Paroisse Notre Dame de l'Assomption
Ham

Homélie pour le 6ème dimanche de Pâques (22 mai 2022) par le père Léon

Le signe de la présence de Dieu parmi les hommes, ce ne sont pas les briques et les pierres du lieu où nous sommes maintenant réunis. Ce n’est pas non plus l’arrangement de ce lieu, son mobilier ou sa décoration. Non, nous sommes nous-mêmes signes de la présence de Dieu parmi les hommes, par nos vies, par notre façon d’être et d’aimer, comme Jésus a aimé. Nous pouvons donc commencer dans la joie et la reconnaissance !

Nous sommes invités à entrer dans une relation profonde avec Jésus. Une relation qui peut transformer notre vie. Et qui passe par l’amour que nous avons pour Lui. Le signe, de cet amour pour Jésus, est le fait de garder sa parole et le fruit, le fait que Dieu fait, en nous, sa demeure. La rencontre avec Jésus bouscule notre vie. Cette rencontre nous déplace et, même les plus sûres de nos certitudes peuvent être ébranlées. C’est ce qui se passe dans la première lecture autour de la question de la circoncision. Faut-il la faire ou pas, comme signe religieux pour être sauvé ? La rencontre avec Jésus vient bousculer tout ça et montrer une nouvelle perspective. La foi en Jésus Christ, mort et ressuscité, peut être définie ainsi : elle nous donne de nouvelles perspectives.

Jésus vient chercher ce que nous avons de plus profond en nous. Il vient creuser, purifier. Il vient nous rappeler que nous sommes appelés à vivre dans l’amour. Mais pas n’importe lequel. Il s’agit de cet amour qui sauve. Qui relève. Qui redonne vie. Un amour qui sauve ? Oui, l’amour du Christ nous sauve de notre incapacité à aimer de manière ajustée. Il nous retire de l’enferment de l’égoïsme et de l’auto-suffisance qui nous empêchent, bien souvent, de voir l’action créatrice de Dieu autour de nous.

Et cet amour nous relève car il nous entraîne vers la vie. La vie en Dieu et avec Lui. Et qui change notre propre vie.

Cette rencontre avec Jésus nous bouscule parce qu’il veut faire, justement, en nous, sa demeure. Et pour qu’il fasse sa demeure en nous, il faut que nous lui fassions de la place. « Si quelqu’un m’aime, - nous dit-il - il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Voici la clé pour vivre un amour qui sauve, qui relève et qui redonne vie : la Parole. Lorsque nous gardons la parole de quelqu’un que nous aimons, cette parole nous donne envie de devenir meilleur. Devenir meilleur, en gardant la parole de Jésus, c’est changer, mais c’est surtout, se laisser transformer et, petit à petit, comme Jésus, prendre soin de ceux que Dieu nous donne à aimer. Et l’amour le plus noble est celui qui aime jusqu’au bout ! Lorsque tout, autour de nous, montre le contraire et nous fait toucher ce qui n’est pas l’amour, le Seigneur nous redis : « que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » Et pourquoi ? Parce que Dieu est là, présent. Il nous aime et il veut que nous ayons la vie en Lui. Par son Esprit Saint, Dieu nous révèle que sa présence est constante dans notre vie. Et nous sommes invités à entrer en relation avec lui, cette relation qui nous transforme de l’intérieur. Puisque c’est une relation d’amour. Un amour qui agit !

Arrêtons-nous quelques instants. Et posons-nous la question : dans ce que je vis aujourd’hui, dans tout ce qui fait ma vie (même si ce n’est pas la vie dont j’ai toujours rêvé), comment je fais pour voir l’action de Dieu ? Et l’action de Dieu a plusieurs facettes. Elle peut être transformante, consolatrice, fortifiante, apaisante… mais quoiqu’il en soit, elle est toujours agissante. Dieu agit dans notre vie.

Frères et sœurs, demandons au Seigneur de renouveler notre capacité à aimer. D’aimer ceux qui nous sont donnés à aimer, mais d’aimer aussi Jésus. Rendons donc notre cœur disponible pour recevoir le don de Dieu. Sa force. Et laissons-nous transformer par Lui. Laisse-toi aimer par Lui. Par cet amour qui donne sens à notre existence. Cet amour qui sauve, qui relève et qui redonne vie ! Ainsi nous pouvons goûter la paix que le Seigneur nous donne, cette paix c’est vivre dans la confiance car la confiance est le fruit le plus noble de l’amour !

écrit par le père Léon

Homélie pour le 4ème dimanche de Pâques (08 mai 2022) par le père Léon

Ce passage d’évangile d’aujourd’hui est très court, mais il fait suite à une réponse de Jésus au Juifs qui lui demande: Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement. Alors Jésus leur dit: ce sont les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous, vous ne me croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.

Puis il continue : mes brebis écoutent ma voix et moi je les connais… Jésus nous redis qu’il est venu pour nous guider, il ne nous abandonne pas, et il aimerait que nous lui fassions confiance.

«Personne ne peut les arrachera de ma main » dit Jésus le Bon Pasteur, qui livre sa vie librement pour les hommes pécheurs, rebelles que nous sommes. Jésus disait à Pierre « Sois le Pasteur de mes brebis » (Jn 21). Nous appartenons à Jésus le Fils bien-aimé. En ce dimanche de prière pour les vocations, nous contemplons Celui qui nous conduit et nous garde dans l’amour de son Père. Le Père a envoyé Jésus, par amour, pour sauver les hommes. Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils. Tout homme qui croit en Lui a la vie (Jn 3, 16). Le Père est la source de l’Amour qui se donne. Il engendre le Fils, le Verbe, sa Parole éternelle. Dans la liturgie et l’Evangile, le Christ nous parle et révèle l’amour du Père. Prier pour les vocations, c’est croire en un Dieu qui n’est pas imaginaire, en un Dieu que Jésus nous révèle par sa vie, par sa prédication sur les routes de Galilée, sa mort d’amour et sa résurrection. C’est croire en Jésus l’Envoyé du Père, qui vient nous sauver, nous unir à lui de telle manière que rien ne peut nous arracher de la main du Père. Au cours de son dernier repas, Jésus déclare : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». (Jn 15). Quelle joie d’être appelés par notre Seigneur « Je vous appelle mes amis ». L’image biblique du troupeau nous apprend que Dieu prend soin de nous, Dieu nous aime jusqu’à risquer sa vie pour celui qui s’échappe, s’éloigne, refuse de suivre Jésus. Il est le Bon Pasteur. Dans son message pour cette 59ème journée mondiale de prière pour les vocations, notre pape dit que toute vie chrétienne est marquée par la rencontre avec Jésus Christ. « L’appel du Seigneur… est l’initiative amoureuse avec laquelle Dieu vient à notre rencontre et nous invite à entrer dans un grand projet dont il veut nous rendre participants ». « Dieu a pour nous de grands désirs. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance » (GE1). Le but de notre vie, c’est la vie avec Jésus, c’est la communion avec le Père riche en miséricorde. Être chrétien, c’est être du Christ, c’est vivre du Christ, c’est vivre à la manière de Jésus, par le don et le souffle de l’Esprit Saint. Le Seigneur donne les moyens de marcher vers le Père pour devenir des saints. « L’existence chrétienne naît et se développe justement dans la communauté ecclésiale, grâce à la liturgie qui nous introduit à l’écoute de la Parole de Dieu et à la grâce des sacrements » (François, Message). Aimer Jésus et le faire aimer. C’est aussi l’élan missionnaire, le dynamisme missionnaire qui fait naitre les vocations. Oui, les vocations spécifiques jaillissent du cœur de Jésus. « Le sacerdoce, disait le Saint Curé d’Ars, c’est l’amour du cœur de Jésus ». Elles viennent de et dans la prière, prière de l’Église, des familles, des paroissiens, de notre prière. De la prière jaillit la mission.

