sur le bien commun. Et pourtant, Jésus démontre son amour pour les disciples qui échoueront lamentablement. Jésus lave les pieds et nourrit Judas qui le trahira, Pierre qui le reniera et tous les autres qui se sauveront à l'heure de sa plus grande détresse. L'amour que Jésus manifeste ne repose certainement pas sur le mérite des destinataires, et Jésus nous ordonne aujourd’hui d'aimer les autres de la même manière.
Alors, que pouvons-nous donner de nous-mêmes pour mieux aimer ? Notre société est en train de devenir une société qui porte trop souvent des jugements tristes et agressifs, une société où nous craignons immédiatement le pire de tout le monde, où nous jugeons vite, où nous accusons de paresseux ceux qui reçoivent des prestations. Une société où nous accusons les immigrants et les réfugiés de prendre nos emplois et nos maisons. C’est dire que nous sommes appelés à un mode de vie différent. Nous sommes appelés à la démonstration d'un amour inconditionnel envers tous ceux que nous rencontrons, surtout les plus faibles et les plus vulnérables, à l’exemple de cette infirmière en soins palliatifs s'occupant du patient mourant. Du parent réconfortant son enfant malade au milieu de la nuit. Du personnel de la banque alimentaire à l'écoute d'un client et à la satisfaction de ses besoins. Des parents qui sacrifient leurs propres rêves pour le bien de leurs enfants. Oui, Jésus n'a pas simplement parlé de l'amour de Dieu. Mais il nous l’a communiqué par ses actions. C'est la façon dont il s'attend à ce que nous le suivions.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 4e dimanche de Pâques C (12 Mai 2019)
Frères et Soeurs,
Dans l'évangile de Jean, nous entendons des paroles de Jésus qui disent qu’il se soucie de nous, qu’il s'intéresse à ce qui se passe dans notre vie, et qu’il nous encourage. Oui, Jésus nous parle de la relation très personnelle et intime qu'il a avec nous.
Il s’identifie au bon berger. Le berger n'est pas décrit comme un gardien qui oblige à faire ceci ou cela et à ne pas dépasser telle clôture. Mais le berger marche plutôt devant ses moutons et ils le suivent. Ce qui fait marcher ensemble, c'est la connaissance mutuelle et l'écoute de la voix. Autrement dit, Jésus nous montre le chemin et nous invite à le suivre en toute liberté. C'est dire que, Jésus le bon berger entre avec nous dans une relation personnelle. Jésus décrit sa relation avec nous en utilisant la proximité et l'intimité qu'il partage avec le Père qui est aux cieux comme exemple de la manière personnelle avec laquelle il nous connaît. Cependant, nous ne pouvons connaître qu’imparfaitement les relations étroites du Père, du Fils et du Saint-Esprit, car notre connaissance de la Trinité est très incomplète.
C’est pourquoi Jésus utilise également la description des relations entre un berger et ses brebis. C'est quelque chose qui vient de la vie quotidienne et, à l'époque de Jésus, tout le monde connaissait les bergers et les moutons. Parler de bergers qui connaissent chaque mouton individuellement, même en les appelant par leur nom, nous est moins familier aujourd'hui. Cependant, à l'époque, un berger n'avait pas des milliers de moutons à surveiller. Il avait un petit troupeau et il connaissait chaque mouton individuellement. L'une des images les plus significatives de l'art chrétien dépeint Jésus comme un berger. Les artistes ont repris ce thème et ont représenté Jésus tenant un agneau ou portant un agneau sur ses épaules ou surveillant des moutons. Jésus est donc celui qui se soucie, qui sauve les perdus, qui s'intéresse individuellement à chacun de ses moutons. Il fournit à ses moutons tout ce dont ils ont besoin. Il est celui dont le bâton protège les moutons si un danger devait se présenter.
Tout cela crée une image mentale de quelqu'un qui a un amour intense pour notre bien-être total à chaque tournant de notre vie. C’est une image de ce que Jésus ressent à propos de chacun de nous. Mais il ne fait aucun doute qu'il y a des moments où il semble que Jésus se trouve à des millions de kilomètres de nous. Lorsque nous avons prié pour avoir de l'aide en période de maladie, mais la douleur est plus intense que jamais. Nous lui avons demandé de nous guider dans des décisions difficiles, mais nous avons commis une erreur après l'autre. Nous avons voulu qu'il veille sur nos proches, mais ils ont tout de même été pris dans le pétrin et les accidents. Nous pouvons avoir le sentiment de perdre notre foi en Jésus. Comme s’il était absent.
Mais Jésus sait ce qui nous passe par la tête et à quel point nous sommes inquiets. Même si nous sommes presque épuisés, nous sommes assurés d'être dans les bras du berger éternel qui, avec amour, nous soutient et nous fortifie dans nos moments les plus faibles et les plus douloureux. Comme l'agneau qui est souvent représenté dans les bras de Jésus, nous pouvons être en paix et nous sentir en sécurité dans les bras de notre berger aimant.
Nous sommes ainsi mis au défi de partager sa préoccupation pour tous ceux qui sont en difficulté, pour ceux qui souffrent d'injustice, pour les malades et pour les pauvres. Il ne suffit pas seulement que nous leur disions d’avoir confiance. Nous devons manifester notre amour de manière très pratique, comme l'a fait Jésus. Cela peut nous coûter du temps, des efforts et de l'argent, mais l'amour exige que cela soit fait. Nous devons être des bergers les uns des autres. Nous, chrétiens, devons proclamer collectivement l'espoir de la vie éternelle au milieu du chagrin et de la mort.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 3e dimanche de Pâques C (05 Mai 2019)
Frères et soeurs,
Les textes bibliques de ce dimanche révèlent la présence de Dieu dans nos vies quotidiennes. Oui, la présence de Jésus, parfois tout à fait inattendue, se manifeste à nous aussi. Mais il faut parfois plusieurs rencontres pour le reconnaître. Comme nos coeurs peuvent être lents à le reconnaître, et pourtant il est toujours là.
Dans cette troisième apparition du ressuscité, Jésus revient une fois de plus aux disciples, ou du moins aux sept personnes mentionnées dans le récit. Simon-Pierre annonce aux disciples rassemblés : «Je m’en vais à la pêche.» Pendant qu'il part, les autres vont le rejoindre dans la mer de Galilée. Connaissant l'eau et les courants, ils ont pêché toute la nuit mais sans rien prendre. À l'aube, découragés, ils ont vu un étranger sur le rivage, mais ne l'ont pas reconnu comme étant Jésus. Cet inconnu les a appelés avec un terme de tendresse, les enfants. Puis il leur a dit qu'il fallait jeter le filet ailleurs. Ils l'ont fait et ils ont attrapé une énorme charge de poisson. Incroyable récit de la deuxième pêche miraculeuse.
La signification symbolique c’est que l’Église doit être oecuménique (universelle), inclusive et diverse. Ce qui surprend, c’est que les disciples ne savaient pas qui était cet homme, mais à son invitation, ils sont quand même repartis en mer. Peut-être parce qu'il faisait sombre que les pêcheurs n'ont pas reconnu Jésus. Mais les yeux du disciple que Jésus aimait étaient perçants, car à la vue du signe, il a vite su que c'était Jésus et quand Simon-Pierre le réalisa à son tour, il sauta dans l'eau. Il devait être ceinturé juste d'un pagne comme le pêcheur l'était toujours à cette époque lorsqu'il exerçait son métier. Or, la loi juive stipulait que saluer était un acte religieux et que pour accomplir un acte religieux, un homme devait être vêtu ; alors, avant de partir à la rencontre de Jésus, il revêtit sa tunique de pêcheur, car il souhaitait être le premier à saluer Jésus.
Les évangiles insistent sur le fait que Jésus ressuscité n'était pas une vision ou une hallucination, pas même un esprit, mais plutôt une personne réelle. Ils insistent sur le fait que le tombeau était vide et que Jésus ressuscité avait un corps réel qui portait encore les marques des clous et de la lance enfoncée à ses côtés. En plus, une vision ou un esprit ne ferait probablement pas apparaître un banc de poissons à un groupe de pêcheurs. Une vision ou un esprit ne serait pas de nature à allumer un feu de braises au bord de la mer. Une vision ou un esprit ne serait pas susceptible de préparer un repas et de le partager.
Dans la scène finale de ce texte, nous entendons l’échange dramatique entre Jésus et Simon-Pierre. Trois fois, Jésus lui demande m'aimes-tu ? Le grec a trois mots pour l'amour (éros, philos et agapè). Éros est placé en bas comme un amour égoïste et qui se soucie peu du bien-être de l’autre. Philos est meilleur qu’éros, mais toujours de second ordre, consistant simplement en un amour entre amis, qui peut être profond, significatif et dirigé par d'autres, mais qui ne peut se comparer à agapè. Jésus veut amener Simon-Pierre à l’agapè avec ses questions. Ce genre d’amour, est l'amour en tant que courage, l'amour en tant que risque, l'amour en tant que non-hésitant, indépendamment de ce que nous sommes appelés à faire. Nous comprenons aisément pourquoi Simon-Pierre est affligé. La dernière fois qu’il s’est tenu près d’un feu de braises, il a lamentablement échoué trois fois. Jésus l’a confronté à la blessure morale du passé et il le conduit dans un nouvel avenir.
Le centre de gravité de ce texte apparaît dans le commandement de Jésus : «Suis-moi». Nous devons noter ce que l'amour a apporté à Simon-Pierre. Il a donné sa vie pour garder les brebis et les agneaux de Dieu. L'amour est le plus grand privilège du monde, mais il entraîne la plus grande responsabilité. Cela lui a aussi apporté une croix. L'amour implique toujours des responsabilités et implique toujours des sacrifices. La Foi ne rime ni avec facilité, ni avec fanatisme. Il s'agit, tout au contraire, d'un lent processus de transformation et de libération. Ce n'est plus un Simon-Pierre hésitant ou craintif, mais un véritable témoin en action.
L'expérience de la résurrection se transforme très vite, pour les Apôtres, en appel à la mission. Ce qu'ils ont vu, ce qu'ils ont entendu, ils doivent en témoigner. Les lectures des Actes des Apôtres ou de l'Apocalypse insistent bien sur cette réalité.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 2e dimanche de Pâques C (28 Avril 2019)
Frères et soeurs,
Après la terrible réalité de la crucifixion, de la mise au tombeau de Jésus, du tombeau vide, et des soupçons d’un cadavre volé, ce dimanche a donc son lot de questionnements étranges et inquiétants. Oui, nous sommes sans ignorer que tôt ce matin-là, Marie-Madeleine était venue, dire aux disciples que le corps de Jésus avait disparu. Pierre et « l'autre disciple » s'étaient rendus au tombeau et avaient vu par eux-mêmes que c'était vrai. Ils avaient vu les draps utilisés pour l’ensevelissement mais sans cadavre.
Imaginez le climat qui devrait régner auprès des disciples dans leur maison. Et c’est finalement «Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où ils se trouvaient étaient verrouillées par crainte des Juifs, que Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.»
Voici les sentiments que je me permets de noter chez les disciples : La peur, le doute, la douleur et la confusion avant que la compréhension et la joie ne s’installent. Ils ont peur des dirigeants responsables du complot contre Jésus. Ils ont probablement peur pour leur propre vie aussi et craignent pour leur avenir. C’est pourquoi ils se verrouillent. Jésus, cependant, ne sera pas arrêté par des portes verrouillées. Celui qui est lui-même la porte des brebis franchit ces portes cadenassées et apparaît au milieu du troupeau apeuré. Et Jésus s'identifie en montrant ses mains et son côté, seule preuve que c’est vraiment lui.
Ce soir-là, les disciples sont envoyés pour continuer la mission de Jésus qui consiste à révéler Dieu au monde. Mais ils ne seront pas laissés à eux-mêmes dans cette tâche. Jésus leur laisse un autre avocat (un paraclet, celui qui est appelé à côté de quelqu'un) qui serait avec eux pour toujours. C’est tout le sens du souffle de l’Esprit-saint sur eux : « Recevez l’Esprit Saint » . Être envoyé c’est faire connaître l'amour de Dieu que Jésus a lui-même fait connaître. Les enjeux de cette mission sont vraiment très importants.
Pour une raison quelconque, Thomas était absent et a manqué cette première rencontre, mais on ne nous dit pas pourquoi. Ce n’est que huit jours plus tard, que Thomas répond par une déclaration de confiance et de relation : « Mon Seigneur et mon Dieu !» . Il est important de réaliser que ce récit traite des réponses variées à la réalité de la résurrection. En fin de compte, le tombeau vide n’a pas suffi pour faire accepter ce fait de la résurrection. Il a fallu, en plus, les apparitions. Comme Thomas, notre foi en la résurrection repose sur les témoignages des premiers témoins et qui croient sans avoir vu, mais à qui il appartient de manifester à ce monde la puissance de la résurrection. C’est dire que, notre témoignage doit être assez crédible et convaincant pour que les autres adhèrent. C’est toute une mission et une grosse responsabilité qui sont confiées aujourd’hui à tous les chrétiens que nous sommes.
Cet évangile nous dévoile que l'inquiétude et la peur dans nos vies trahissent notre propre incrédulité ? La chose naturelle que nous faisons lorsque nous nous sentons anxieux ou menacés est que nous nous verrouillons sur nous-mêmes, nous nous concentrons sur notre propre sécurité plutôt que sur la mission risquée à laquelle nous sommes appelés. Sommes-nous des chrétiens verrouillés ? Répondons-nous avec autant de conviction que Thomas à la mission ? Sommes-nous des témoins audacieux qui se savent envoyés par Jésus ?
écrit par le père Daleb
Homélie Dimanche de Pâques (21 Avril 2019)
Frères et soeurs,
Contrairement aux évangiles dits synoptiques, où Pâques commencent à l'aube, le récit de Jean que nous venons de lire commence dans l'obscurité, c’est à dire en l'absence de lumière. Ce n’est pas un détail anodin. La Lumière du monde étant le christ, en son absence il est donc évident que ce soit les ténèbres. En effet, Jésus est mort crucifié et mis au tombeau. Et nous observons Marie, Pierre et un disciple non nommé découvrir que la tombe de Jésus est maintenant vide. C’est le signe visible que Jésus a vaincu la mort et qu'une nouvelle création a déjà commencé, et nous en sommes tous témoins.
Que venait chercher Marie-Madeleine au tombeau ? Elle venait pour embaumer le cadavre comme l’indiquait la coutume. Reste à savoir si elle pouvait rouler la pierre et entrer dans la tombe. Quand elle découvre que la pierre a été enlevée, elle saute aux conclusions : quelqu'un est entré et a volé le corps du Christ. Elle court pour dire à Pierre ce qu'elle croit être arrivé.
Pierre et un autre disciple courent au tombeau. Le disciple non nommé, plus jeune, arrive le premier. Mais il attend que Pierre, désigné comme responsable par Jésus, arrive. Ce disciple permet donc à Pierre d'être le premier à entrer. À l'intérieur, Pierre découvre que la tombe est en effet vide. Et à la différence de l’épisode de Lazare sorti du tombeau enveloppé, ici les draps sont toujours dans le tombeau. Ce sont des détails très intrigants. Jean même décrit l'emplacement des enveloppes, mais note également que le tissu qui avait recouvert la tête de Jésus a été roulé et placé dans une autre partie de la tombe. Et le texte ajoute que l’autre disciple a vu et a cru. C’est dire que les apôtres commencent à comprendre peu à peu, le vrai sens de l'Écriture après la résurrection.
Mais, ce n’est pas évident pour tout le monde. La tombe vide et les autres faits décrits dans ce texte, suffisent-ils vraiment pour croire à la résurrection ? Non, il faudra bien d’autres signes. Car il n'y a eu aucun témoin oculaire à la résurrection, seulement des disciples qui n'ont trouvé que le tombeau vide. Comment ne pas penser à un vol de cadavre comme Marie-Madeleine. C’est pourquoi, Jésus pensera à se faire voir par des apparitions pour rendre crédible sa résurrection. Oui, et des signes de résurrection, il y en a des milliers chaque jour dans notre vie, ou dans la vie de ceux que nous rencontrons. Faut-il toujours des preuves, où est-ce que l'évidence suffit. Jésus nous pose cette question en ce matin de Pâques. Si nous croyons que Jésus est ressuscité, qu’attendons-nous pour nous aimer ? Qu’attendons-nous pour le crier autour de nous ? Acceptons-nous de laisser le message de l’Évangile envahir notre vie ?
écrit par le père Daleb
Homélie du Vendredi-Saint (19 Avril 2019)
Frères et soeurs,
Nous contemplons ce soir la Croix du Christ, et nous y découvrons le message le plus profond de l’Évangile, ce qui va donner sens à notre vie d’homme et de chrétien : Par cette croix, le Christ a pris sur lui notre souffrance.
Cette souffrance injuste de tant d’hommes aujourd’hui sur terre qui nous est insupportable, ce cri des hommes et des femmes opprimés politiquement, ce cri des hommes et des femmes massacrés, le cri des hommes et des femmes accablés par des conditions économiques ou sociales injustes, le cri des hommes et des femmes discriminés, rejetés, haïs pour toutes les fausses bonnes raisons que nous sommes capables d’inventer.
Oui, ce cri monte jusqu’à Dieu, et nous ne pouvons pas penser que sa réponse culmine dans le spectacle du Juste par excellence pendu au bois de la croix !
Mais le message de la Croix va plus loin encore : la Croix nous parle de rédemption, et de libération du péché. La souffrance de Jésus sur la Croix a donc un tout autre sens. Elle nous apprend à oeuvrer pour la vérité et la justice. D’où cette parole du Christ devant Pilate : « Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité . Quiconque est de la vérité écoute ma voix. »
En prononçant ces mots, Jésus ne peut plus rien faire : il est devant Pilate, qui lui-même ne peut rien pour lui, face aux accusations mensongères des chefs religieux juifs contre lui. Il ne peut plus que témoigner : et il le fait jusqu’au bout, jusqu’à sa mort.
Nous sommes renvoyés ainsi, à ce qui a commencé et que nous avons déjà célébré hier soir, lors de la célébration de la Cène du Seigneur et du lavement des pieds. Et qui se poursuivra plus tard sur la Croix : j’ai nommé la grâce de pouvoir communier et nous associer à son témoignage. Par la vénération de la Croix, demandons la grâce de rester fidèle jusqu’au bout.
écrit par le père Daleb
Homélie du Jeudi-Saint (18 Avril 2019)
Frères et soeurs,
aujourd’hui nous célébrons la Cène du Seigneur, c’est-à-dire le repas au cours duquel Jésus institue l’eucharistie et fait de ses apôtres les ministres de ce sacrement. Cependant, il est curieux de constater que l’évangile de Jean rapporte un épisode étonnant qui n’a rien à avoir avec la Cène : Jésus qui lave les pieds de ses disciples. Ce récit est surprenant, car s’ils sont fidèles à la Tradition, les Apôtres ont dû prendre un bain avant ce repas et ont en plus fait les ablutions rituelles comme c’était la coutume de l’époque. De plus, ce geste est un geste réservé aux esclaves à l’endroit des convives du maître des lieux. Alors, comment Jésus qui est pour eux le Messie (maestro/maitre) peut-il poser un tel geste ?
C’est d’ailleurs la réaction de Pierre : « Toi Seigneur, tu veux me laver les pieds ? » Pierre ne comprend pas encore, comme beaucoup parmi nous, et refuse pensant que Jésus ne peut pas s’abaisser à un tel niveau. Pierre, ne l’oublions pas, est celui qui a un jour répondu à Jésus : « Tu es le Christ, le Messie de Dieu » (Mathieu 16, 16). Il n’est donc pas pensable pour lui de voir Jésus à ses pieds «Non, tu ne me laveras pas les pieds, non jamais». De fait, il ne se laissera faire que lorsque la Parole de Jésus lui ouvre le coeur : « si je ne te lave pas les pieds tu n’auras pas part avec moi » .
Notons que, si pour les esclaves, c’était juste une affaire de propreté rituelle ; avec Jésus nous sommes pleinement dans la signification de ce geste : l’abaissement de se faire serviteur jusqu’au bout. En lavant les pieds de ses apôtres, il les sanctifie, les rend intérieurement purs. C’est ce qu’il demande d’ailleurs à son Père : « sanctifie-les dans ta vérité » (Jean 17, 17). C’est donc avant tout un geste d’amour et de pardon. Et ça sera le commandement nouveau donné par Jésus à ses Apôtres « Si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et votre Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. »
Ceci étant, il ne s’agit pas simplement de faire du bien aux autres, non. Ce commandement s’adresse à nous et il ne se comprend qu’en lien avec ce qui se passe à ce moment intense du repas, c’est à dire Jésus qui anticipe ce qu’il va vivre dans quelques heures : le sacrifice total de sa vie pour l’humanité tout entière. Il faut mettre en parallèle les deux commandements qu’il leur donne ce soir-là : « faites ceci en mémoire de moi » (L’Eucharistique) et « vous aussi, faites ce que j’ai fait pour vous » (La diaconie/service). C’est pourquoi l’Eucharistie est une réalité divine qui se réalise entre les mains d’un homme bien que pécheur mais appelé par le Christ à agir en ses lieux et places, in persona Christi. Soyons ce soir dans l’action de grâce pour cet immense don et pour tous ces jeunes qui font leur première communion en cette nuit très symbolique.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 5e dimanche du carême C (7 Avril 2019)
Frères et soeurs,
L'histoire de la femme surprise en flagrant délit d'adultère est l'une des histoires les plus populaires de la Bible. L'absence de condamnation par Jésus captive certains lecteurs, de même que sa déclaration «Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Jésus confond scribes et pharisiens avec cette déclaration.
Les scribes sont des interprètes experts de la loi de Moïse et les pharisiens sont réputés pour leur respect scrupuleux de cette loi. Elle exigeait que les adultères soient tués. Nous ne pouvons pas lire cette histoire sans nous demander où est l'homme pris en flagrant délit ? Seule la femme est amenée devant Jésus. Cela indique qu'un double standard était très en vigueur à cette époque, tout comme c'est encore le cas dans certains coins du globe de nos jours. Oui, aujourd'hui également, sous l'apparence de fidélité aux lois de l'Église, beaucoup de personnes sont marginalisées. Ceux qui jettent en pâture la femme adultère devant Jésus, c'est nous aussi. Les cancans, les médisances, les calomnies, les jugements collectifs sans appel... voilà bien un mal contagieux, un virus tenace que nous n’avons toujours pas éradiqué de l’humanité. Parfois même nous sommes du nombre des premiers à jeter la pierre. Il y a toujours en chacun de nous la tentation de se poser en juge des autres.
Jésus doit choisir soit de laisser la femme libre et de désobéir publiquement à la loi de Moïse, soit d'approuver son assassinat et de renoncer à sa réputation d'ami des pécheurs. Cependant, nous serions négligents si nous ne reconnaissions pas que les scribes et les pharisiens appliquent la loi mosaïque comme moyen d’exprimer leur dévotion à Dieu. Même si ce n’est pas leur principale motivation dans ce cas.
Dans cette page d'évangile, Jésus ne discute pas de la loi, mais il change l'objectif du jugement. Au lieu de leur permettre de faire passer la loi au-dessus de la femme pour la condamner, il leur demande de s'interroger à la lumière de ce que la loi leur demande. Il faut reconnaître que si ce que Jésus écrivait au sol avec son doigt était important, l’auteur aurait probablement inclus ce qu'il écrivait. Mais cela peut nous ramener dans le livre de l’Exode qui insiste sur le fait que Dieu a écrit ses lois avec son doigt. De fait, non seulement que Jésus peut écrire, mais aussi que ce geste est parallèle aux actions de Dieu lui-même, ce qui rend donc Jésus supérieur à Moïse.
Dans la même logique de l'évangile, Paul nous exhorte à détourner notre regard de tout ce qui n’est pas de Dieu, de tout ce qui ne conduit pas à Dieu. D'où la circoncision n'est qu'une loi traditionnelle et non divine. Nous sommes donc invités à porter un regard lucide sur les autres, mais surtout sur nous-mêmes, et que nous acceptons de faire confiance en l’avenir. Paul qui croyait se sauver lui-même par son appartenance à la religion juive et la simple observance des lois, a réalisé que c'est pas l'appartenance à une religion qui sauve, même si elle peut donner des moyens pour être sauvé, mais c'est Dieu seul qui sauve et en toute gratuité.
C'est Jésus le sauveur, la lumière qui fait briller la vérité. Il ouvre ce qui existe dans le secret des personnes, dans la profondeur intime de chacun de nous. À la lumière de sa parole, ceux qui semblaient être les défenseurs de la loi se révèlent pleins de péchés et le reconnaissent eux-mêmes, et ils partent, en commençant par l'aîné. La femme considérée comme coupable et méritant la mort reste debout devant Dieu, absolue, rachetée et avec sa dignité retrouvée. Jésus ne demande pas à la femme si elle est coupable, mais seulement si quelqu'un la condamne. Il assume sa culpabilité - un fait précisé dans le prochain vers quand il lui dit de ne plus pécher. Mais sa question ne fait que rappeler à la femme la réalité du fait qu’elle ne craint plus rien de ceux qui l’avaient menacée de mort. Jésus ne dit pas seulement à la femme de ne pas commettre d'adultère à l'avenir. Son impératif semble inclure tous les péchés. Elle doit suivre son chemin sans pécher à nouveau.
C'est dire que ce récit nous parle de pardon et de miséricorde, mais aussi d’avenir. Lorsque notre misère rencontre la corde du pardon, qui nous tire de la boue, la vie ressurgit et il y a promesse d’avenir, malgré le passé sombre de nos vies. Le nouvel avenir qui s’ouvre pour cette femme s’ouvre aussi pour les accusateurs. Apprenons du Seigneur Jésus à ne pas juger et à ne pas condamner les autres. Sachons seulement faire des choix qui redonnent vie.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 4e dimanche du carême C (31 Mars 2019)
Frères et soeurs,
L’extrait d’évangile dit que le pardon de Dieu est illimité et que nous sommes aimés d'un amour infini, inconditionnel. C’est le dimanche de la joie aujourd'hui (Laetare) mais une joie que procure le pardon. Qu’est-ce que pardonner veut dire, et quel visage de Dieu nous révèle la miséricorde ?
Juste avant le passage d’évangile, Jésus est en pleine controverse avec des scribes et des pharisiens qui se croyaient justes, alors que lui réservait bon accueil aux pécheurs et qu'il mangeait avec eux. Jésus raconte une parabole à ceux qui récriminaient disant que partager la table des pécheurs, c’était partager leurs vies aussi. Ils établissaient un cordon sanitaire autour des pécheurs, tandis que Jésus voulait s'en approcher pour les guérir.
La parabole du fils prodigue est donc une tentative d'expliquer aux pharisiens et aux enseignants de la loi, l'inépuisable nature généreuse et aimante de Dieu. Dans cette parabole, le protagoniste en chef n'est même pas le fils prodigue, mais plutôt le père. D'où des multiples allusions pascales, surtout avec l'expression «mort et revenu à la vie, perdu et retrouvé». Le fils prodigue demande sa part de l'héritage avant même que son père ne soit mort, une requête très présomptueuse, c'est comme vouloir la mort de son père, ou même plus l'assassiner pour hériter. Mais le père apparaît témérairement indulgent et crédule. Il aspirait au retour du fils, et il le voit alors qu'il était encore loin. Il n'attend pas que son fils exprime sa brève confession avant de lui redonner tout son statut de famille, symbolisé par la robe, la bague et les sandales.
Le retour du fils prodigue marquait non seulement la fin d’une aventure humaine désastreuse, mais aussi le début d’une nouvelle vie, une histoire heureuse de vérité et d’amour. Ce qui peut paraître étrange, c’est que le fils prodigue, qui fait une erreur, pose moins de problèmes que le fils aîné qui était toujours resté à la maison. N'est-il pas possible que le fils aîné soit celui qui a le plus besoin d'un changement de perspective ? C'est peut-être lui le fils prodigue ?
Du point de vue du fils aîné, une telle générosité n’est tout simplement pas juste. C'est lui le bon fils. Il se présente au travail tous les jours, vit correctement, suit les règles. Du coup, il n'accepte pas que le père soit si miséricordieux. Mais en fait, quel est le regard de ce fils vis à vis de son père ? Il ne voit qu’un père exigeant et dur auprès de qui lui-même n'est qu'un simple serviteur. Ainsi, quel fils a vraiment besoin de se repentir ? Tous les deux. Lequel mérite alors de se régaler du veau gras ? Peut-être aucun des deux, mais ils sont pourtant invités par le père à se joindre à la célébration. Nous nous reconnaissons peut-être à travers les personnages des deux fils de la parabole. Tantôt, nous sommes l’un, le cadet, qui veut jouir de sa liberté et qui en somme souhaite la mort de son père. Tantôt, nous sommes l’aîné dont le père est déjà mort, puisqu’il ne se considère pas comme un fils, mais bien comme un serviteur.