Faire aimer Jésus habite le cœur de tout baptisé, est au cœur de tout projet missionnaire. Pour cela, n’ayons pas peur des projets audacieux, de qualité. Le Seigneur a risqué pour nous. « Il n’y a pas de joie plus grande que de risquer sa vie pour le Seigneur … » A vous les jeunes, je voudrais dire : ne soyez pas sourds aux appels du Seigneur s’il vous appelle… Faites-lui confiance. A ceux qui laissent les filets et la barque pour le suivre, le Seigneur promet la joie d’une vie nouvelle, qui comble le cœur et anime le chemin. Je peux témoigner de cette joie d’avoir répondu à l’appel de Jésus, pour le servir comme prêtre. Joie renouvelée par les missions reçues de l’Evêque, par l’arrivée dans la paroisse. Prions pour les jeunes qui choisissent leur avenir, pour faire la volonté du Père et répondre à l’appel de Jésus, dans la joie et l’audace que donne l’Esprit Saint.

Frères et sœurs, en cette journée de prières pour les vocations, c’est peut-être ça que nous pourrions lui demander. Bien sûr il y a les vocations religieuses, les prêtres pastoraux et les nombreux bénévoles en Eglise qui ont besoin de nos prières.

Mais on se pose des questions, moi, quel est ma vocation ? Qu’est-ce que le berger attend de moi, dans mon quotidien d’hommes et de femmes, de jeune ou moins jeune, de grands-parents, retraité et même malade ou handicapé ? Chacun a une place à prendre, pour être cet ami par qui le Seigneur passe, pour témoigner et semer la confiance en l’amour de Dieu autour de nous.

écrit par le père Léon

Homélie pour le dimanche des Rameaux (10 avril 2022) par le père Léon

La liturgie d’aujourd’hui, qui ouvre la Semaine Sainte, est un condensé du mystère du Salut. De l’incarnation (deuxième lecture), jusqu’à la passion (et donc, mort et résurrection) du Seigneur. Elle nous met au cœur de la relation de Dieu avec l’humanité et de cette folie de l’amour d’un Dieu qui se donne. Un Dieu qui a pris notre humanité pour la rendre divine. Un Dieu qui nous donne de vivre de sa Parole. Un Dieu qui nous invite à nous laisser transformer par son amour. Un Dieu qui se donne en nourriture et qui sans cesse nous rappelle que nous sommes invités à nous laisser transformer par Lui.

Dans la lecture du livre du prophète Isaïe, nous avons entendu ceci : « Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. » Dieu donne ! Il nous offre la possibilité d’être de passeurs de vie et d’espérance puisque nous pouvons « soutenir celui qui est épuisé. » Toutefois, pour que cela arrive, il nous faut être des disciples. Et nous ne pouvons pas être des disciples si nous ne prenons pas le Christ comme un véritable modèle.

Nous avons, chacun de nous, nos lieux de combats, de joies. Nous avons des moments où tout semble aller de soi et d’autres où le doute s’empare de notre cœur. Mais le Seigneur veut que nous soyons ses disciples. Et pour être disciple il est, tout d’abord nécessaire, de commencer par écouter. Ecouter la parole de Dieu qui nous déplace. Et nous laisser déplacer par elle. Ensuite, contempler le Christ. N’est-il pas la Parole de Dieu faite chair ? Et contempler le Christ c’est savoir quelle attitude nous devons avoir. Et ceci n’est pas une question de devoir, mais d’amour. Si Jésus est au cœur de ma vie, s’il est mon ami, ses paroles et ses gestes seront alors modèle pour ce que je veux vivre.

Et c’est lorsque je m’éloigne de lui que je peux avoir la même attitude de Pierre ou de Judas. Je peux le renier, le trahir ! N’est-ce pas cela que nous voyons dans nos journaux ces temps-ci ? Des disciples qui parlent de Jésus, mais qui ne vivent pas avec Jésus. Et au lieu donc, de « soutenir celui qui est épuisé », leur contre témoignage blesse profondément. Mais ne nous dupons pas, nous pouvons, nous aussi être, nous-mêmes, comme cette foule qui acclame Jésus comme « roi » et qui, plus tard, crie « crucifie-le ». Nous pouvons, nous aussi, parler de Jésus et ne pas vivre avec Jésus.

Nous sommes, chacun, invité à être disciple. Et quel disciple voulons-nous être ? Personne d’entre nous n’est parfaite. Chacun porte en soi des fragilités, mais c’est en vivant de la Parole de Dieu, c’est en aimant Jésus, c’est en vivant la fraternité, que nous pouvons alors être témoins de l’Evangile. Être témoins de la vie. Et la Semaine Sainte nous invite à entrer dans cette démarche pour grandir comme disciples et amis du Christ, et comme frères. Nous traversons le désert ensemble. Que notre regard soit fixé sur celui du Christ. Et que chacun puisse se laisser transformer par son amour ! Car le Seigneur vient, toujours, à notre secours !

écrit par le père Léon

Homélie pour le 5ème dimanche de Carême (3 avril 2022) par le père Léon

Dans l’évangile de ce jour, qui de nous n’est pas saisi par cette rencontre dramatique de Jésus et de la femme adultère ? Qui de nous n’est pas touché par la violence de la condamnation qui pesait sur elle en raison de la Loi ? Qui ne s’est pas retrouvé une fois ou l’autre dans la peau de cette femme ou au contraire parmi ses accusateurs, nous sommes si rapides à juger, à repérer les manques et les différences ? Et comment ne pas être impressionné par le silence de Jésus écrivant sur le sable, alors que tous attendent de lui une sentence pour condamner cette femme ? Il y aurait tant de choses à dire à partir d’un texte magnifique ! Mais je voudrais simplement parler de l’accueil et du regard de Jésus. Car cet accueil et ce regard, c’est ceux qu’il porte sur chacun d’entre nous.

L’évangile nous dit que l’intention des pharisiens, en présentant cette femme à Jésus, est de le tenter pour pouvoir l’accuser. Car le piège est évident. En effet, la loi juive (cf. Lev.20, 13 et Dt 22, 22) prescrivait la lapidation pour l’adultère. Si Jésus prononce une sentence de miséricorde, les pharisiens l’exploiteront comme violation à la loi divine, donc en contradiction avec ce qu’il prétend être : le Fils de Dieu ; il serait alors lui-même passible de mort. Mais d’autre part, la loi civile des romains interdisait aux Juifs de procéder à une exécution capitale (cf. Jn 18, 31) ; et donc, si Jésus prononce une sentence de mort, en cohérence avec la loi de Moïse, les Juifs pourront rapporter au pouvoir romain cette infraction ; Jésus encore une fois serait alors passible de mort. Le choix où Jésus semble acculé donc le suivant : ou violer la loi divine en usant de miséricorde, ou violer la loi civile en se prononçant en faveur la loi divine…

En fait, le sort de la femme est totalement indifférent aux juifs ; qu’elle meure ou qu’elle vive, peu leur importe. Ce qu’ils veulent, c’est faire mourir Jésus.