A travers ces deux fils, ce sont les gens de tous les temps qui ont une conception fausse de Dieu, mais qui ont pourtant la certitude d’être dans la vérité. Jésus nous invite donc à corriger notre image de Dieu. Il n'est pas un Dieu qui nous empêche de vivre comme bon nous semble. Il n'est pas un Dieu méchant qui ne cesse de hanter nos consciences, ni un Dieu comptable. Dieu ne s'arrête pas devant nos péchés et ne recule pas devant nos offenses, mais court vers nous comme le père miséricordieux courait à la rencontre de son fils qui, avec peine et humilité, rentrait chez lui. Dieu n’est pas un Dieu vengeur, cruel et punisseur. Il est un Dieu dont le coeur déborde de tendresse et de miséricorde, un Dieu d’amour que n’arrêtent pas nos infidélités.
Soyons donc des témoins de Dieu, recevons son pardon comme il le donne, généreusement. Nos expériences malheureuses, nos épreuves, nos fausses conceptions de la liberté n'entraînent pas une soi-disant punition de Dieu. Elle nous éloigne de son amour. Dieu ne nous contraint jamais, mais il espère que chacun de nous le choisisse en toute liberté. C’est le beau risque que Dieu a pris en créant chacun et chacune d'entre nous libre.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 3e dimanche du carême C (24 Mars 2019)
Frères et soeurs,
La liturgie de ce jour nous donne de découvrir la véritable identité de Dieu. Qui est-il pour nous ? La parole de Dieu nous aide à y répondre, car sur le mont Horeb Dieu a dévoilé son nom à Moïse :
«Je suis» . Et depuis, Dieu s’est fait connaître graduellement en tenant compte de nos limites. S’il nous a communiqué son nom par Moïse, quel sont cependant les traits qui le caractérisent ? Dès le début de l’histoire sainte, même sous la rigueur de la Loi juive, Dieu se révèle à Moïse comme le miséricordieux. Le psaume 102 renchérit que Dieu est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour. Et pourtant, à lire les textes d’aujourd’hui, on a l’impression d’être en face d’un Dieu vengeur.
En effet, les premiers versets de l’extrait d’évangile que nous venons de lire font référence à deux événements probablement familiers au public de Luc :
- Le massacre d'un groupe de pèlerins galiléens à Jérusalem.
- L'effondrement de la Tour de Siloé.
Parlant de ces Galiléens massacrés, une question se pose : le méritaient-ils vraiment ? Quant à la tour de Siloé, elle se serait effondrée en faisant des victimes innocentes. Ces événements soulèvent aujourd’hui les mêmes questions qu’au temps de Jésus. Comment Dieu qui est si bon peut-il permettre qu’arrive de mauvaises choses dans le monde ?
Faut-il trouver une réponse dans les paroles du Christ lorsqu'il dit à deux reprises,
«si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même». Faut-il comprendre que ces drames sont une sorte de punition pour le mal commis ?
Jésus ne parle pas de punition. Mais en parlant de la même mort, il va dans le sens de la destruction de l'âme en soulignant la soudaineté avec laquelle cette mort survient. Les malheurs du monde ne doivent donc jamais être compris comme une punition envoyée par Dieu. C'est dire que Jésus n’est pas venu pour expliquer la souffrance, mais pour la partager, pour nous révéler un Dieu de compassion. Il nous invite ainsi à vivre nos épreuves et celles de nos proches comme des signes des temps, comme des appels à nous remettre en question, comme des piqûres nous sortant de notre anesthésie spirituelle.
Oui, une piqûre peut faire mal, mais son but est bien de guérir ou d’améliorer notre santé. La courte parabole de Jésus sur un figuier parle d'un jugement imminent. Un arbre cultivé, mais improductif peut continuer à vivre même sans porter de fruits, uniquement parce qu'on lui a accordé un délai supplémentaire.
Aujourd’hui, nous semblons ne voir que du noir à travers les tours qui tombent, et les figuiers stériles, s'actualisant dans notre monde par la monté de la violence auprès de civils innocents, les migrants qui meurent en mer, la misère, la haine, la solitude, la maladie. C'est comme si Dieu était absent. Et pourtant Dieu n’est pas un créateur qui abandonne son oeuvre à elle-même, il n’est pas un magicien qui donne de temps à autre un coup de baguette magique pour aider ou pour punir.
C’est dire qu’au milieu des événements tumultueux de notre monde, nous avons besoin d’être habités par la présence de Dieu dans nos coeurs. Écoutons Dieu nous dire :
« J'ai vu la misère de mon peuple. J'ai entendu ses cris. Je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer ».
Durant ce carême, faisons un détour pour mieux déposer au pied de nos figuiers stériles un peu de cette Terre sainte remplie d'engrais que nous portons en nous. Dieu est patient, il désire que nous portions des fruits et il sait que les fruits ont besoin de temps pour croître et mûrir. Il nous appelle à incarner sa volonté d'amour là où nous sommes, par des petits gestes.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 2e dimanche du carême C (17 Mars 2019)
Frères et Soeurs,
L’évangile du dimanche dernier nous montrait Jésus dans le désert, aux prises avec la tentation. Aujourd'hui il est dans un autre lieu de prédilection : sur une montagne.
Dans la Bible, les montagnes sont synonymes de majesté et de domination de Dieu. Rappelons-nous que Dieu donna les dix commandements à Moïse sur le mont Sinaï et s’est révélé à lui sur le mont Horeb. Abraham a offert son fils, Isaac, en sacrifice sur la montagne du pays de Moriah. Le prophète Élie a défié les prêtres de Baal sur le mont Carmel. Le temple a été construit sur le mont Sion. Jésus a été crucifié sur le mont Calvaire et est monté au ciel depuis le mont des Oliviers.
L'un des détails significatifs du récit de la transfiguration par Luc est que cela se passe dans le contexte de la prière sur une montagne. Et pourtant, ni Matthieu ni Marc ne mentionnent que Jésus était monté sur la montagne pour prier, ni que Jésus priait au moment de la transfiguration. C'est clairement un point que Luc veut que nous notions. La prière est en fait un thème important dans les écrits de Luc. La prière implique la présence de Dieu, tout comme la lumière.
Chaque fois que nous entrons en présence de Dieu, nous sommes remplis de la lumière de son amour et, comme un prisme, le rayonnement de Dieu se reflète et se réfracte à travers nous pour illuminer et éclairer les autres. Ainsi, l'apparence transformée de Jésus n'est pas simplement parce qu'il expérimente la gloire de Dieu, mais plutôt parce qu'il est la source même de cette gloire. D’où l'apparition de Moïse et d'Élie attestant l'identité de Jésus. Les deux sont généralement interprétés comme incarnant la loi et les prophètes.
Dans l’Ancien Testament, c’est en toute gratuité que Dieu a fait alliance avec Abraham. Dans le récit de la Genèse (1ère lecture), Dieu, représenté par une torche en feu passe entre les animaux sacrifiés, pendant qu’Abraham dort. Ce qui veut dire que Dieu s’engage et signe l’alliance, mais n’exige rien en contrepartie. Et Pierre aujourd’hui parle de dresser des tentes. La tente est le lieu de l'accueil, de rencontre, du repos. Lors de l'Exode, il y avait une tente dans laquelle étaient disposées les tables de la loi : c’était la tente de la rencontre. Luc poursuit en disant que Pierre ne savait pas ce qu'il disait. Peut-être essayait-il de montrer que Jésus mérite adoration. Peut-être voulait-il suspendre le temps et faire une rencontre comme sous la tente. En effet, il faut savoir nous arrêter pour rencontrer l'autre. Aussi, il faut savoir nous arrêter pour rencontrer Dieu qui vient à nous. Dès que Pierre suggère de fabriquer ces tentes, la nuée et la voix interviennent. Au moment même où Pierre tente d'accorder une importance égale à Moïse, à Élie et à Jésus. Notons que le message de Dieu lors du baptême de Jésus a été directement adressé à Jésus : «Tu es mon fils». Mais ici, son message est destiné aux oreilles des disciples : «Celui-ci est mon fils». C’est dire que les disciples sont réveillés de leur ignorance, ou de leur sommeil, pour voir la lumière de Dieu. Car si grands que puissent être Moïse et Élie, Jésus est bien plus grand qu'eux.
Or comme Pierre, nous aimons figer dans l'éternité les moments heureux de notre vie. Ne restons donc pas sur la montagne à contempler notre avenir. Mais descendons dans la plaine, marchons sur la route avec notre visage d’humanité.
Nous avons à vivre en transfigurés mais dans l'ordinaire des jours. Nous devrions tous passer un peu de temps au sommet d’une montagne. Monter sur la montagne aujourd'hui, c'est accepter de faire des efforts pour quitter ce qui nous encombre, pour faire silence, pour tourner notre coeur entièrement vers Dieu et vers sa Parole.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 1er dimanche du carême C (10 Mars 2019)
Frères et Soeurs,
Dans l’Église primitive, le carême était le moment d’instruire la foi des nouveaux convertis avant leur baptême à Pâques. Et l'Evangile nous rappelle que notre capacité à résister à la tentation provient de la bonté de Dieu envers nous plutôt que de notre force et de notre propre initiative.
Nous sommes, en effet, en face d'un qui récit contient trois moments de mise à l'épreuve, tous liés à l'identité de Jésus en tant que Fils de Dieu. La signification des mots «Tu es mon Fils» adressés à Jésus lors de son baptême est ici mise en cause. Les trois tentations sont en lien avec le pouvoir terrestre et la gloire. L’histoire se déroule dans deux lieux importants : le désert et Jérusalem. Parlant du désert : il rappelle les épreuves qui y ont été subies pendant 40 ans par le peuple d'Israël ; c’est le propos de la 1ere lecture. Et pour Jérusalem, il faut noter qu'au temps de Jésus, le Temple de Jérusalem avait été rénové et agrandi par Hérode le Grand, constituant ainsi le centre de culte du peuple juif.
Et dans ces lieux, Jésus est aux prises avec des désirs bien humains qui ne sont ni bons, ni mauvais en soi ; ils habitent simplement notre coeur humain. Les trois tentations ont un point commun : être un messie au pouvoir sans égal sur la terre, régner sur les royaumes du monde et démontrer son invincibilité. Dans chaque cas, Jésus répond en citant la parole de Dieu (le Deutéronome). C'est dire que la Connaissance de la Parole de Dieu est un bouclier conte les tentations. Aujourd'hui, combien sommes-nous à consacrer du temps à la lecture de la parole de Dieu ?
Si Israël n'a pas toujours été fidèle à Dieu au désert, Jésus au contraire, grâce à sa connaissance de la parole de Dieu, est resté fidèle à sa vocation de Fils de Dieu. En plus, son ministère est toujours centré sur les autres, jamais sur lui-même. Oui, Jésus n’utilise pas sa puissance pour lui, car Dieu veut une autre relation avec l’humanité : Une relation de responsabilité et de liberté.
Notons que Dieu pourrait intervenir à tout venant, arrêter une guerre dans un pays qui souffre, faire tomber à manger sur un pays qui a faim, éradiquer les fléaux et maladies causés par l’insouciance de l’Homme… mais, que resterait-il de l’humain dans ce cas-là ? Il ne serait qu’une marionnette dans les mains d’un grand marionnettiste. Non, Dieu nous a laissés libres de gérer le monde qu’il nous a donné, il nous en a laissés responsables, et il continue à nous faire confiance. Allons-nous toujours succomber à la tentation ?
Sans la tentation au désert, Jésus, n'aurait pas assumé toute notre condition humaine. Jésus, humain comme nous, nous offre donc de contempler la beauté de notre liberté : celle de choisir de demeurer à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il n'y a pas de pilule magique contre la tentation. Pour avancer, il faut se lever. Pour vaincre la tentation, il faut prier, jeûner et pratiquer la charité.
En tant que chrétiens, nous sommes appelés à être simplement témoins de l'Amour de Dieu. Mais nous pouvons être tentés d’abandonner la tâche que Dieu nous a confiée pour l'épanouissement personnel, et le pouvoir. Le carême est l’occasion de nous recentrer, de poser de nouveaux choix et de choisir nos priorités.
Jésus nous offre cette liberté de nous guérir de la fascination de nos idoles, celle du pouvoir, de la gloire, du prestige. Contrairement à Jésus, nous échouerons sans doute. C'est pourquoi nous sommes invités à suivre Jésus sur un chemin de conversion, sous la conduite d’un Dieu patient, plein de miséricorde et toujours prêt à nous remettre en marche lorsque nous tombons ou lorsque nous arrêtons d’avancer.
Jésus nous ouvre un chemin nouveau, un chemin où nous pouvons accepter nos limites et en faire quelque chose de positif. Un chemin qui devient un espace de rencontres.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le mercredi des Cendres C (06 Mars 2019)
Frères et soeurs,
Chaque année, l'Église nous convie à vivre dans la joie les quarante jours du Carême ! Trop souvent, je constate que bien des chrétiens ne savent plus vraiment le sens de ce temps. Or, c'est une des périodes de l'année liturgique des plus riches et dynamisantes pour vivre notre foi !
En effet, le Carême est un temps favorable de relecture de notre vécu quotidien, un temps de mise au point de nos choix de valeurs, un temps de redécouverte du Dieu de Jésus-Christ. C'est aussi un moment favorable de rapprochement de nos frères et soeurs. C'est aussi une belle occasion de se regarder en vérité au plus profond de notre être spirituel.
C'est un moment idéal pour nous libérer de ce qui pourrait emprisonner notre vie quotidienne : par exemple, en se tournant vers quelqu'un de différent de nous, en apprenant à mieux connaître le contenu de la parole de Dieu, en maîtrisant son humeur, en partageant un de ses talents.
De temps à autre, l'Eglise nous parle principalement de ce temps en termes de privation et de jeûne. Et Dieu seul sait que cela semble parfois dur et olympique.
En fait, l'Église laisse à chacun le discernement d'y aller selon son coeur et ses possibilités tout en rappelant que le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint sont deux jours obligatoires de jeûne recommandés pour toute personne en bonne santé.
À ce propos, j'aime rappeler la sagesse de Léon le Grand qui écrivait dans un de ses sermons de Carême : Il n'y a pas de profit à jeûner si le coeur ne se détourne pas de l'injustice, et si la langue ne s'abstient pas de calomnie.
Dès lors, frères et soeurs, puissions-nous demander au Dieu de toute tendresse, au seuil de ce temps de Carême, un coeur capable d'aimer et de se laisser aimer !
Bon carême à tous et à toutes !
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 8e dimanche du temps ordinaire C (03 Mars 2019)
Dernier dimanche du Temps Ordinaire avant le Carême pour cette année, et notre regard est déjà attiré vers cette période. Prenons le temps de savourer les jours les uns après les autres, le Seigneur se révèle quand il veut...
Frères et soeurs,
Dans la première communauté chrétienne, il y a eu des difficultés, comme le montre l'exigence rapportée par l'extrait de l'évangile de Luc de ce dimanche. Jésus enseigne que tout le monde produit du fruit. Les bons fruits viennent de ceux qui ont un bon coeur et les mauvais de ceux qui ont le mal dans leur coeur. Cela semble être un concept simple, mais la plupart des gens l'appliquent aux mauvaises personnes dans les mauvaises situations. Ne soyons pas des inspecteurs de fruits. N'allons pas avec notre petite liste de vérification des oeuvres chrétiennes que nous jugeons nécessaires pour que les gens puissent être chrétiens. Pour appliquer correctement ce que dit Jésus, nous devons nous rappeler le contexte de ses paroles. Il parle de notre attitude envers nous-mêmes.
En effet, nous préférons souligner les manques dans la vie de quelqu'un d’autre que jeter un regard honnête sur notre propre vie. Nous aimons pointer du doigt les autres, mais lorsque quelqu'un le pointe ou que Dieu nous le révèle, nous sommes prompts à défendre nos actions et à trouver des excuses pour nos échecs.
L'invitation de ce dimanche est d'adopter une mentalité du «moi d'abord». Jeter un regard honnête sur notre propre vie avant d'essayer de signaler le péché chez quelqu'un d'autre. Nous ne pouvons pas aider quelqu'un d'autre si nous sommes aveugles à notre condition. Ce n'est que lorsque nous retirons la poutre de notre propre oeil que vous devenons en mesure d'aider les autres à éliminer leurs propres faiblesses. L'aveugle peut-il conduire l'aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans le fossé ?
Chaque jour, nous devrions nous tourner vers Dieu, notre ophtalmologiste, et lui demander de vérifier notre vision. Écartons ce qui se déroule dans notre tête, comme un tourbillon perpétuel qui fait écran et nous empêche de voir la réalité.
Nous devons nous assurer que nous ne sommes pas des guides aveugles, surtout spirituellement. Les paroles de Jésus à ce sujet sont claires et sans équivoque. Il tire une illustration d'un arbre et pose le principe général suivant : chaque arbre est connu pour son propre fruit. Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Un arbre cossu et luxuriant, tel; un chrétien ne produit pas nécessairement le meilleur fruit.
Remarquons que la parole adressée à autrui par celui qui se prétend parfait est souvent blessante et donc inadaptée pour aider à naître. Comme un buisson d'épines ou un massif de ronces déchirent la fragilité de la peau, notre parole ne doit pas déchirer. Elle doit naître de la bonté du coeur.
Ainsi pour vivre en amitié ou fraternité, il faut accueillir l’autre : l'écouter et ensuite prendre le temps de la réflexion en tenant à distance ses propres impatiences, voire ses colères. La parole qui naît alors est une parole qui construit et ne détruit pas. Si nous suivons les recommandations de Jésus, nous serons comme de bons arbres dont les fruits seront l'amour, la fraternité, la joie, l'harmonie, la paix. Si nous les négligeons, nous serons comme un arbre mauvais dont les fruits seront la tiédeur, la haine, les tensions.
Dans l'Évangile d'aujourd'hui, Jésus ne mâche pas ses mots. Inspectons-nous d'abord. Regardons dans notre propre vie. Cherchons notre propre coeur. Appliquons les Écritures à nous-mêmes. Et nous serons sans équivoque la Lumière qui guide les autres autour de nous.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 7e dimanche du temps ordinaire C (24 Février 2019)
Frères et Soeurs,
Jésus fixe le standard de l'amour aussi haut que possible. Dans sa logique, notre amour pour les autres doit correspondre à l'amour de Dieu pour nous. La norme de Jésus ici est si élevée que beaucoup d'entre nous peuvent répondre que cela semble tout à fait impossible.
Oui, les textes bibliques de ce dimanche nous montrent un chemin de conversion. Car nous vivons dans un monde où beaucoup ne pensent qu’à se faire justice. Et aujourd’hui, nous recevons des appels à faire miséricorde et à refuser la vengeance. C’est aussi ce témoignage que nous trouvons dans la 1ère lecture. Saül était devenu très jaloux et cherchait à éliminer David. Et lui aurait pu se venger mais il s’y est refusé. Il n’a pas voulu porter la main sur « celui qui a reçu l’onction du Seigneur ».
On ne peut qu’admirer cette noblesse de David. Ce récit nous interpelle. Il nous montre qu’en refusant la vengeance, on brise le cycle de la violence. Et quand on parle de vengeance, il est important d’en voir les divers aspects : le mépris, l’ironie, la calomnie, l’indifférence. Si nous voulons un monde plus juste et plus fraternel, ce n’est pas des autres qu'il faut l'attendre, mais c'est plutôt par nous-mêmes qu’il faut commencer.
C’est facile de juger et de critiquer. Mais si nous regardons notre vie, nous voyons bien que nous aussi, nous sommes des « pauvres pécheurs ». Nous sommes bien mal placés pour regarder ce qu’ont fait les autres.
En méditant les paroles de Jésus, il m’est venu à l’esprit cette analogie. Imaginons nos vies comme une grande et belle maison. Cette maison est le lieu de ce qui nous tient le plus à coeur, de ce qui fait la richesse de nos existences. Quand on y entre, la première pièce que l’on traverse est celle de la famille, la pièce de l’amour des proches, père, mère, frères et soeurs. Succède à cette pièce, celle de nos amours, de nos conjoints, de nos enfants, qui deviennent tout aussi importants que les membres de notre famille. Suivent d’autres pièces où se vivent les grandes amitiés, les rencontres avec des personnes marquantes, des maîtres à penser, des éducateurs, des témoins. Vient ensuite la pièce de notre vie de tous les jours, avec les collègues de travail, les voisins, les membres de nos communautés d’appartenance.
Enfin, tout au fond de notre maison, il y a une pièce qui ressemble à une chambre à débarras où se retrouvent pêle-mêle les personnes que l’on ignore, celles qui nous déplaisent et celles que l’on déteste, les personnes qui nous veulent du mal, les personnes qui nous ont blessés, celles qui se dressent en ennemis sur notre route, bref tous ceux et celles que l’on exclue de nos vies.
Cette pièce nous aimons bien la garder fermée à clé, ne pas y penser. Mais voilà que Jésus nous invite à ouvrir bien grand la porte, à faire la lumière, à faire nôtre son regard, et à voir avec son coeur les personnes qui s’y trouvent. Il nous invite même à en faire des prochains, des touts proches. C’est comme si Jésus nous disait qu’il y a, en nous, un lieu secret où le souci de l’autre, du proche comme du lointain, doit l’emporter sur nos préjugés, nos peurs, nos haines et nos rancoeurs. C’est comme s’il nous disait : « Vous savez, vous êtes capables de beaucoup plus d’amour que vous ne le croyez ! »
Il faut donc nous poser les questions suivantes : Est-ce que je veux correspondre à ce que Dieu attend de moi dans ma vie ? Est-ce que je veux entrer dans ce bonheur qu’il me propose, même si cela semble parfois aller contre toute logique humaine ?
Pour y parvenir, nous ne pouvons que reprendre la prière de saint Augustin : "Donne-moi la force de vivre tes exigences, et demandes-moi tout ce que tu veux. Car avec ton aide tout devient possible"
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 6e dimanche du temps ordinaire C (17 Février 2019)
Frères et Soeurs,
Jérémie offre à l'assemblée rassemblée une leçon illustrée par la nature. Il oppose le chemin du méchant au chemin du juste en comparant un arbuste rabougri à un arbre bien arrosé. En effet, ceux dont les coeurs sont fermement enracinés dans les voies de Dieu seront capables de résister à la chaleur, de rester verts, de supporter la sécheresse et de porter encore des fruits.
Mais contrairement au buisson ou à l'arbre, les croyants eux ont le choix de l'endroit où ils vont s'enraciner, en qui ils vont croire, comment ils vont se développer. Cela déterminera s'ils porteront des fruits. Oui, l’enracinement en Dieu fournit une source constante de force et de subsistance. C'est pourquoi dans le psaume, l'homme juste prospère en toutes choses, alors que la vie du méchant se termine par un échec. La vie de l'homme juste est riche en oeuvres de la loi, de sorte qu'il rappelle la verdure de l'arbre qui fleurit et porte des fruits au bord des eaux courantes.
C'est aussi ce qui ressort dans le sermon sur la Montagne de Jésus avec ses huit béatitudes. Jésus a probablement donné des messages similaires à plusieurs endroits. La version de Luc décrit quatre bénédictions et quatre malheurs, ou des déclarations selon lesquelles vous serez malheureux si vous restez attachés à la richesse. Le message est que les valeurs de ce monde sont le contraire des idéaux chrétiens.
Dans le récit des béatitudes, Luc veut nous faire comprendre que tout humain a besoin d'être reconnu, et d'être aimé. C’est peut-être pour cela que la fête de la St-Valentin, la fête du partage, la fête des déclarations d’amour est célébrée chaque année. Les béatitudes sont aussi des déclarations. Jésus parle d'un royaume qui est déjà là : il dit heureux ceux qu'il identifie comme les premiers bénéficiaires du règne de justice.
De même, ce ne sont pas des malédictions qu'il adresse aux biens nantis. Il ne s'agit pas pour lui de les menacer, mais de leur révéler leur malheur. La déclaration de bénédiction n'est pas une exhortation à être pauvre. Les pauvres, les affamés et les affligés sont bénis dès maintenant à cause du pouvoir divin de renverser la situation. Ceux qui sont satisfaits des choses matérielles et temporelles et dont la base de sécurité y est fermement enracinée font fausse route. Quand leur fortune finira par s'inverser, ils s'apercevront que leur bonheur a été gaspillé.
C'est dire que Luc et Jérémie proposent deux modes de vie, et ils nous en montrent les conséquences. Placer sa confiance dans l'humain, dans sa propre force, et chercher son intérêt, sa satisfaction, personnelle, ou bien placer sa confiance en Dieu, et donc aussi avoir le souci du prochain. Les conséquences du premier choix sont l'échec annoncé à long terme et l'aveuglement, et celle du second sont la bénédiction, le bonheur, le Royaume de Dieu dès maintenant.
Nous découvrons que le bonheur n'est pas un objet que nous pouvons attraper ; il se construit dans le temps et le partage. Le texte des Béatitudes est un renversement radical des mentalités et des valeurs ; un changement si profond qu'il ne peut se faire sans une transformation complète. Les mots de Jésus ouvrent une fenêtre sur le bonheur qu'il promet. Ces mots doivent habiter et travailler notre coeur. Vivre les béatitudes exige une conversion incessante pour que ce que nous avons ne se réduise jamais à un instrument de pouvoir. Les Béatitudes ne sont pas faites pour éteindre en nous la joie de vivre, mais pour manifester que Dieu nous estime trop pour réduire le bonheur à la seule réussite affective et matérielle. À chacun d'entre nous de tirer les leçons de cet enseignement de Jésus. Notre assurance, nous ne la tenons pas de l'approbation des humains, mais de la confiance que nous mettons en Dieu. La meilleure règle de vie, ce n'est pas de plaire aux autres, mais de les aimer.
Dieu nous transmet son invitation au bonheur non pas comme un règlement à appliquer, mais plutôt comme un désir à faire naître, un bonheur à chercher, une expérience à tenter, une aventure à risquer.
écrit par le père Daleb
Homélie du Jeudi 14 Février 2019 (les Sts Cyrille et Méthode/St Valentin)
Aujourd'hui, l’Eglise célèbre les Saints Cyrille et Méthode. Ils naquirent au IXème siècle à Thessalonique. Consacrés évêques, ils convertirent les peuples slaves. Saint Cyrille mourut à Rome en 869, et Saint Méthode en Moravie en 885. Leurs prénoms signifient pour Cyrille " jeune roi" et pour Méthode " celui qui agit dans un but".
Mais à côté de cela, est aussi née une tradition autour d’un certain Valentin. St Valentin était, dit-on, évêque de Terni en Italie et jouissait du renom de thaumaturge. Mais un miracle de guérison auprès d’un philosophe athée qu’il va convertir, le fit vraiment connaître. Et le préfet de Rome fit mettre à mort celui qui avait mis ses pouvoirs de prêtre et ses talents de médecin au service des païens qu’il convertissait.
Cependant au Moyen Age, une opinion se répondit en Angleterre et en France qu'à cette date du 14 février les oiseaux commençaient à s'accoupler; il fut donc dit que chaque Valentin choisissait sa Valentine. Dès lors, saint Valentin fut revendiqué comme patron des amoureux, fiancés, jeunes gens et jeunes filles à marier. Les uns adressaient aux autres des lettres tendres. Or nous sommes tous des valentins et valentines selon St paul, qui nous nomme déjà des Théophile. En effet, à partir du grec Theos : Dieu, et Philein, Aimer, Théophile peut signifier à la fois " celui qui aime Dieu " ou " celui qui est aimé de Dieu ".
C’est à juste titre donc que l’évangile nous parle de Soixante-douze disciples supplémentaires, donc des Théophile ou mieux des valentin(e)s ! Le texte nous dit : « soixante-douze parmi ces disciples ». Il faut donc comprendre que ces soixante-douze-là ne sont qu’une partie des disciples de Jésus ! Alors, combien étaient-ils, au total ? Certainement plus d’une centaine (de Valentins), à suivre Jésus sur les routes de Palestine. Ils ne devaient pas passer inaperçus ! Mais Jésus dit pourtant que les ouvriers sont peu nombreux !
Il faut donc comprendre l’envoi de ces soixante-douze comme une mission donnée à un grand nombre de personnes, au-delà du cercle restreint des proches de Jésus. Personne n’est de trop ! C’est un appel à toutes les bonnes volontés. Notre mission ne consiste pas à imiter le monde dans lequel nous sommes. C’est la grande tentation, et beaucoup nous sollicitent dans ce sens. Nous savons bien comme c’est difficile d’annoncer Dieu dans ce monde qui fait tant d’efforts pour l’évacuer.