Et voilà que Jésus ne répond pas ! Est-ce que cela veut dire que la situation de cette femme ne l’intéresse pas ? Est-ce qu’il fait semblant de n’avoir pas entendu ? Ou est-ce qu’il fait semblant de laisser croire que cette femme n’aurait rien fait ? Nous voyons bien que non. Jésus renvoie chacun à sa propre responsabilité, et à son propre regard sur les autres : « Que celui qui n’a jamais péché, lui jette la première pierre. » et Jésus lui dit : « Je ne te condamne pas » .

Pourquoi dire tout cela ? Parce que cet évangile est proposé le 5ème dimanche de carême et qu’il est là pour nous signifier le mystère absolu du pardon des péchés dans le mystère de la croix. Ce mystère du pardon est au cœur même de ce qui se joue lors de la mort du Christ en croix. Le pardon des péchés sur la croix est un pardon total, absolu, gratuit et sans conditions. Il ne demande rien en échange, ni conversion, ni acte de contrition. C’est le cas pour cette femme qui n’est définie que par son acte et dont on ne sait rien. Elle est réduite à son péché. La seule parole de cette femme sera de dire que personne ne l’a condamnée, elle n’exprime aucun remords, ni engagement à changer de vie. Le pardon lui est donné gratuitement.

Nous le comprenons en voyant Jésus écrire sur le sol pendant qu’on accuse la femme adultère. Pourquoi fait-il cela ? Pourquoi ne regarde-t-il ni la femme ni les Juifs ? Parce que Jésus refuse de regarder l’humiliation de cette femme et la dureté de cœur des juifs. Parce que Dieu est créateur, et qu’il n’a pas créé le mal. Quand Dieu regarde sa créature, il ne peut pas la voir à partir du mal. Or c’est ce que font les Juifs.

Ils ne voient dans la femme que le mal, ils ne la voient qu’à partir du mal, parce qu’ils sont eux-mêmes habités par le mal. Et c’est seulement quand ils sont tous partis que Jésus se redresse et la regarde. Il l’enveloppe de son regard créateur, de recréation, de guérison ; ce même regard recréateur qu’il a eu sur Marie-Madeleine, sur Pierre qui a renié, sur nous qui avons péché… Jésus voit quelque chose de plus grand dans cette femme que son péché. Il voit en chacun de nous quelqu’un de plus grand que ses limites, ses faiblesses, ses péchés, lui qui s’est laissé blesser par l’injustice, qui a pris sur lui la blessure, la souffrance du monde entier. En chacun de nous, il voit quelqu’un qui est aimé infiniment par son Père, quelqu’un qu’il a sauvé par sa mort et sa résurrection.

Frères et sœurs, le Christ nous invite à faire de même. Il nous invite, au lieu de voir d’abord le mal, ce qui est le plus évident, de commencer par voir le bien, et d’entrer ainsi dans le regard recréateur de Dieu. Et c’est ainsi que chacune et chacun d’entre nous, à notre place, par la manière dont il regarde les autres, par la manière dont il sourit aux autres, par la manière dont il tend la main aux autres, chacun et chacune peut transmettre la lumière de Jésus et témoigner de sa miséricorde.

Que cette Eucharistie nous aide alors un peu plus à découvrir la tendresse de Dieu pour chacun de nous. Qu’elle nous aide à nous laisser regarder par le Christ, tels que nous sommes. Amen.

écrit par le père Léon

Homélie pour le 4ème dimanche de Carême (27 mars 2022) par le père Léon

A mi-chemin de notre route vers Pâques, c'est la figure extraordinaire du Père miséricordieux qu'il nous est donné de contempler en ce dimanche. Un Père qui nous attend avec amour comme il attendait l'enfant prodigue. Quelle que soit notre histoire, ses bras sont grand ouverts et son pardon est offert. Oui, revenons à lui de tout notre cœur.

« Frères, si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. »

Les trois lectures de ce jour ont en commun de nous confronter à la nouveauté : la nouveauté de la terre promise, la nouveauté du pardon en Christ, la nouveauté du retour du frère. A chaque fois, il nous est demandé et nous sommes obligés de changer de comportement. La vie dans la Foi n’est jamais fixée une fois pour toute et elle peut amener des changements radicaux dans notre vie. Ce dimanche du laetare est un dimanche de joie qui doit nous préparer à accueillir la joie de Pâques en accueillant cette nouveauté de la résurrection dans nos vies.

En Josué 5, premier des livres prophétiques, le Seigneur signifie à son peuple que le temps du désert est fini et qu’il convient de s’adapter à une réalité nouvelle : le temps de l’esclavage en Egypte est fini, la terre promise est donnée, il n’y a plus de désert à parcourir en nomade mais des champs à cultiver en sédentaire. La manne ne tombe plus du ciel, il faut se mettre au travail de la terre. Tout est différent, et pourtant c’est la même foi qui doit animer le peuple, celle de la Pâque lors de la sortie d’Egypte.

Un monde ancien s’en est allé, un monde nouveau s’en vient mais la Pâque est la même pour rappeler la présence de Dieu parmi son peuple. Juste avant notre fête de Pâque, ce texte de Josué nous invite à la même chose pour passer de l’ancien au nouveau testament, pour passer du temps du carême au temps pascal. Tout est différent mais c’est le même Dieu qui continue à être avec nous même s’il est monté au ciel. Avec la résurrection, nous entrons dans le royaume de Dieu sur terre, nous comportons-nous comme si nous étions encore dans le désert ou bien nous sommes-nous mis au travail pour bâtir de nos mains un monde de justice et de paix ?

En 2 Corinthiens, Paul est dans la même ligne. En Christ, nous sommes des créatures nouvelles. Un monde nouveau est là. Ce qui caractérise et doit caractériser notre vie nouvelle en Christ, c’est la réconciliation, le pardon des péchés. Christ est mort pour le pardon des péchés. Sa mort est vaine si, nous, baptisés dans sa mort et sa résurrection, nous ne sommes pas capables de faire de même. Je ne peux plus me comporter comme je le faisais avant en fonction du respect à une Loi, dans la foi au Christ. Je dois désormais être capable de me laisser réconcilier avec Dieu, avec mon prochain, avec moi-même. Il ne s’agit plus de faire pénitence, ni de gémir, ni de se plaindre, mais bien d’accueillir dans nos vies le pardon et vivre comme des hommes et des femmes réconciliés avec le Christ et avec nos frères. Le temps du pardon et de la miséricorde surgit à notre baptême par la résurrection du Christ.