Mais Jésus n'a pas caché ce que cela comporte de le suivre. Or les plus grands obstacles ne sont pas toujours sur le chemin mais aussi dans notre coeur. Alors que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste notre seul orgueil.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 5e dimanche du temps ordinaire C (10 Février 2019)
Frères et Soeurs,
S’il m’était donné de nommer ce dimanche, je l’aurais rebaptisé : « dimanche de l’Appel ». En effet, la première lecture est le texte de l'appel du prophète Isaïe. La deuxième, de la première lettre de Paul aux Corinthiens, fait allusion à son propre appel d'apôtre. Et l’évangile raconte l'appel des premiers disciples. Dans ces trois lectures bibliques, nous rencontrons des personnes avec leurs limites et leurs imperfections. Elles font une telle expérience de Dieu qu’elles sont transformées pour devenir des messagers d’espérance, missionnaires d’évangile.
C’est dire qu’il n’y a pas qu’une seule façon de rencontrer Dieu, il y a autant d’expériences qu’il y a d’humains. Le texte de la vocation du prophète Isaïe nous laisse perplexes. Il y a un gouffre entre cette vision de Dieu et notre approche souvent bien posée et rationnelle. La réaction d'Isaïe nous paraît étrange. Pourquoi a-t-il besoin de cette braise appliquée sur la bouche, pour qu'il puisse répondre à sa vocation ? C’est parce que Isaïe se sentait anéanti devant Dieu. Il était craintif devant l'immensité de Dieu. Il ne se sentait pas apte à parler au nom de Dieu.
Paul aussi ne se sent pas digne d'être appelé apôtre parce qu'il a persécuté l'Église. Quant à l'appel des premiers disciples, l'histoire commence avec Jésus au bord de la mer de Galilée. Le personnage principal, mis à part Jésus lui-même, est Simon-Pierre. C'est son bateau que Jésus utilise. C'est à lui que Jésus parle en premier, lui demandant d'aller dans les eaux profondes. À l'inverse, Simon-Pierre est la seule personne qui parle à Jésus. Il l’appelle maître, mais après la prise miraculeuse, il s’adresse à lui comme Seigneur.
Isaïe, Paul et Simon-Pierre réagissent bien différemment, mais ils répondent tous à l’appel que Dieu leur fait. C’est pour nous révéler que dans la foi, ce qui précède tout engagement, c’est la rencontre de Dieu. Or c’est souvent dans le quotidien de nos vies, dans les situations difficiles ou désespérées, que nous rencontrons Jésus, que nous faisons l’expérience de Dieu. Ce qui m’émerveille, c’est que Jésus s'était embarqué dans la barque de Simon-Pierre. Il s'était invité dans sa vie (la barque était sa vie) et voilà que ce même Simon-Pierre laisse tout pour s'embarquer avec Jésus. Que s'est-il passé pour qu'il y ait un tel renversement de situation ?
Cela nous apprend que le plus grand objectif que nous puissions avoir dans la vie est de suivre Jésus. Il est facile de trouver cent raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas faire ce que Jésus nous a dit de faire. Mais, comme Simon-Pierre, nous devons mettre de côté nos raisons. Nous devons laisser tomber le filet de l'Évangile dans l'obéissance et laisser Dieu y faire entrer le poisson.
Jésus monte dans la barque de Simon-Pierre et lui demande d’aller au large. Voici un charpentier disant à un pêcheur professionnel comment faire son travail ! Simon-Pierre savait que le meilleur moment pour pêcher était la nuit et qu'il venait de pêcher toute la nuit sans succès. Mais, son obéissance a abouti à un succès miraculeux.
Dieu veut se servir de nous pour faire vivre son message de salut à tous nos frères et soeurs. Il nous appelle aujourd'hui encore, de multiples façons. Malgré nos faiblesses, l’appel à jeter le filet de la Bonne Nouvelle se réalise aujourd'hui en nous.
Pêcher des hommes et des femmes, c'est rejoindre leurs besoins d'abord pour les sortir de certaines impasses avec les moyens du bord. C'est les rencontrer avec leurs habitudes et non les nôtres : là où ils en sont. Et les eaux profondes sont celles du risque, du danger, de l'inconnu.
Aller à la pêche sous l’invitation de Jésus doit nous remplir de joie et non pas engendrer des peurs. Une foi qui ne jette pas les filets est une foi morte.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 4e dimanche du temps ordinaire C (03 Février 2019)
Frères et Soeurs,
La distance entre Jésus qui a grandi dans Nazareth et ce qu’il est aux yeux des autres est trop grande pour qu’il soit possible aux habitants de son village d’accepter ce qu’il dit et fait. Que toute la Galilée fasse son éloge devient scandaleux, car, à Nazareth, il n’y a eu aucune manifestation de sa puissance. Les coeurs se durcissent alors. Et Jésus devine ce que pensent les gens rassemblés dans la synagogue. Il a l’intuition de leurs soupçons et, d’une certaine façon, il les provoque : « Il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d’entre eux n’a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien ». Notons que, parce que leurs coeurs sont fermés à l’imprévu, les gens de son pays ne peuvent recevoir les bienfaits dont les étrangers bénéficient sans préjugés. Jésus leur impose une leçon qui est dure à entendre. La mission de Jésus commence par le rejet des siens, parce qu’ils ne le reconnaissent pas comme prophète.
Oui, aucun prophète n'est bien accueilli, et encore moins dans son pays, parce que les prophètes dérangent toujours. Ils dénoncent les compromis que nous faisons si souvent entre le rêve d'authenticité que Dieu a sur nous d'une part et ,d'autre part, la vie que tant de fois nous nous contentons de vivre, avec toutes nos contradictions. Il est bien vrai que nous n'écoutons que ce que nous voulons bien entendre, mais la plupart du temps, nous faisons la sourde oreille à tout ce qui pourrait déranger notre petit confort humain et spirituel, nos croyances, nos habitudes.
Lorsqu’un prophète se lève, ce sont souvent les plus fervents pratiquants qui l’écrasent et qui cherchent à le discréditer. Ils cherchent le côté rassurant de la religion plutôt que de se mettre à l’écoute d’une parole qui dérange, d’une parole qui remet en question, d’une parole qui invite à l’action au quotidien. C’est le refus du renouvellement, c'est se protéger de tout changement possible. C’est avoir peur de déranger l’ordre établi. La Bible est pleine de prophètes qui n’ont pu annoncer la Parole qu’ailleurs, chez ceux qui ne croient pas, parce qu’eux sont encore capables de se poser des questions, ils ne savent pas tout d’avance. Est-ce si différent aujourd’hui ?
Tant que nous aurons une image sociale à préserver, un statut économique à défendre, un semblant de confort à garder, une pseudo-tranquillité à protéger, nous ne pourrons pas être pleinement libres, donc pleinement chrétiens. Car être chrétiens, c'est une attitude du coeur, c’est une conversion du coeur.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 3e dimanche du temps ordinaire C (27 Janvier 2019)
Frères et Soeurs,
Au-delà de Théophile, Luc écrit à nous tous. Son message est clair : Jésus est la lumière du monde et, à travers ses disciples - par leurs paroles, leurs actions et leur exemple, il apporte cette lumière dans toutes les régions du globe. C'est ça sa mission, et elle devient nôtre aujourd’hui.
Notons que Jésus n'a pas grandi à Jérusalem, centre de la vie juive et de la pratique religieuse. Au lieu de cela, il a grandi en Galilée, dans l'arrière-pays, un lieu où vivent de nombreux païens. Mais il revenait à Jérusalem pour sa pratique religieuse. Et dans l’évangile de ce jour, il est maintenant prêt à commencer son ministère public et à prononcer son discours inaugural. Il va donc à la synagogue comme il en avait l'habitude, et il fait la lecture biblique à son tour. La lecture que fait Jésus n'a rien d'extraordinaire. Cela se faisait déjà au temps d’Esdras et de Néhémie au 6e siècle avant Jésus.
Mais pourquoi c’est à lui de lire le texte ? En effet, dans la synagogue, il n'y avait pas de professionnel de la Liturgie. Le président de la synagogue invitait quelqu'un au hasard à lire et à commenter les Écritures lues. La plupart des commentaires étaient probablement des récitations par coeur, des leçons apprises à l’école de la synagogue. De fait, la principale question était de savoir si le lecteur réussirait. Et le principal suspense était de savoir si quelqu'un devait le corriger.
Ce n'est donc pas la première fois que les gens entendent lire ce passage. Les Juifs de Nazareth lisaient cet ancien texte d'Isaïe comme parlant du messie à venir. Un messie qui faisait rêver, qui faisait espérer des jours meilleurs. Au fil des temps, ils connaissaient ce texte par coeur même, mais, ce jour-là il y a du neuf. Lorsqu’il referme le livre, Jésus ajoute que cette parole de l'Écriture, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit.
Par ces mots, Jésus semble dire aux Juifs et à chacun de nous, de ne pas attendre un messie qui va chasser les Romains. Le messie vient plutôt annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, il vient annoncer aux prisonniers qu'ils seront libres, et aux aveugles qu'ils verront la lumière. La vraie liberté est une libération de la captivité à la mort, de la volonté des autres et de la volonté de soi. Jésus enseigne que nous valons infiniment plus que ce que nous sommes à nos propres yeux. Il s'agit de changer radicalement de regard sur la réalité, sur la vie, sur notre vie, sur nous-mêmes.
Être serviteur de la Parole, ce n’est donc pas seulement lire un texte écrit à un moment donné de l’histoire. Mais c’est plutôt traduire, interpréter et actualiser le texte pour qu’il devienne Parole neuve de Dieu. Et c’est ce que fait Jésus. Pour qu'un message nous atteigne, il faut qu'il ait un sens pour nous. La Parole doit pénétrer la vie pour qu'elle soit vivante. Jésus disait à Nazareth : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »
Oui, Dieu nous parle dans notre vie aujourd'hui. Dieu parle par les événements de nos vies, parfois de façon souvent imprévue. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Un constat : le monde est parsemé de division. Division de couples au détriment des enfants, divisions de familles provoquant l’isolement, division des chrétiens en sectes, en confessions et Églises différentes. Tout ceci va à l’encontre du message de Jésus. Pour saint Paul, les chrétiens sont membres les uns des autres d’un corps. Et Jésus a prié pour que nous soyons un comme il est un avec le Père. Mais nous voilà divisés. Chaque année, la semaine de prière pour l'unité des Chrétiens revient pour que nous essayions d'apprendre quelque chose les uns des autres.
Jésus souligne qu'il est venu pour libérer, pour guérir, pour relever, enfin pour donner à tous une raison de vivre. Jésus s’est obstiné et s’obstine encore aujourd’hui, à travers ses prophètes, à libérer le monde et à le faire espérer, sur la base d’un seul commandement : celui d’aimer véritablement. L’aujourd’hui de Jésus est devenu le nôtre et son combat demeure inachevé. C’est à nous que revient la mission de porter et de répandre l’Évangile, car saint Paul le dit, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit sans distinction de races ou de statuts.
La Bonne Nouvelle nous est adressée, bien plus, elle nous est confiée pour qu'à notre tour, nous la racontions et même que nous soyons témoignage pour tous les Théophile que Dieu met sur notre route.
Tous avaient les yeux fixés sur Jésus après sa lecture. Mais une question surgit : qui voient-ils ? Si tous sont frappés d'étonnement devant la sagesse de sa prédication dans le temple, plusieurs ne verront que le fils du charpentier dont la mère se nomme Marie. Et nous, que voyons-nous en fixant nos yeux sur lui ? Fixer nos regards sur Jésus incite à avoir les yeux et un coeur ouverts sur ce qui se vit autour de nous.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 2e dimanche du temps ordinaire C (20 Janvier 2019)
Frères et Soeurs,
Aux noces de Cana, Jésus manifesta sa gloire, écrit saint Jean. Il est le seul évangéliste à nous raconter cet épisode de mariage où les époux ne sont même pas identifiés. Comme si, nous tous, pouvons-nous retrouver dans la situation de ces mariés.
Plusieurs fois dans la Bible, on prend l’image de noces. La noce est l'image de l'alliance de Dieu avec son peuple. Les prophètes le redisent sans cesse, tel Isaïe dans la première lecture. Il décrit la situation de la ville de Jérusalem, peu de temps après le retour d’exil. Il veut stimuler l’espérance du peuple et il l’invite à la patience.
A Cana, Jésus manifeste sa gloire dans le partage de la joie à tous ceux qui sont dans le manque. Mais à Cana, un drame vient de se produire : Lequel ? le vin vient à manquer. Malgré toute la préparation de ce mariage à Cana, les mariés n’avaient pas prévu ce genre d’imprévus. Alors comment faire, quand dans la vie, les choses ne se passent pas toujours comme prévu ? Oui il peut surgir des situations nouvelles, ou des réactions que vous n’auriez même pas soupçonnées dans la vie, auprès de la famille, de votre conjoint, de vos collaborateurs, ou confrères. Que faire ?
Heureusement que Jésus fut invité aux noces. Oui, à Cana, il y a un invité pas tout à fait comme les autres. C’est Jésus qui est là avec ses disciples. Et aussi Marie, sa mère. Et c’est d’eux que viendra la solution. Alors nous aussi, fréquentons Jésus et Marie, ou du moins les personnes qui connaissent le Christ, qui ont parcouru du chemin avec lui. Ainsi, notre vie sera pleine de joie, puisqu’il interviendra en cas de manqué.
Mai avouons-le que la réponse de Jésus à Marie nous paraît brutale et dure. La raison apparaît dans la déclaration de Jésus, selon laquelle son heure n'est pas encore venue. C’est dires qu’aucun être humain, pas même sa mère, ne peut déterminer « l'heure » de Jésus. Dieu seul détermine quand et comment « l’heure » de Jésus devient une réalité dans le monde. Il est le Messie, qui doit obéir à son Père. Que Marie ne lui réponde pas directement est un accord tacite de sa part selon lequel c’est Jésus lui-même qui doit prendre l'initiative d'agir. Elle démontre une confiance en la capacité de Jésus à répondre au besoin. Notant que les disciples croient en Jésus après le miracle, mais Marie croit en l'efficacité de la parole de Jésus avant le miracle.
Le vin en abondance est le symbole de la présence de Dieu dans le monde. Croire en Jésus, c'est vivre à sa suite comme il a vécu, en faisant les mêmes gestes que lui, des gestes de salut. Des gestes qui relèvent et aident à vivre la vie avec un goût de fête.