Et puis, nous avons cette parabole de Jésus, on la connaît un peu plus que par cœur, du coup, elle ronronne un peu, et qu’on a besoin de la réécouter avec le cœur. Un homme avait deux fils. Cet homme, c’est le Père. Et voilà qu’un des deux fils dit « donne-moi ma part d’héritage, je veux faire comme si tu étais mort, tu ne comptes plus pour moi, j’ai besoin de ton argent. » Et le père, d’une générosité sans faille, leur partage ses biens. Il le donne aux deux enfants. Et voilà qu’il s’en va et s’éloigne de Dieu, s’éloigne de sa relation avec son père, et il se perd. Il se rend bien compte qu’il y a un grand vide dans sa vie. Oui, il y a un vide dans son estomac, c’est la famine. Mais, dans la Bible, et dans l’Évangile en particulier, quand on parle de pain, ce n’est pas seulement le pain matériel, on parle de ce qui est absolument essentiel pour la vie de l’homme. Et ce qui est essentiel, ce n’est pas de respirer, ni manger, ce n’est pas d’abord de se déplacer ; ce qui est essentiel pour l’homme, vous le savez, c’est d’aimer. C’est d’aimer. Et là, pour lui, il y a un grand vide. Il a besoin de cette relation. Il se tourne en lui-même, et il se dit : « En fait, les ouvriers de mon père ont plus de relation que moi avec mon père. Ça serait déjà pas mal si j’avais au moins ça. » Et il rentre. Et nous savons que le père l’accueille. Le Père ne rêve que d’une chose, c’est de nous combler de Son amour. C’est Sa joie, c’est Son bonheur, Il nous a créés pour ça. « Apportez-lui le plus beau vêtement car il est mon fils. Mettez-lui une bague car il est comme un fiancé, mettez-lui des sandales car il est un homme libre. Mangeons, festoyons, réjouissons-nous, car celui qui était mort, il est vivant. » Et vous savez qu’au chapitre 15 de l’évangile selon saint Luc, nous avons trois paraboles, la brebis perdue et retrouvée, la drachme perdue, et le fils prodigue. Et chaque fois on a cette parole : il était perdu et il est retrouvé. C’est la joie de Dieu !

Alors, nous pouvons reprendre la parole de saint Paul : « Nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu ! » Frères et sœurs, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Profitez des moyens qui vous sont donnés par Dieu. Il veut nous combler de Son amour et de Sa joie. Et chaque fois que nous nous convertissons c’est la joie au ciel. Il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. Et nous savons bien que nous avons tous besoin de conversion. Et donc, nous sommes tous capables de donner de la joie au ciel.

écrit par le père Léon

Homélie pour le 3ème dimanche de Carême (20 mars 2022) par le père Léon

En ce 3ème dimanche de carême, Dieu nous rassemble pour se faire connaître de nous, comme il l’a fait pour Moïse dans la scène du buisson ardent. Sa Parole peut réveiller notre foi en ce temps de carême et faire de nous des témoins émerveillés de son amour. Préparons-nous à célébrer l’eucharistie du Seigneur en reconnaissant nos faiblesses, nous qui sommes appelés à grandir en enfants de Dieu, appelés à la sainteté et au banquet céleste.

Depuis le début du carême, l’évangile de Luc nous dévoile le visage du Père à travers la figure du Christ. La 1ère semaine, l’évangile des tentations nous disait que Jésus était le nouvel Adam, celui capable d’utiliser pleinement sa liberté et de résister à la tentation. Ce texte nous renvoyait à l’image de Dieu créateur, à l’origine de toute vie. La semaine dernière, c’est la figure du Père sauveur qui se révélait à travers le mystère de la Transfiguration. Jésus y apparaissait comme le nouveau Moïse, le nouveau législateur ; et le nouvel Elie, la nouvelle Parole.

Cette semaine, c’est aussi la figure de Dieu qui se révèle à travers les paroles de Jésus. Mais cette figure peut sembler redoutable et pourtant nous ne sommes pas dans l’Ancien Testament :« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez. »

Saint Paul, dans la 1ère aux Corinthiens, n’est pas plus rassurant : « Cessez de récriminer comme l’ont fait certains : ils ont été exterminés. » Faut-il avoir peur de Dieu ? Faut-il craindre le salut ?

Les textes de ce jour, avant même de parler de Dieu, nous parlent de nous-mêmes et de la liberté à laquelle nous avons été appelés. En Exode, Dieu appelle Moïse à être l’instrument de la liberté de son peuple : « Tu feras sortir d’Egypte mon peuple, les fils d’Israël. » Dieu est celui qui, non seulement nous a créés, mais nous a rendu libres. Pourquoi alors, met-on sur le dos de Dieu tous les malheurs de la terre, toutes les catastrophes, tous les massacres, toutes les guerres ?

Jésus répond que si des Galiléens ont été massacrés, ce n’est pas la faute de Dieu, mais c’est bien celle des hommes, en la personne de Pilate. De même, si des personnes ont été tuées par la chute d’une tour, ce n’est pas la faute de Dieu ou d’un quelconque péché qu’il faut expier, c’est parce que la tour était mal construite. Dieu a fait l’homme libre mais nous nous plaisons à récriminer, à lui donner le rôle du bourreau qui se plaît à tuer le pécheur. La femme stérile, le lépreux, la femme adultère, le pauvre, le malade, l’infirme, ne le sont pas en vertu d’une punition divine, ni même d’une action de Satan. Jésus, par ses guérisons et ses miracles révèle le visage d’un Dieu qui guérit, qui soigne et qui pardonne, pas d’un Dieu qui condamne. Comme le dit le psaume : Dieu pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse. Voilà le visage de Dieu, cessons de le rendre responsable du mal et de la mort. En disant à Moïse qu’il est « Je Suis », il nous dit qu’il est l’être et la vie, non la mort et le néant.

Alors, pourquoi cesser de récriminer, à quoi faut-il se convertir pour ne pas périr ? Tout simplement à la vie et à la foi en Dieu qui est vie et amour. Se convertir, c’est se tourner vers Dieu, vers la vie.

Si on se tourne de l’autre côté, nous allons vers la mort et le néant, voilà pourquoi nous périrons si nous ne nous convertissons pas.

Mais se convertir, c’est aussi endosser les habits de Dieu et bien user de notre liberté. Cela signifie qu’au lieu de stigmatiser la femme adultère, la femme stérile, le publicain, il me faut les accueillir comme Jésus l’a fait. Cela veut dire qu’au lieu de dire au malade :« c’est ta faute », il faut le soigner. Qu’au lieu de dire du pauvre, du réfugié et du chômeur, c’est ta faute, tu n’avais qu’à prendre ta vie en main, il faut l’aider à avancer et à se relever. En faisant cela, on se convertit, on se tourne vers Dieu qui est Vie, Pardon et Tendresse, et alors on ne périt car on porte la vie en soi et on est vivant en Dieu.

Que ce temps de carême soit pour nous un temps où nous nous tournons vers Dieu qui est vie dans la prière, mais aussi l’aumône et l’accueil de l’autre, à l’image du Père que nous donne à voir Jésus dans sa propre vie.

écrit par le père Léon

Homélie pour le 1er dimanche de Carême (06 mars 2022) par le père Léon

Le Carême n'est pas un temps triste d'efforts et de privations. C'est un temps de grâce qui nous est donné pour revenir à Dieu. Un temps pour nous désencombrer le cœur, pour nous concentrer sur l'essentiel. Comme Jésus au désert, nous affrontons des épreuves dans notre vie de foi. Mais l'Esprit du Seigneur nous accompagne sans cesse et nous rend capables de vivre de la Parole de Dieu.

Visages apeurés et inquiets de réfugiés, immeubles éventrés ou en feu, morts, cendres dans la ville et sur les routes, triste et dramatique réalité de la guerre en Ukraine. Le monde serait-il condamné à revivre la haine et la violence ? L'humanité irait-elle à sa perte ? Que fais-tu Seigneur ? Le mercredi des Cendres en recevant les cendres sur nos fronts, nous entendons le Seigneur : « convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Car ce carême nous replace devant l’essentiel de notre humanité, notre foi et notre vie chrétiennes.

Dans l’évangile de ce jour, nous voyons un être : le diable. Nous savons qu’il est l’esprit du mal, actuellement, présent dans notre monde, dans le cœur de beaucoup de gens, et on ose lui donner un nom, celui de Satan.