En écoutant les doléances de sa mère, Jésus atteste qu’il est venu pour répondre à toutes les soifs, soulager toutes les maladies et infirmités, porter tous les soucis et préoccupations des gens. En plus, à Cana, Jésus s’est servi des serviteurs pour remplir les cruches d’eau. Comme sur la montagne, il avait demandé à ses disciples d’offrir eux-mêmes le peu de pain qu’ils avaient. Sous ce souci de Jésus de se faire aider se cache son appel à nous associer à sa mission : je vous ai choisi. Ainsi, sachons détecter le vin manquant autour de nous. Quel est le vin qui nous manque dans notre vie ? Quel est le vin qui manque à notre monde ? Quel est le vin qui manque à notre Famille, à notre ville, à notre Paroisse ?
écrit par le père Daleb
Homélie du Baptême de Jésus (13 janvier 2019)
Frères et Soeurs,
S'il m'était donné de nommer ce dimanche, je l'aurai appelé volontiers dimanche de l’épiphanie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’épiphanie célèbre la manifestation, le dévoilement, la "monstruation" de la véritable identité du Christ. Or c’est encore ce qui se produit aujourd’hui par son baptême. Déjà en apportant l’or, la myrrhe et l’encens, les mages nous révélaient la vraie identité de Jésus, tout comme à son baptême par la voix qui se fait entendre du ciel, cette identité est encore révélée : Il est fils de Dieu.
Oui, en Jésus, Dieu ne cesse de lever le voile qui couvrait son visage, afin que l’Homme le découvre. C’est tout le sens du mot Epiphanie (épi-phanei en grec = Dieu lève le voile). Dieu se laisse découvrir.
Si à Noël, Jésus est manifesté comme Sauveur aux yeux de quelques minables bergers. A l’épiphanie, il est révélé à tous les païens et étrangers en la personne des mages venus d’Orient. Et aujourd’hui, c’est la 3ème grande fête du cycle de Noël : son baptême.
Avec ce baptême, le Christ est manifesté à Jean Baptiste et à tous ceux qui sont avec lui : « Dès qu’il fut baptisé, les cieux s’ouvrirent. Il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui » … « La voix du Père se fit entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour, écoutez-le. »
Ce baptême donné par Jean Baptiste était un geste de pénitence. Ceux qui demandaient à le recevoir manifestaient qu’ils se reconnaissaient pécheurs. Ils étaient plongés dans les eaux du Jourdain et en ressortaient purifiés. Cette démarche les engageait sur la route d’une véritable conversion. Or voilà que Jésus est là. Il se tient au milieu de tous ces gens qui demandent à Dieu de les apaiser. Bien sûr, lui, le Fils bien-aimé du Père n’avait pas de péché à se faire pardonner. Alors pourquoi demande-t-il à recevoir ce baptême de conversion ?
Certains répondent qu’il a voulu donner l’exemple. C’est sans doute vrai, mais il nous faut aller plus loin. La démarche de Jésus a une signification unique. Il faut savoir que le mot « baptême » signifie « plonger ». Au jour de son baptême, Jésus, pur de tout péché, a été plongé dans l’eau du Jourdain. Il en est ressorti porteur de tout le péché du monde. Il l’a pris sur lui pour nous en libérer. Quant à nous, au jour de notre baptême, nous avons été immergés dans l’amour qui est en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit.
C’est dire que Jésus n’avait pas besoin de ce baptême donné par Jean Baptiste. Il n’avait pas de péché à se faire pardonner. Mais il a tenu à rejoindre tous les hommes pécheurs. Il a pris sur lui tous leurs péchés et toutes leurs misères. Avec nous, il porte sa croix. Notre vie peut être marquée par bien des faiblesses, des histoires tourmentées ou malheureuses. Mais le Seigneur est là. Il nous rejoint. Avec lui, c’est l’espérance qui renaît. La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres, les pécheurs sont pardonnés, les malades sont guéris et relevés.
Depuis notre baptême, nous sommes habités par la présence du Christ en nous. "Que son Esprit repose sur nous." Ainsi, en rencontrant nos frères et soeurs, nous apprendrons à le rencontrer lui-même. Amen
écrit par le père Daleb
Homélie du Dimanche de l’Epiphanie (06 janvier 2019)
Frères et Soeurs,
En ce jour, l'Eglise célèbre la solennité de l’Epiphanie du Seigneur. S'il m'était donné de nommer ce dimanche, je l'aurai appelé volontier dimanche de la royauté du Seigneur. Car si la liturgie du 25 Décembre mettait déjà l’accent sur l’identité de Jésus Christ, Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai Homme, celle de l’Epiphanie par contre célèbre dans le même sens la manifestation, le dévoilement, la "monstruation" de la véritable identité du Christ-Roi.
Oui, par Jésus, Dieu lève le voile qui couvrait son visage, afin que l’Homme le découvre. C’est tout le sens du mot Epiphanie (épi-phanei en grec = Dieu lève le voile). Dieu se laisse découvrir comme petit enfant couché dans une crèche, donc vulnérable. Mais aussi comme Roi, faisant trembler les pseudo-puissants de ce monde à l’exemple d’Hérode.
Frères et Soeurs, à la suite des mages : Gaspard, Melchior et Balthazar, nous sommes invités à « être en marche vers ». Isaïe dans la première lecture nous parle déjà d’une nation qui est en marche vers la lumière : Tous ces gens de Saba sur des chameaux, apportant l'or et l'encens. Ce qui va s'actualiser à la naissance de Jésus avec l'arrivée des mages. Mais si les mages sont en route vers la lumière, cela ne s’est pas fait sans peine et surprise. Le petit détour chez Hérode le prouve à suffisance. C’est donc pour nous un signe que pour aller à la lumière, le passage par la grande épreuve reste d’actualité.
« Où est le Roi des Juifs, qui vient de naître ? ». Par cette question des mages, la couronne royale est en litige. Entre Hérode et Jésus, qui est réellement le Roi des Juifs ? Le puissant, meurtrier et violent Hérode ou bien Jésus, ce petit, faible et désarmé ? Surtout quand on sait par l’histoire que, Hérode passa toute sa vie dans la peur de perdre son pouvoir, si bien qu’il voyait des complots partout, ne passant sa vie que dans des forteresses, et allant jusqu’à faire tuer ses trois fils, sa belle-mère et même sa femme.
Comment comprendre alors ce titre de « Roi des juifs » ? Ce n’est qu’à la fin de son évangile que Matthieu redonnera à Jésus ce titre de Roi des Juifs. Lorsque des soldats diront : « Salut Roi des Juifs » et que Pilate le fera inscrire au-dessus de sa tête, indiquant ainsi le motif de sa condamnation. Sans oublier les moqueries des scribes et des grands prêtres : « S’il est roi d’Israël, qu’il descende de la Croix » (Mt 27,37).
Ainsi cette visite des mages est révélateur d’un programme de vie pour Jésus. Quel est donc ce roi si humble, au point de ne monter que sur un âne pour aller triomphalement à son couronnement ? Quel est donc ce roi qui demandera à ces amis de ne pas dominer, mais de se faire serviteurs ? Quel est donc ce roi, qui vient naître dans une étable plutôt que dans un palais ? Quel est donc ce roi qui n’a pour trône que la Croix, et pour couronne royale, qu’une couronne d’épine ?
C’est un drôle de Roi. C’est dire que sa royauté n’est pas de ce monde, elle ne ressemble en rien à celle d’Hérode. Elle ne se dévoile que dans sa passion. En effet, c’est ce voile que Dieu vient lever aujourd’hui par la visite des mages en cette fête de l’Epiphanie.
Le Messie, annoncé jadis par Isaïe, comme la lumière vers laquelle les nations païennes marcheraient, c’est le Christ. Cette grande lumière qu’a vu se lever le peuple qui marchait dans les ténèbres c’est encore le Christ. Les mages n’ont-ils pas vu et suivi une étoile ? Oui, cette étoile représente la lumière de Dieu, qui guide tout homme vers le Christ. Et chacun de nous est guidé par une grâce vers la découverte de Jésus. Seulement, avons-nous le courage et la clairvoyance de la suivre jusque où elle nous conduit ?
Au coeur du récit de l’Epiphanie, les mages se prosternent devant l'enfant Jésus. Une question revient donc lancinante : « Et moi, devant quoi et devant qui, je me prosterne ? » : L’argent, le pouvoir, le sexe, l’accumulation des biens, etc. Aujourd’hui plus que jamais, les idoles deviennent nombreuses dans notre monde poussé à la consommation. Des sollicitations de tous genres fusent ça et là, promettant un soi-disant bien-être social. Avons-nous le courage de dire non ?
C’est dire que le nouveau peuple de Dieu est composé de tous ceux qui se prosternent devant Jésus, et non pas devant autre chose. Oui, les mages représentent de nos jours, tous les païens et incroyants, qui de tous les temps, ne connaissant pas le Christ, mais ont cependant une vie droite, et le sens de la justice. De fait, on peut parler de nos jours d’Epiphanies modernes, car Dieu qui est lumière, se montre et se manifeste au monde d’aujourd’hui à travers nous tous, lorsque nous sommes attentifs aux misères de ceux qui nous entourent.
écrit par le père Daleb
Homélie pour la Sainte Famille C (30 Décembre 2018)
Frères et Soeurs,
La famille de Jésus est souvent présentée comme une famille de rêve. Une famille que tout le monde aimerait avoir. Et pourtant, à lire le récit de l'enfance de Jésus que fait Luc dans ses premiers chapitres, nous pouvons en douter. Le récit de Luc n’est pas un reportage. Il écrit ce qu'il entendait dire des événements qui s'étaient produits. Il écrit ce qu'on se racontait pour que ne soit pas perdue cette naissance. Il nous présente un récit familial mouvementé, très descriptif de toute la vie de Jésus.
La présentation de Jésus au Temple par ses parents est l'un des rites de la religion juive. Elle rappelle que l'enfant devenu adolescent n'est pas un être isolé, qu’il est relié à une histoire, à des ancêtres, et d'une manière fondamentale au mystère de Dieu.
Pour Luc, il s’agit de nous révéler déjà ce que sera le mystère de Jésus. Il sera à la fois objet d'étonnement pour certains, et objet du rejet pour d'autres. L'épisode nous montre Jésus qui est au milieu des sages de son époque, comme s’il était un des leurs. Et Luc insiste sur la sagesse extraordinaire du jeune Jésus.
Mais le plus touchant, c'est ce que Luc met dans la bouche de Jésus adolescent, répondant à son père et à sa mère : «Il me faut être chez mon Père». Une réponse qui peut surprendre et même choquer. C'est dire que la vie de la famille de Jésus n'a pas été une vie plus facile que la nôtre. C'est finalement sur un autre niveau qu'il faut la voir sainte. Cette sainteté n'est donc pas à rechercher et à voir selon les critères de la morale.
Cela nous révèle que vivre ensemble en famille ne sera jamais facile. Marie et Joseph l'ont eux-mêmes appris en constatant la fugue rapportée par Luc. Oui, vivre ensemble ne sera jamais facile. Mais ce n'est pas parce que c'est dur que c'est impossible. Plus c'est dur, tant mieux. C'est peut-être parce que je viens d'Afrique, où la Famille a vraiment un sens dans la société. Et pourtant, même en Afrique, la vie en famille n'est toujours pas aisée. On y trouve un peu de tout, des joies comme des tensions et des peines. Mais tout sait se gérer au sein de la Famille. De famille parfaite, il n'en existe nulle part au monde.
Voyons comment se comportent les personnes qui constituent la sainte Famille. A chaque événement douloureux, Marie ne se laissait pas abattre, et jamais elle n’a pensé à se suicider. Elle se faisait plutôt accueillante de tout ce qui lui arrivait. émerveillons-nous qu'une femme ait vécu un tel coeur à coeur que rien ne pouvait déraciner en elle le projet de Dieu, celui de nous réhabiliter dans notre image au créateur. Pourquoi nous fais-tu cela dit-elle à Jésus ? Cette question à Jésus est parfois la nôtre quand les événements qui se présentent à nous ne sont pas toujours celles que nous désirons. Nous avons, comme Marie, du mal à comprendre pourquoi "Jésus" nous fait cela ? Pourquoi Dieu permet cela ? Ne cessons pas comme Marie d’exprimer à Jésus nos fortes émotions quand Dieu semble s’éloigner de nous. Pourquoi nous fais-tu cela ? Marie n'a pas laissé l'opacité de ces événements envahir son coeur. Remettons-nous en marche, questionnons notre entourage et gardons dans nos coeurs l’espérance de vivre.
Quant à Joseph, il n’est pas facile de parler de lui dans la Sainte Famille. C’est quelqu'un dont le langage est silence, et dont la vie est des plus modestes, des plus rudes, celle de charpentier. Joseph n’est pas un homme de parole, mais plutôt d’action discrète. Nous retrouvons Joseph au côté de Marie au moment de la naissance de Jésus. Nous le voyons présentant Jésus dans le temple au huitième jour. Et sans hésiter, de nuit, il se lève pour fuir en égypte. Aujourd’hui l’évangile nous le montre dans le Temple. Et puis, plus rien n’est dit sur Joseph. Notons donc que ce qui est dit de Joseph dans l'évangile, n'est que l’ombre du bon Père. Joseph nous rappelle en effet que ce que nous sommes s’accomplit aussi à travers nos actions, dans ce que nous faisons ou ne faisons pas. Il y a dans sa manière de vivre, qui est loin d'être spectaculaire, quelque chose à contempler : Il est le modèle d'un vrai croyant. Avec Marie, il s'est mis à l'école de son fils, cette sagesse qui grandissait sous leurs yeux.
J'en parle longuement, car trop de chrétiens ont une vue idyllique de la famille, la belle famille chrétienne bien soudée et unie. Avec Jésus, nous passons de la famille où nous naissons par le sang, à la famille spirituelle qui est offerte à tous.
Nous savons très peu de choses sur la famille de Nazareth, mais nous savons que Nazareth, c'est maintenant chez nous. Jésus demeure maintenant dans notre famille, il a le visage de notre conjoint, de notre enfant, de nos parents, et pourquoi pas de nos grand parents, nos oncles, tantes et neveux comme en Afrique, et comme il y a 50 ans dans nos campagnes.