L’esprit du mal qui, dans son orgueil et son arrogance, se sent le maître du monde et pense avoir vaincu. N’est-ce pas ce qu’on peut penser quand on voit ce qui se passe dans notre monde actuel ? Qui oserait affirmer que la présence du mal ne fait pas partie de l’histoire présente de l’humanité, comme de celle de toutes les époques antérieures ? Pourquoi ne donnerait-on pas un nom à cet esprit du mal qui semble bien chercher à habiter le cœur humain, à venir s’établir dans la vie de chaque personne, pour l’empêcher de rencontrer Dieu et de vivre en accomplissant sa volonté ? Il faut croire qu’il connaît bien ce récit de l’Évangile de saint Luc que la liturgie nous fait lire en ce début du Carême. Remarquons ce détail qui n’en est pas un : le mot diable y revient cinq fois et, de plus, c’est pour nous raconter les tentations de Jésus dans le désert. L’esprit du mal voudrait bien changer le cœur de Jésus, cet Homme de Nazareth qui vient tout juste d’être baptisé par Jean le Baptiste et qui se prépare à s’engager dans l’annonce de la venue du Royaume de Dieu. Ce récit nous fait bien voir que le Fils de Dieu, se faisant homme, a vécu la vie humaine dans toute sa vérité. Vrai Dieu et vrai homme disons-nous de Jésus. Vrai homme ! Avant de prendre la route pour réaliser sa mission, Jésus se donne un long temps de prière, de réflexion, quarante jours écrit saint Luc. Quarante, un nombre symbolique dans la Bible, il signifie que toute démarche conduisant à une rencontre avec Dieu, que tout engagement en réponse à un appel de Dieu se vit dans le temps, dans la durée, dans l’histoire d’une personne. Le Carême, le temps que la liturgie de l’Église nous offre pour nous préparer à Pâques, nous engager sur la route d’une vie renouvelée. Ce récit des tentations de Jésus au désert nous met face aux choix et aux combats qui marquent toute vie humaine. Il nous fait voir cette période de quarante jours, ce temps du Carême comme un temps privilégié pour mener ce combat spirituel, cette lutte contre le mal en nous. Il augmente en nous la force de poursuivre cette marche, entreprise lors de notre baptême, qui a pour seul objectif de nous rapprocher de Dieu et aussi des autres, nous rendre capables de mieux vivre le commandement du Seigneur, dans le temps de notre vie, chaque semaine, chaque jour.Trois tentations !

La première, celle du pain, cette tentation de chercher à satisfaire tous nos désirs, tous nos instincts, à répondre à tous nos espoirs, à tous nos rêves de bien-être, de confort, de vie facile. Ne serait-ce pas une invitation à profiter du Carême pour nous nourrir de ce pain, dont nous parle les textes de ce dimanche, capable de rassasier notre cœur : la Parole de Dieu ? Pourquoi ne lirions-nous pas l’Évangile de saint Luc pendant le Carême, celui que la liturgie nous fait lire chaque dimanche de cette année ?

Une deuxième tentation, celle de vouloir dominer les autres. Le démon aurait bien voulu que Jésus se serve de sa puissance pour devenir un roi, le chef du peuple, et qu’il le fasse en exerçant le pouvoir à la manière des puissants de ce monde. Si le Carême pouvait nous apprendre comment nous mieux comporter avec les autres, en les respectant, en les estimant, en les aimant. Si le Carême pouvait nous apprendre à être vraiment libres face à toutes ces puissances qui cherchent à envahir notre vie.

La troisième tentation, peut-être la plus grave, celle de vouloir briser notre relation avec Dieu. Mettre Dieu à l'épreuve, le sommer de nous faire réussir, de nous éviter tout problème, toute difficulté. Une réelle tentation, nous mettre à la place de Dieu, lui dire ce qu'il devrait faire, le mettre à notre service. Si ce Carême pouvait nous amener à nous décentrer de nous-mêmes, pour nous tourner résolument vers Dieu, faire sa volonté, pas la nôtre.
 Frères et sœurs, les tentations qu’a connues Jésus au désert sont celles de toute personne humaine.

Si ce Carême rendait plus vrai, plus fort notre désir de marcher à la suite de Jésus, ce pourrait être un temps merveilleux de croissance, d'épanouissement du meilleur de nous-mêmes, de renouvellement de notre vie filiale et fraternelle, de participation à un renouveau dans la vie de nos communautés chrétiennes, de notre monde.

écrit par le père Léon

Homélie pour le 8ème dimanche du temps ordinaire (27 février 2022) par le père Léon

Ce dimanche, nous continuons la lecture des conseils de Jésus en Luc pour être de bons disciples. Jésus avait commencé en nous faisant voir le chemin du bonheur et de la joie à travers les Béatitudes, à contrecourant de la Loi. Puis il nous avait demandé d’aller au-delà de cette Loi, de cette Torah, en aimant même ses ennemis et en pardonnant. Aujourd’hui, il s’intéresse à notre vie de tous les jours, notre vie quotidienne, comment avancer jour après jour sur le chemin de la vie.

Quand il s’agit de parler de la vie quotidienne, de la façon de se comporter tous les jours, la Bible a un genre littéraire dédié à cela, la littérature de Sagesse. Et, les propos de ce jour relèvent du genre sapiential le plus élémentaire : « on reconnaît un bon arbre à ses fruits », « ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur », « un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? ». Le proverbe relève souvent du bon sens le plus élémentaire pour éclairer.

De façon paradoxale, ce passage de Lc 6,20-49 que nous avons lu les semaines dernières, où l’on nous invitait à quitter les rivages de la sagesse traditionnelle pour s’aventurer sur les rives de la folie de Dieu et à aller plus loin dans l’aventure de la foi. Cette foi qui nous parle de résurrection, de mort et de péché vaincus, comme le fait Paul aux Corinthiens, dans la seconde lecture.

On est donc en droit d’être déconcerté par ce que nous entendons et nous lisons : la foi est-elle folie ou sagesse ? Faut-il être fou ou sage pour suivre le Christ ? C’est d’ailleurs par cette question que commence la 1ère aux Corinthiens dont nous avons eu un passage dans la deuxième lecture.

Si notre foi a un sens si nous ne croyons pas à la résurrection des morts qui est folie pour les non croyants : Croire en la résurrection, est-ce folie ou sagesse ?

La réponse à cette question est la même que celle que nous pouvons avoir pour ce passage de Luc. Oui, la foi en Christ est folie à vue humaine mais, elle est aussi sagesse. Il n’y a pas, dans la foi, la sagesse d’un côté et la folie de l’autre, les deux sont là et à prendre en égale considération.

Suivre le Christ est d’abord affaire de sagesse et de raison humaine : si l’on veut produire un bon fruit, il convient que notre cœur soit bon ; si l’on veut aider l’autre à se convertir, il faut d’abord se convertir soi-même ; si l’on veut être maître, il faut d’abord se faire disciple. Tout cela est sagesse et raison, une sagesse que l’on retrouve dans toute la Bible. Il s’agit bien de discerner dans nos vies le chemin même de la vie. Toute la Bible nous invite à ne pas juger les autres, le seul juge, c’est Dieu.

Un regard qui ne juge pas, ne condamne pas, qui ne se réjouit pas de trouver une paille dans l’œil de l’autre. Avec une poutre dans l’œil, on est bel et bien aveugle.

C’est le même Saint Luc qui dira que sur le chemin d’Emmaüs les yeux des deux disciples étaient aveuglés. Ils ont commencé à y voir clair lorsque Jésus leur a ouvert l’esprit à l’intelligence des Ecritures.

Reconnaître ses aveuglements, accueillir le Christ lumière intérieure comme nous aimons le chanter. Cela nous invite à réfléchir : en quoi suis-je aveugle ? A quel moment ai-je besoin de quelqu’un pour éviter de tomber dans le trou que je ne vois pas ? Nous ne réagissons pas tous de la même façon : est-ce quand la souffrance est trop grande ou, au contraire, quand je suis grisé par le succès ?

Seigneur, apprends-moi mes points aveugles pour que je demande de l’aide et ne tombe pas dans le trou.

Luc passe ensuite à la métaphore de l’arbre et des fruits. Pas besoin d’être agriculteur pour savoir qu’un figuier ne produit pas d’olives, ni une vigne, des figues. Jésus utilise une remarque de bon sens pour faire comprendre ce qu’est un disciple et ce qu’il en attend.

Le vrai disciple, celui qui se laisse éclairer par Jésus porte de bons fruits. De quels fruits s’agit-il ? Des fruits de justice et de miséricorde. ‘’le disciple bien formé sera comme son maître’’ nous dit Jésus. Cette phrase vient à la suite de tout le discours sur la miséricorde de Dieu et sur notre vocation à lui ressembler. Tel Père, tel fils !

Frères et sœurs, vivre chrétien, ce n’est pas évident : aimez vos ennemis, ne jugez pas, ne condamnez pas, mais dans la foi, il y a le chemin de la vie. Notre foi doit ainsi trouver un équilibre entre folie et sagesse. Elle doit fonctionner avec deux yeux pour voir le chemin qui mène à Dieu. il y a cette affirmation: «Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux »

Être chrétien c’est accueillir le Christ dans nos vies : devenir son cœur, sa bouche, ses oreilles, ses mains. Soyons témoins dès aujourd’hui de la résurrection de Jésus, de sa victoire sur la mort.

« Mes frères bien aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue »

écrit par le père Léon

Homélie pour le 7ème dimanche du temps ordinaire (20 février 2022) par le père Léon

Vivre en paix les uns avec les autres : voilà le rêve de l'humanité. Nous savons bien qu'il est difficile de vivre le commandement d'amour de Jésus, d'accueillir l'autre tel qu'il est, de le regarder d'abord comme un homme ou une femme aimé de Dieu, comme un frère ou une sœur. En ce début de célébration, prenons le temps de nous saluer les uns les autres, de tendre la main à notre voisin ou voisine : nous manifestons ainsi notre désir de nous accueillir mutuellement, comme Dieu nous accueille aujourd'hui.

Comme dimanche dernier avec les Béatitudes, notre évangile de ce jour correspond au sermon sur la montagne de Mt 5-7, en plus court. Mais si le discours de Jésus en Matthieu est destiné à la foule, en Luc, le propos de Jésus s’adresse avant tout aux disciples, et constitue un bon disciple du Christ : savoir vivre les béatitudes et les malheurs de la vie (20-26), l’invitation à l’amour des ennemis (27-35) ; nous avons écouté aujourd’hui, la générosité envers le prochain ((36-42) ; cela est dimanche prochain.

Le savoir être du bon disciple du Christ, de tout bon baptisé, c’est avant tout une réponse que l’on doit donner au Christ pour répondre à son appel. Il s’agit là, de dépasser la simple Loi naturelle, telle qu’on la trouve dans les 10 commandements, pour vraiment accéder à la foi, telle qu’elle nous sera présentée en Lc 7,1-10 avec la foi du centurion : « Dis une parole, et que mon serviteur soit guéri! (Lc 7,7) »

Par certains côtés, il s’agit d’appliquer dans sa vie ce que propose Paul aux Corinthiens dans la seconde lecture : passer de l’être physique, rationnel et naturel à l’être spirituel, configuré au Christ.

La foi en Christ doit nous amener à aller plus loin qu’une simple application de règles morales ou de justice, mais bien à un amour du prochain qui dépasse bien souvent le bon sens et la logique.

Tous nos rapports humains sont et doivent être transformés par notre rapport au Christ : le prêt devient don, la justice devient miséricorde, le jugement devient accueil. Nous acceptons de nous laisser guider par l’Esprit.

Mais attention, la vie spirituelle ne nous coupe pas du réel et du monde. Nous sommes renouvelés par L’Esprit, nous serons jugés et traités par Dieu comme nous avons jugé et traité les autres. Ce langage-là est clair et accessible à tous. Il est de l’ordre de la nature et de la Loi naturelle, c’est la logique du « œil pour œil, dent pour dent » de l’Exode. C’est la même logique que celle contenue dans le Notre Père : « pardonnes-nous nos péchés, comme nous pardonnons aux autres. »

En cela, la relation au Christ n’est jamais statique, unilatérale et passive. Le physique et le spirituel se répondent l’un l’autre. C’est le principe même de l’amour, celui du don réciproque.

Si j’aime à la manière, dans l’Esprit, du Christ, tout sera effacé et pardonné, le jugement de la morale même sera aboli. Mais si je ne sais pas aimer et vivre dans l’Esprit du Christ, je serais traité comme j’ai traité les autres. C’est bien ce que nous raconte l’histoire de David et Saül. David est un grand pécheur, qui a du mal à résister à ses désirs et ses passions et pourtant, il lui sera tout pardonné car il a compris le sens profond du pardon des péchés. Pour qu’il lui soit pardonné ses nombreux péchés, il lui faut pardonner à celui qui le persécute. Saül est un petit pécheur qui reste à l’écart du pardon et n’entre jamais dans une démarche de repentir.

Il ne lui sera rien pardonné, quand bien même ses péchés sont infiniment moins graves que ceux de David.

La Bible est pleine d’illustrations de cet évangile d’aujourd’hui. Ce dépassement d’une logique comptable purement humaine est un défi, mais c’est aussi une chance d’avoir une vie de foi qui met en marche et instaure un vrai dialogue entre Dieu et nous. Il ne suffit pas de recevoir, il faut aussi donner pour recevoir encore plus.

Et nous, comment vivre ce commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Comment dans le concret de nos vies, allons- nous mettre en pratique ce commandement de Jésus de donner sans attendre de retour, de pardonner et de rejeter toute forme de jugement dans nos paroles et nos pensées.

Dans quelques minutes, nous nous approchons de la table de communion en disant ces paroles : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri » Peut-être cette parole que nous attendons du Seigneur est celle-ci : « je t’aime telle que tu es, je viens retirer de ton cœur toute cette amertume tout cet esprit de jugement et d’égoïsme qui obscurcit ton âme, viens simplement te jeter dans les bras du père ».

Frères et sœurs, aujourd’hui le Christ veut faire toute chose nouvelle dans notre vie, ouvrons nos cœurs à son amour, prenons la ferme décision de changer nos cœurs et de croire à l’Évangile pour que le royaume de Dieu advienne. C’est notre responsabilité de baptisés. AMEN.

écrit par le père Léon

Homélie pour le 6ème dimanche du temps ordinaire (13 février 2022) par le père Léon

Frères et sœurs, être heureux, n'est-ce pas notre rêve à tous ? Eh bien, aujourd'hui, c'est le Seigneur lui-même qui nous souhaite d'être heureux et nous indique le chemin du bonheur. Que nos cœurs soient dans la joie pour célébrer ensemble le jour du Seigneur.