écrit par le père Daleb
Homélie de la Fête de Noël C (25 Décembre 2018)
Frères et Soeurs,
Pour la plupart des chrétiens, Noël c’est la rencontre et la joie familiale autour de l’arbre de Noël ou de la crèche, avec les cadeaux que l’on s’offre ; cela fait la joie des enfants, mais aussi celle des parents qui se dépensent, courent partout pour faire plaisir. Cela fait partie de la tradition, même si notre société de consommation en donne une image excessive. Mais au départ, ces cadeaux veulent être le signe du Cadeau que Dieu fait aux hommes par l’incarnation de son Fils :
En effet, Dieu se fait l’un de nous à Noël. Un tout petit enfant faible et vulnérable, mais qui a sur ses petites épaules le pouvoir considérable de libérer les hommes du mal et de la mort, et de donner la paix au monde par son Esprit. A cette paix tout homme aspire au fond de son coeur, même le plus méchant… Quel Cadeau quand on y songe ! Mais, est-ce à Lui que nous pensons quand nous nous offrons ces cadeaux de Noël ? Est-ce au salut de nos frères et soeurs que nous pensons ?
Noël c’est Dieu qui est Amour, qui vient au milieu de nous, il vient vivre avec nous, en nous, pour que l’amour soit toujours plus fort, toujours vainqueur dans nos vies, contre les jalousies, les disputes, les divisions qui engendrent violence, rancune, amertume, et toutes sortes de tourments. C’est en recevant en nous ce Petit Enfant, Prince de la paix, Emmanuel, « Dieu avec nous », que nous apprenons petit à petit à rejeter le mal, à ne pas rendre le mal pour le mal, à ne pas juger, à ne pas condamner, à ne pas garder rancune, à pardonner sans cesse.
Noël, c’est l’accueil du grand Cadeau de Dieu : l’Enfant Jésus ! Il nous faut l’accueillir là où Il veut vivre : d’abord dans notre coeur qui est sa maison. Ensuite, il s’est fait prisonnier de l’hostie pour que nous puissions l’adorer et courir là où il se donne à voir : à la Messe et dans les tabernacles de nos églises.
Hélas aujourd’hui tant de chrétiens s’arrêtent aux signes matériels de l’amour (les cadeaux, et le bon repas familial) en oubliant celui qui en est la Cause, Jésus vivant, qui nous attend, qui se montre, qui se donne, pour nous offrir le salut. Il est vivant dans l’hostie, il est vivant là où sa Parole retentit, là où un coeur prie; là où des gens se rassemblent en Son nom ; il est vivant dans le tout-petit conçu dans le sein de sa mère, dans le pauvre qui souffre et qui a peut-être besoin de moi.
Quand nous allons à la messe avec un coeur aimant, nous recevons dans nos bras l’Enfant Jésus, et nous le berçons. Quand nous écoutons sa Parole religieusement nous lui permettons de nous sourire, et de le réchauffer à la manière du boeuf et de l’âne. Quand nous communions avec amour, nous lui donnons un baiser, et lui nous donne le sien. Et quand au sortir de l’église, nous faisons du bien à ceux qui en ont besoin, nous consolons l’enfant Jésus !
Alors, en ce Noël, ayons souci de lui ; Et offrons-lui tout l’amour de notre coeur !
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 4ème dimanche de l'Avent C (23 Décembre 2018)
Frères et Soeurs,
Nous réalisons à travers les textes que la Liturgie nous propose aujourd'hui que Dieu s’est donné du temps pour se faire proche des Hommes. Il s’est fait connaître et désirer tout au long de l’histoire de l’humanité. Oui, de l'épisode de la première lecture à celui de l'évangile, des siècles ont passé. Et pourtant, Dieu n'a cessé de cheminer avec son peuple jusqu’à la rencontre de ces deux femmes qui se saluent sur le seuil de la Nouvelle Alliance.
Oui : l’une est vieillissante, l’autre encore toute jeune ; et à elles deux elles résument toute l’histoire sainte. En effet, derrière Elisabeth, toute ridée, se profilent de longs siècles de préparation, et Marie, rayonnante, sans tache ni ride, annonce déjà l’Eglise de Jésus. Elles ont en commun leur espérance et leur maternité, mais surtout le fait que leur maternité les engage tout entières dans le plan de Dieu, et que leurs deux enfants sont des enfants de l’impossible : Elisabeth était stérile, et Marie était vierge.
Toutes deux témoignent dans leur chair que rien n’est impossible à Dieu ; mais quelle différence entre les deux bébés qu’elles portent ! L’un, par miracle, est le fils de Zacharie, l’autre, par miracle, est le propre Fils de Dieu. C’est pourtant Marie qui salue la première, elle la servante porteuse du Serviteur ; mais dès que le son de sa voix parvient à Elisabeth, celle-ci sent son enfant tressaillir dans son sein. Il n’y a là, en soi, rien d’extraordinaire pour une mère qui en est à son sixième mois, mais l’Esprit Saint, qui fait irruption en elle, lui dévoile la portée symbolique de ce mouvement de l’enfant au moment même de l’arrivée de Marie.
Et voilà Elisabeth qui, dans un grand cri, annonce ce que l’Esprit vient de lui révéler, et son cri est une double bénédiction : « Bénie es-tu entre les femmes. Béni aussi le fruit de ton sein ! ». Ainsi le face à face des deux mères ne fait que transcrire la rencontre invisible des deux enfants.
Frères et Soeurs, le récit de la visitation que nous méditons a été écrit pour nous aussi qui nous efforçons d’être disciples de Jésus. Dans ce texte, Dieu ne demande pas à Marie une obéissance aveugle, sans rien comprendre, mais une action issue du dialogue entre elle et Dieu. C’est dire que la foi est ce dialogue entre une personne et Dieu, c’est une relation qui s'intensifie au fil de l'échange. La foi ce n’est pas des affirmations toutes faites à apprendre par coeur.
Cet évangile met en mouvement tous ceux que Dieu rencontre et qui à leur tour rencontrent Dieu. Comme Marie, nous sommes porteurs d'une nouvelle. Comme Marie, prenons le chemin, même si nous ne savons pas clairement où il nous conduira. Mais comment suivre ces deux mamans si proches de nous, si ce n'est en vivant dans le même esprit de foi, en se remettant avec confiance à la Parole de Dieu, en accueillant les appels et les visites de Dieu ?
Luc nous invite à vivre Noël chaque jour avec cet amour de l’étonnement, du bouleversement et de l’audace qui caractérise Marie et Elisabeth. Nous serons ainsi de vrais disciples de Jésus et de véritables témoins de sa Bonne Nouvelle.
C'est à nous de chercher à reconnaître la présence de Dieu aujourd'hui dans notre monde et d'en être les témoins. Croyons-nous en la promesse de Dieu de faire un monde nouveau ? Comme Marie, ayons l’enthousiasme de partager cette bonne nouvelle, de la crier sur tous les toits, et de faire la fête, en sachant qu’il y a des gens seuls et qui n’ont pas de quoi faire la fête.
à nous maintenant de savoir nous étonner de ce que Dieu fait pour nous.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 3ème dimanche de l'Avent C (16 Décembre 2018)
Frères et Soeurs,
Trois fois dans cet évangile, une question est posée à Jean-Baptiste : Que devons-nous faire ? D'abord par la foule; ensuite par les percepteurs d’impôts; et enfin par les soldats. Luc veut sans doute montrer par là le caractère universel de l’appel à la conversion. Tout le monde, qu'importe le rang social et la profession, est appelé à se convertir.
Mais Jean-Baptiste, a une vie austère et un langage qui inquiète le peuple. En effet, la terreur semblait avoir surgi dans le coeur de ceux qui l'écoutaient. Du coup, ils devenaient impatients d'attendre la réalisation des promesses, car ils voulaient vite en finir. C'est à dire rencontrer enfin l’homme providentiel qui devait tout arranger : à savoir la liberté, la sécurité et la prospérité.
Or, Jean-Baptiste par sa réponse n'est pas très convaincant : « faites ce qui est juste, faite ce que vous devez faire » leur répond-il. Il invite simplement les gens à continuer de faire leur devoir, leur métier, sans plus. Mais en le faisant honnêtement, et en cherchant à faire le bien et le bonheur de leur prochain. Plus qu’un changement de vie, en fait il les invite à un changement d’état d’esprit. Il demande simplement de devenir plus humains.
Bien sûr qu'en tant que chrétiens, nous avons à vivre une vie morale honnête, mais Jésus nous demande beaucoup plus que cela. Il nous demande de le suivre sur les routes de l'amour, sur des routes qui peuvent être inconfortables à certains moments. Et cela demande une préparation, sinon on ne tient pas le coup.
Oui Frères et Soeurs, la préparation qui est l’autre nom de l’Avent, trouve son sens ici, car l’expérience nous montre que chaque fois qu’un invité spécial doit se rendre chez nous, nous sommes très soucieux de préparer le meilleur pour notre invité. C'est toute la compréhension du temps de l'Avent. Prendre le temps de nous préparer à accueillir le Messie.
Et Jean-Baptiste est envoyé auprès de tous comme précurseur, c’est-à-dire pour préparer cet accueil. C’est dire que le besoin de conversion s’adresse donc à tous et consiste à faire preuve d’humanité envers tout le monde. La conversion consiste à redonner la dignité aux marginaux, aux exclus et aux mal-aimés. Elle consiste à rétablir la justice pour tous, à ne pas délaisser les pauvres et les démunis.
La conversion nécessite des actes concrets. Alors, nous aussi : Que devons-nous faire dans cette attente ?
Toutes nos préparations à Noël sont inutiles si elles ne nous conduisent pas à un engagement. Or aujourd'hui plus que hier, on a peur de s'engager. Cependant, Jésus vient habiter en nous pour nous donner une nouvelle vie dans l'Esprit. Agissons donc dans des choses simples, concrètes, faciles, et immédiates. oeuvrons dans la vie de tous les jours. Prenons la peine de détecter les vrais besoins qui nous entourent.
Ainsi, que penser de Noël lorsque la situation actuelle où les fêtes de fin d’année ne semblent plus correspondre à rien ? Ou quand on sait que dans nos villes et familles, le Père Noël a ravi la vedette à l'enfant Jésus ? Ou que nos revendications sans fins, nous empêchent d'avoir un minimum de respect pour les autres et même pour les victimes des attentats (En pensant à Strasbourg).
Tentons alors de répondre à la question posée à Jean-Baptiste, et que chacun trouve donc ce qu'il y a à faire, selon que Dieu nous le rends capable.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 2ème dimanche de l'Avent C (09 Décembre 2018)
Frères et soeurs,
L'évangéliste Luc nous présente aujourd’hui le ministère de Jésus en énumérant les dirigeants politiques et religieux au moment où le précurseur, Jean-Baptiste, commence à prêcher. Ceci pour nous montrer que l'évangile est enraciné dans l'histoire réelle. Ce n'est pas un conte de fées qui illustre des vérités spirituelles ou morales. C'est une histoire vraie qui s'est produite à un moment et à un endroit donnés. Tibère est l'empereur de Rome; Ponce Pilate est gouverneur; Hérode est prince. Il y a aussi les chefs religieux Hanne et Caïphe. Et puis, il y a Jean dans le désert. Autant d'éléments qui peuvent se vérifier.
En nommant tous les dirigeants du monde de son époque, Luc nous rappelle que le message de Jean-Baptiste s’adresse à tous et non pas seulement aux Juifs. Avec Jean-Baptiste, la parole de Dieu s’exprime, non pas à travers les grands de ce monde, qu’ils soient chefs politiques ou religieux, non plus dans le brouhaha des grandes villes, mais à travers un inconnu, un pauvre prophète, dans le silence du désert. Oui, la parole de Dieu ne fait pas de bruit et elle ne se fait pas souvent entendre là où on l’attend.
Au temps de Jean-Baptiste, elle se fait entendre au désert. Elle murmure dans le silence, dans cet espace vide, libre de tout encombrement, de toute agitation, de toute action même. Elle met en mouvement, car voici que Jean-Baptiste se met à annoncer un renouveau.
En effet, cela faisait plusieurs centaines d’années qu’il n’y avait pas de prophète en Israël, un prophète appelant le peuple au renouveau et à la réforme spirituels. Jean-Baptiste est précurseur d’une grande joie, d’une grande arrivée. Son programme est très simple : changez de métier, devenez non violent, non guerrier, aplanissez, débarrassez-vous de l’inutile et vous verrez le salut de Dieu. à l’opposé du fanatique qui détruit l’autre, ou de l’extrémiste religieux ou laïc qui est sur le devant de la scène de notre monde, au milieu de cette cacophonie où chacun défend sa vérité et veut enfermer l’autre dans son système de vie, Jean-Baptiste offre une voix toute frêle, une petite voix vulnérable qui annonce sans l’imposer un vaste projet de salut, d’humanisation des moeurs de son temps, un projet de Joie.
L’explosion de joie dans la liturgie d’aujourd’hui, celle de Baruc, celle de Paul se réjouissant de voir sa jeune communauté chrétienne marcher sans trébucher, celle de Jean-Baptiste - sera toujours proportionnelle à l’intensité du drame vécu. Ce sont les drames humains qui font naître à la joie. Notre monde a besoin de voir que nous sommes des chrétiens transfigurés par une naissance qui nous habite. La voix qui invite à la joie a aussi besoin des autres pour s’ouvrir à la joie; toute personne qui prêche la Parole de Dieu doit toujours se rappeler que ce n’est pas sa propre parole ou ses propres idées qu’elle proclame, mais la Parole de Dieu.
Ainsi, le message de Dieu pour les temps difficiles est la bonne nouvelle de son salut. Pour qu’il y ait rencontre, nous devons prendre le risque de la route et marcher. Ce n’est pas dans la tristesse et dans la peur que nous devons marcher; le prophète Baruc nous le dit, c’est plutôt dans la joie et dans l’espérance.
Ce qui a de l’importance, c’est que nous ayons le coeur ouvert. Ouvert à Dieu. Ouvert, c’est-à-dire prêt à accepter de nous remettre en cause, prêt à changer nos petites habitudes, prêt à accueillir celui qui frappe à notre porte. Ouvert, c’est-à-dire prêt à reconnaître notre état de faiblesse, nos petitesses, nos erreurs, notre péché et donc prêt à accueillir le pardon de Dieu. Nous devons ouvrir une route à Dieu dans nos vies, sinon, c’est clair, il ne pourra pas passer.
Nous sommes toujours invités à entrer dans le désert et à marcher, car la voix qui criait dans le désert a traversé les siècles et le message est toujours d'actualité. La venue de Jésus n'est pas qu'un fait historique. Il est un fait quotidien.