Souvent glissent sur nous les paroles des Béatitudes de l’Evangile de saint Luc. Cette version est plus resserrée et ramène davantage au concret que celle de saint Mathieu. Nous entendons ce texte mais il peut nous sembler étranger. Il nous parait loin parce que nous ne trouvons pas de prises. Qui a envie d’être pauvre, d’avoir faim, de pleurer ou d’être persécuté ? Aussi, la promesse de recevoir une récompense dans le ciel ne supprime pas nos difficultés actuelles.

Soyons clair, Jésus n’a pas dit qu’être pauvre était un état enviable ou un idéal. Non ! La joie vient quand nous sommes sortis du tunnel, lorsque la pauvreté, ou la faim, ou la détresse ou la persécution est derrière nous. La joie surgit avec le sentiment d’une libération ! Nous nous sentons plus léger !

Dans la version de saint Luc, nous trouvons une insistance sur le présent. D’ailleurs, le mot « maintenant » apparait 4 fois. Car la joie peut aussi être reçue en anticipation. Nous avons comme une sorte de certitude que nous sortirons du tunnel. Cette promesse entendue au fond de soi est l’anticipation d’une vie plus pleine !

Frères et sœurs, cette anticipation se retrouve dans le mystère de l’Eucharistie, où Jésus prit le pain, Il rendit grâce.... Jésus célèbre déjà le repas d’action de grâce pour sa résurrection.

Lorsque nous célébrons l’Eucharistie, nous goûtons déjà à notre résurrection, même si elle n’est pas encore tout à fait là.

Dans la foi et l’espérance, les pauvres peuvent se réjouir, dès maintenant, du rassasiement à venir, car Dieu ne supporte pas qu’il y ait des personnes au bord de la route, des laissés pour compte. La foi en Dieu est l’assurance de notre victoire avec la victoire de Dieu.

Mais cette victoire n’est possible que si nous renonçons à nous-mêmes. « Quel malheur pour vous les riches ! » dit Jésus. Car le riche peut se satisfaire de ce qu’il a et ainsi rejeter ou oublier Dieu. Si la vie que nous avons construite nous suffit... à quoi bon s’occuper de Dieu ? Mais la richesse est mauvaise conseillère et peut nous perdre. Pourquoi ? Parce qu’elle peut disparaitre, parce qu’elle peut masquer notre manque originel (notre désir profond : aimer et être aimé) et parce qu’elle peut aussi endurcir notre cœur, plus soucieux de conserver des biens que de se donner. Pauvres sommes-nous si nous misons notre vie sur ce qui cesse et nous isole...

La 1ère lecture pointe justement deux options. « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel » et « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur ». Car il s’agit de choisir entre se donner à ce qui ne dure pas ou se donner à Dieu, qui Lui, nous offre la vraie vie. Et qu’est-ce que la vie ? C’est être orienté vers la transmission, le don, la fécondité.

Le signe que nous sommes vivants, c’est que nous portons du fruit. Nous avons peut-être rencontré des personnes qui, au seuil de la mort, rayonnaient de vie. Leurs témoignages peuvent laisser une trace indélébile en nous. L’homme qui choisit Dieu, disent Jérémie et le psalmiste, « sera comme un arbre planté près des eaux », un arbre qui donnera du fruit.

La chance de cet arbre est dans sa proximité à la source. Notre richesse n’est autre que dans la communion avec Dieu. Il nous invite à partager sa vie divine, à ouvrir notre cœur : c’est-à-dire à l’aimer, à aimer nos frères, nos sœurs, à s’aimer soi-même. Aimer par des paroles et par des actes. Comme un feu en engendre d’autres, les fruits contribuent, avec la force divine, à l’apparition d’autres fruits sur d’autres arbres.

Qu’est-ce qui peut nous éloigner de la source ? « Ni la mort ni la vie (...) dit saint Paul (Rm 8, 38), rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu ». La Pâque du Christ montre que le mal qui atteint l’homme n’a pas le pouvoir de l’empêcher de rejoindre Dieu. Le mal est définitivement vaincu par l’amour et le don...

Même si nous sommes assaillis par des épreuves, si les soucis sont nombreux et la fatigue omniprésente, même si nous ne percevons pas la présence sensible du Seigneur, demandons-Lui de recevoir sa joie, dès maintenant. Dans la foi, nous croyons qu’Il œuvre sans cesse pour nous, Lui qui nous aime plus que nous-même...

Seigneur, Tu as voulu que nous partagions un même pain et que nous buvions à la même coupe, accorde-nous de vivre unis à Toi afin que nous portions du fruit pour la plus grande gloire de Dieu.

écrit par le père Léon

Homélie pour le 5ème dimanche du temps ordinaire (6 février 2022) par le père Léon

« Ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m’a comblé n’a pas été stérile. » 1 Co 15

Chaque homme, comme saint Paul, Isaïe, les douze apôtres, est appelé à être ce qu’il est profondément, à trouver un sens à son existence. Tout homme est appelé à faire quelque chose de sa vie et les récits de vocation qui nous sont proposés aujourd’hui nous redisent que cela n’est pas réservé à quelques-uns mais que cela est valable pour tous. Mais qu’est-ce que la vocation ? Comment être celui que l’on doit être ? Les textes de ce jour nous indiquent quelques pistes.

La vocation de Paul, d’Isaïe, de Pierre, passe par une rencontre. Cette rencontre peut être extraordinaire comme une révélation du Seigneur à Isaïe, plus simple comme celle de Pierre qui rencontre un homme alors qu’il pèche sur le lac, perturbante comme celle de Paul sur le chemin de Damas. Cette rencontre se fait avec Dieu et elle vient changer la vie. Il n’y a pas d’âge pour cela, Abraham a attendu 80 ans ! L’important c’est de faire cette rencontre. La foi est un don, elle est le fruit d’une rencontre entre moi et Dieu. Les parents ne peuvent le transmettre à leurs enfants, ils peuvent indiquer un chemin mais ils ne peuvent faire la rencontre à leur place. Mais chaque homme et femme de cette terre est appelé à la rencontre avec un Dieu qui nous dépasse et qui va donner sens à notre vie. Un Dieu qui nous entourera de son amour et de sa tendresse et qui nous sera toujours fidèle. La vocation est avant tout le fruit d’une rencontre qui peut se faire dès le sein de la mère comme nous l’a dit Jérémie la semaine dernière, mais qui peut attendre de nombreuses années.

Sommes-nous toujours ravis de cette rencontre ? Tous les récits bibliques nous disent que personne n’a été ravi de rencontrer Dieu dans sa vie, personne n’est ravi d’être appelé et c’est bon signe :

« Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. »

« Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers. »


L’Autre, Dieu, fait peur, à plus forte raison quand il dépasse notre entendement. Les raisons pour refuser l’appel et la rencontre sont nombreuses et variées : trop jeune, trop vieux, trop pécheur, trop occupé, pas assez digne. La raison profonde est que cela nous renvoie à nos propres limites et à notre propre faiblesse. L’appel est toujours un appel à dépasser les limites que l’on s’était posé et qui nous rassuraient.