Nous aussi, chaque jour, écrivons une page de l'histoire de notre salut comme cela a été le cas au temps de Jean-Baptiste, de Tibère, et de Pilate. Aujourd'hui encore, c'est Dieu qui est à l'oeuvre et qui ouvre le chemin dans nos déserts. à chacun de faire comme Jean-Baptiste : essayer de percevoir la parole de Dieu dans le silence du désert. Saurons-nous l’écouter ? Pour nous préparer à accueillir Dieu qui vient à nous.
Nous nous préparons à fêter Noël, mais à proprement parler, c'est Noël tous les jours. Car c'est tous les jours que Jésus nous attend et nous accompagne. C'est tous les jours que nous avons à lui faire une place dans nos vies et dans nos pensées, à lui faire la première place.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 1er dimanche de l’Avent C (02 Décembre 2018)
Frères et Soeurs,
Avec ce dimanche, nous entrons dans le temps liturgique de l’avent, quatre semaines pour se préparer à la fête Noël. Ce qui est censé être un temps de joie. Mais pourtant la liturgie nous parle de mourir de peur ! Pourquoi ? Parce que la finalité de l’avent n'est pas que la venue partielle du Christ, mais plutôt la fin du monde : c'est à dire sa venue définitive, la venue finale de Jésus ressuscité. Ainsi, tout en préparant cette venue imminente de l'enfant Jésus, nous sommes invités à préparer en même temps, la rencontre définitive avec le Christ dans sa gloire.
à Noël, Dieu ne vient pas à nous dans le fracas, l’agitation et la hâte. Il vient plutôt comme un enfant dépendant. Il vient dans notre monde et cherche un peu de place en nous pour y créer du neuf. Ce temps de l'Avent, est donc celui où nous sommes invités à lui faire de la place dans notre vie. Noël c'est l'inauguration des temps nouveaux.
En effet, les premiers chrétiens attendaient un retour imminent de Jésus, et ils espéraient rapidement les temps nouveaux. Malheureusement, fort de cette attente, ils ne voulaient plus rien faire, car pensaient-ils que cela n'allait servir à rien. On entendra Paul leur adresser ce message : "j'entends que beaucoup parmi vous vivent, affairés sans rien faire". C'est pourquoi dans la première lettre aux Thessaloniciens, Paul ne niant pas ce retour de Dieu, exhorte les chrétiens à reprendre les activités quotidiennes interrompues. Puisque l'attente se fait longue et que nous ne savons ni le jour ni l’heure. Ainsi pour Paul, développer l'amour les uns pour les autres devient le meilleur moyen de bien vivre cette attente.
Mais comment comprendre ces mots de Jésus lorsqu'il parle de sa venue comme de la fin du monde ? Jésus ne décrit pas la destruction de l’univers dans un immense cataclysme. Il décrit plutôt, de façon symbolique, le désordre établi au coeur de l’humanité par l’orgueil et la suffisance de l’humain face à Dieu. Aux yeux de Jésus, le plus grand cataclysme que nous pouvons générer, c’est de chercher à vivre notre vie sans Dieu, à nous passer de lui. Les paroles de cet évangile nous invitent plutôt à regarder venir l’avenir non avec tremblement, mais avec confiance.
Devant les mauvaises nouvelles de l’actualité (désastres, guerres, catastrophes, hausse des impôts et du prix du carburant, blocages des routes et saccages de Paris par les gilets jaunes) nous pouvons broyer du noir. Mais qu'est-ce qui nous afflige tant ? Les épreuves en elles-mêmes ? Non. Mais c’est notre façon de nous laisser écraser par elles et de les subir. Oui, nous pouvons nous laisser dominer par toutes les petites contrariétés de la vie quotidienne. Ecoutons Jésus nous dire : «Redressez-vous et relevez la tête ».
Jésus nous fait comprendre que l’attitude fondamentale de la vie est la vigilance. Voici venir des jours… où Jésus nous propose de vivre debout en redressant la tête, en retroussant les manches. Jésus nous propose de rester en état d’éveil. En état de résistance comme cette promesse de bonheur que Jérémie a adressée à tous ceux et celles qui se trouvaient dans le malheur. Mais veiller et être vigilant n’est pas facile.
Seule la prière peut nous y aider. La prière nous éveille à cette autre dimension des choses. Elle nous conduit à reconnaître peu à peu, dans le fracas des tempêtes de ce monde, la brise légère du Dieu qui vient. Soyons constamment en alerte, car c'est au fil de notre quotidien que se présentent les occasions à saisir pour construire notre propre humanité. Le temps de l’avent est un temps d’attente, mais pas une attente passive. C’est une attente qui comme toute gestation est porteuse de promesses. Une attente qui se nourrit d’espérance.
Que ce premier dimanche de l’avent nous donne cette espérance que Jésus vient. Qu’il vient un peu chaque jour à travers multiples visages. Il viendra un jour d’une manière définitive en pleine gloire nous faire naître de nouveau dans son Royaume. Les bouleversements du monde ne se feront pas à l'extérieur, mais à l'intérieur de nous-mêmes, en nous, dans notre coeur. C'est là que Jésus revient, c'est là que commence la fin du monde, le début du monde nouveau.
Veillons, car voici venir des jours…
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 33e dimanche du temps ordinaire B (18 Novembre 2018)
Frères et Soeurs,
Nous voici presque au terme de l'année liturgique, et les textes proposés aujourd'hui parle de la fin des temps et du jugement dernier. La fin du monde annoncée comme un temps de détresse, comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, dit le Livre de Daniel. Pour notre gouverne, ce livre a été écrit vers 160 avant Jésus lors de la persécution d’Antiochus épiphane. C'était à une époque où la foi était menacée, et où l’espérance s’affirmait aussi avec force. Curieusement ce style est repris dans les années 70 de notre ère, au moment où Marc écrit son évangile. En effet, à cette seconde époque la ville de Jérusalem et le Temple viennent d’être détruits par le Romain Titus. Face à tout cela, pour les premiers chrétiens, plus aucun doute, la fin des temps annoncée jadis par Daniel était pour bientôt. Mais cela n'était pas pour eux des jours de malheurs, plutôt l'occasion de faire la fête, car ce serait bientôt l'entrée dans le Royaume de Dieu puisque Jésus nous a libérés une fois pour toutes. Et la lettre aux Hébreux appuie ce côté définitif, irréversible.
Frères et Soeurs,
Chaque génération a connu des catastrophes d’origine humaine ou naturelle. D’une part, les tsunamis, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, une pollution galopante… d’autre part, les guerres, les génocides, les conflits meurtriers, les attentats et la menace nucléaire, sans tenir compte des fléaux tels que la peste, Ebola, etc. Tout ceci capable de mettre fin à l’histoire de l’humanité. Poussant ainsi l’humanité à s'interroger sans cesse : combien de temps nous reste-t-il à vivre, combien de temps encore pour la planète ? Serons-nous sauver de ce cataclysme ? Quand alors ? Et devant tout cela, la Foi chrétienne semble muette. Alors que les Mayas et autres ont essayé d'y répondre. Quel est donc l’intérêt de la foi chrétienne si même le Fils de l'homme ne sait pas quand arrivera la fin ? à quoi sert-il de se torturer l’esprit pour vivre l’évangile fidèlement ?
Oui, ces textes annonçant la fin peuvent nous angoisser. Cependant, ne laissons pas ces grandes frayeurs nous perturber. Nous ne devons pas aussi nous détourner de ces textes sous prétexte qu’ils correspondent à une époque révolue ou à un univers religieux qui est éloigné du nôtre.
C'est dans ce sens que dans l'évangile, le discours de Jésus rapporté par Marc répond d’abord à la question posée par les disciples : «quand cela arrivera-t-il ?». Dans un langage apocalyptique, Jésus donne à ses apôtres les signes avant-coureurs de Pâques, le moment où le monde change. Le soleil et la lune, les étoiles et toutes les puissances des cieux s’éteindront pour laisser briller la puissance du Fils de l’homme, quand il viendra sur les nuées du ciel. Puis des persécutions qui ne manqueront pas de les atteindre en tant que disciples de Jésus. Mais avec l’aide de l’Esprit Saint, ils continueront la mission de Jésus. Il aura été mis à mort et sera ressuscité.
Ainsi, à la suite de Daniel dans la première lecture, Jésus nous montre que tous nos actes ont des conséquences pour notre avenir. N’attendons pas demain pour poser ces gestes qui nous feront passer dans l’éternité. Pour que demain ne soit pas chargé d’amertume et de regrets, vivons cet aujourd’hui qui nous est donné. Soyons vigilants et sachons lire les signes de ce qui déshumanise notre monde quand nous refusons de faire confiance à Dieu et de vivre l'évangile.
Regardons bien ce qui se passe autour de nous, essayons d'en analyser les causes. Par notre action, par notre vie et notre prière, en restant à l'écoute de l’évangile, essayons de faire en sorte que ce soit un monde meilleur qui vienne. Observons les signes d’aujourd’hui, ceux qui nous font découvrir que Dieu est là, présent, tout proche de nous, ceux qui nous permettent de voir son royaume grandir et progresser. Ouvrons notre regard pour remarquer ceux et celles qui luttent pour que les petits deviennent grands et que les grands cherchent à donner les places d’honneur aux pauvres et aux exclus.
C’est dans cette perspective que nous devons lire les discours sur la fin des temps. La fin du monde n’est pas un quelconque retour au néant de l’humanité, ou la simple fin d’une civilisation, mais au contraire l’accomplissement du projet de Dieu. Quand Jésus parle de la fin d’un monde, c’est celui du vieil humain qui est en nous; il doit mourir. Ne craignons pas ce monde nouveau qui naît, car comme un printemps après l’hiver, c’est une renaissance. Ce n’est pas une catastrophe, c’est la réussite du plan de Dieu.
écrit par le père Daleb
Homélie pour le 32e dimanche du temps ordinaire B (11 Novembre 2018)
Frères et Soeurs,
L’auteur du 1er livre des Rois illustre la générosité du coeur avec la veuve païenne de Sarepta qui offre ses dernières provisions au prophète élie. La même générosité est illustrée par st Marc à travers une autre veuve qui dépose quelques piécettes d’argent dans le tronc du Temple.
En effet, jusqu’au temps de Jésus, et même bien après, les veuves et les orphelins étaient parmi les plus pauvres de la société. Une veuve n’avait aucun droit, mais l’enseignement du Christ aujourd’hui nous révèle que la dignité humaine ne se mesure pas selon notre appartenance à un peuple, à une église, ou encore à notre statut social. Et on constate de nos jours qu'il y a bien plusieurs manières de se sentir démuni : démuni d'atouts pour faire sa route dans la vie, démuni de santé ou de grâce physique, démuni d'appuis ou d'amitié.
Ceci étant, la pratique de la religion ne repose pas sur la visibilité d'un geste, sur la manière de s'habiller ou de discourir jusqu'à imposer un joug qui ne s'adresse qu'aux autres. Avec le don de ces deux piécettes par la veuve, nous sommes au centre des folies de l'évangile. Folie pourquoi, parce qu'on constate que ne pas tout donner, c'est ne jamais donner assez. Folie, parce que celui qui possède sans être généreux, est en réalité pauvre.
Ici le christ met en relief les scribes, qui parfois, font semblant de prier. Ils aiment jouer les importants et souhaitent être les mieux placés au Temple et à la table du festin. Les veuves, quant à elles, symbolisaient la fragilité et la vulnérabilité. Du coup, le contraste est frappant. D'un côté, ces scribes, ces hommes, qui ont la connaissance, la richesse, le prestige, l'autorité religieuse. De l'autre, une veuve démunie qui est dans la radicalité de l'évangile. Si elle dépose deux piécettes, c'est parce qu'elle veut soigner son être et non son paraître. Elle pose des gestes qui donnent sens à la vie.
Et nous ici rassemblés, de quel côté sommes-nous ? Nous agissons parfois dans le domaine du paraître dans notre monde d'hyperconsommation et d'individualisme. Tout nous pousse à la consommation, au cumul des biens, au surplus, à l'abondance. Notre regard est souvent déformé, et parfois même tordu. Nous ne savons plus discerner l'essentiel de l'accessoire, le bon du mauvais. Nous sommes facilement fascinés par tout ce qui brille, tout ce qui tape l'oeil et qui demain tombera dans l'oubli. N'est-ce pas du Pharisianisme ?
Nous sommes invités aujourd'hui à ne pas être des gens qui disent et ne font pas, qui tiennent à donner bonne apparence, mais qui sont pourris intérieurement. Ne soyons pas des gens prêts à écraser les autres de leur mépris et même à les dépouiller de leur avoir.
Or malheureusement, nul d'entre nous n'est à l'abri de vivre dans la recherche de la possession, de la jouissance égoïste; chacun est tenté de mépriser l'autre et de l'écraser pour prendre sa place et le dominer. Chacun de nous est au risque du paraître et du faux-semblant. Combien se cachent derrière la religion pour justifier leur intransigeance et leur intolérance ? Nous nous enfermons sur nous-mêmes et manquons de donner la chance de vivre aux plus vulnérables de notre société. Ne sommes-nous pas coupables de la pauvreté grandissante autour de nous ? Est-il plus important pour nous de paraître, ou d’être ? Voilà des questions lancées tout azimut par Jésus. Jésus veut nous faire passer de la logique de l’avoir à celle de l’être, du verbe donner au verbe "se donner".
C'est pourquoi, la parabole de Jésus parle aussi de lui-même qui s’apprête à tout donner sur la croix, à tout donner pour nous faire vivre. Se donner, c’est donner de tout son coeur. C’est s’engager personnellement dans une relation d’amour, de charité avec celui auquel nous donnons. C’est le message de la seconde lecture, la lettre aux Hébreux.
Les deux femmes ont osé prendre un risque. Elles n'ont pas eu peur de leur pauvreté, ni devant Dieu ni devant le monde. Elles ont donné comme elles avaient résolu en leur coeur. Ce qui plaît à Dieu, ce n'est pas la quantité que nous donnons, mais la manière de donner avec amour. Qu'avons-nous à donner ? Nous aurons toujours à donner cette piécette de charité que nous ne pouvons pas garder cachée, puisque Dieu la voit.
Somme toute, reconnaissant qu'en chacun de nous se mêlent l’attitude du scribe et celle de la veuve. Demandons donc à Dieu que le don humble de nous-même l'emporte toujours.
écrit par le père Daleb
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