Comme saint Paul dit, en son Fils est mort pour nous et est ressuscité. C’est ensuite de proclamer que nous ne sommes pas dignes de recevoir cette surabondance d’amour, c’est de s’en remettre à sa grâce et de redire avec l’apôtre que « ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. »

Adoration, humilité, cohérence de vie. Et cette attitude, elle n’est pas linéaire. Il n’y a pas un jour dans notre vie où nous avons rencontré Dieu, un jour où nous l’avons trahi, un jour où nous avons eu l’humilité de nous reconnaitre pécheur, et un jour où nous avons décidé de nous convertir définitivement et d’agir. Ces différents moments de la vie de l’apôtre, ils sont quotidiens, ils se renouvellent sans cesse. Et même si nous avons vécu une rupture grave avec lui, une trahison, il ne cessera de nous aimer, de nous tendre la main, de nous inviter à le rencontrer. Il touchera à nouveau nos lèvres par sa miséricorde et nous confiera à nouveau la mission d’être son serviteur. A nouveau nous pourrons dire : « Me voici, envoie-moi » et nous proclamerons « qu’elle est grande la Gloire du Seigneur ». Il choisit de passer par les pauvres pécheurs que nous sommes. Malgré nos infidélités, il continue de nous pardonner, de nous faire confiance, de nous envoyer. Alors n’ayons pas peur. Son amour jamais ne se lasse. Nous sommes libres de tout sauf d’une chose : l’empêcher de nous aimer. Quelle que soit notre attitude, la gravité de notre péché, quelle que soit notre éducation, la connaissance que nous avons de lui…Il ne nous abandonnera jamais. Il ne cessera de nous poursuivre de son amour.

Frères et sœurs, accueilliez l’appel et acceptez la rencontre, acceptez d’aller outre nos limites et nos faiblesses, permet de grandir et de vivre pleinement ce que nous sommes. Et on s’aperçoit que cette réalisation de soi-même passe toujours par un envoi vers les autres : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »

La rencontre avec le tout Autre qu’est Dieu nous envoie vers les autres qui sont nos frères et sœurs en humanité. Et en faisant cela nous découvrons la richesse de ce que nous sommes et la valeur de notre vie. La vocation est un appel à être et à vivre pleinement sa vie en allant vers les autres pour leur annoncer le mystère du salut et de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Cet appel c’est aujourd’hui à chacun de nous qu’il s’adresse. « Me voici, envoie-moi »

écrit par le père Léon

Homélie pour le 4ème dimanche du temps ordinaire (30 janvier 2022) par le père Léon

Frères et sœurs,

Le Christ se tient au milieu de nous. Dans notre vie quotidienne, il n’est pourtant pas facile de discerner les signes de sa présence. Néanmoins nous sommes rassemblés en son nom et qu’il est présent au cœur de notre assemblée, ouvrons nos cœurs à sa Parole qui nous réveille.

Ce qui est assez troublant dans ce passage de l’Evangile de saint Luc, c’est ce changement d’attitude des auditeurs de Jésus. On nous dit qu’au début ils sont tous admiratifs des paroles qui sortent de la bouche de Jésus et pourtant ce sont les mêmes qui, à la fin, sont furieux contre lui et veulent déjà le mettre à mort.

Cela m’a renvoyé aux paroles de saint Jacques : « D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes ? Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. » (Jc 4, 1-2)

C’est en effet ce que cela révèle du cœur de ceux qui sont venus écouter Jésus dans la synagogue. D’une certaine manière, pour les habitants de Nazareth, dont on disait d’ailleurs qu’il ne pouvait rien en sortir de bon, Jésus passe pour celui qui a réussi, qui a du succès et qui fait parler de lui. « Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm » lui disent-ils. Sa réputation le précède.

Et cela finalement dérange, agace et provoque de la colère et de la jalousie. Après tout, n’est-il pas resté près de trente ans à Nazareth sans opérer de miracle, sans prononcer de parole prophétique.

Et le voilà qui fait des choses extraordinaires en Galilée. C’est de l’amertume, de l’irritation et de la colère (Ep 4, 31) qui montent dans le cœur des personnes qui entourent Jésus dans la synagogue. Les paroles de Jésus, ses références à l’Ecriture à travers les deux figures prophétiques d’Elie et d’Elisée, telle l’épée à deux tranchants dans la lettre aux Hébreux, va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. (Hb 4, 12)

Cela nous rejoint sans aucun doute. Nous sommes nous-mêmes parfois prisonniers de nos sentiments et de nos ressentiments devant tel événement, telle contrariété ou telle parole reçue. Lorsqu’une parole nous a blessés, lorsqu’une attitude a pu nous contrarier, souvent nous ressassons, nous ruminons, nous faisons fonctionner le petit cinéma intérieur qui fait naître en nous la mauvaise humeur, la rancœur, parfois le découragement. Et cela nous enferme, nous isole, nous fait mal allant parfois jusqu’à susciter de la violence vis-à-vis de nous-même ou vis-à-vis des autres. Commencent à se développer en nous ces pensées si bien décrites par saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté » (Ep 4, 30).

Il nous est bon de regarder le Christ. Le Christ nous enseigne d’une belle manière dans cette page d’Evangile. La dernière phrase en effet est riche de sens : « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. » Face à la violence qui s’exprime, le Christ ne s’emporte pas. Devant l’incompréhension des gens et leurs propos accusateurs, le Christ n’entretient pas de rancune, il supporte tout, il endure tout.

Seul un cœur qui aime est capable de cela, capable de demeurer aussi dans cette paix intérieure qui permet d’affronter tout ce qui advient et que l’on n’a pas choisi. C’est un cœur libre que celui du Christ, libre face à la foule contre lui, libre face aux attaques, libre aussi de dire ce qu’il a à dire sans avoir peur de déranger, de bousculer. Il n’est pas là pour plaire à son auditoire. Il n’est pas là pour se faire aimer ou admirer. Le Christ est pleinement libre, profondément libre. Comme le dit la première lecture dans le livre de Jérémie, le Christ est comme une ville fortifiée, comme un rempart de bronze car le Seigneur Dieu son Père est avec lui.

Cette capacité du Christ à demeurer dans l’amour quoi qu’il arrive, il la reçoit de cette relation avec Dieu son Père. C’est parce qu’il demeure en son Père, dans la confiance et dans l’amour qu’il peut alors supporter, affronter et surmonter ce qui lui advient. Cette relation avec Dieu son Père, qui est justement une relation d’amour, c’est-à-dire cette certitude de n’être jamais seul, cette certitude de demeurer dans la main de son Père, lui permet d’être dans une juste relation avec les autres.

Frères et sœurs, c’est la clé pour nous ! Il nous faut apprendre nous-mêmes, à la suite du Christ à vivre chaque jour, chaque instant sous ce regard de Dieu. Il nous faut apprendre à demeurer sous ce regard dans l’amour avec cette certitude qu’il est avec nous, le Seigneur de l’univers, citadelle pour nous le Dieu de Jacob (Ps 45,8). Et cela commence déjà par penser à Dieu en l’aimant tout au long de ma journée, à invoquer son nom, ou encore à goûter sa Parole. Alors, seule cette relation, fondement de toute relation, nous permettra de recevoir l’amour véritable capable de tout, selon la parole de saint Paul. C’est un amour qui ne vient pas de nous, nous le percevons bien ; c’est le don de Dieu, le don le plus grand à recevoir.

L’amour ne passera jamais car l’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint. Viens Esprit Saint, vive flamme d’amour, nous transformer pour que nous soyons semblables à Jésus, le Fils bien-aimé.

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ?

écrit par le père Léon

Homélie pour le 2ème dimanche du temps ordinaire (16 janvier 2022) par le père Léon

Frères et sœurs,

Des noces de Cana qui préfigurent l'alliance nouvelle et éternelle. En Jésus Christ, Il prend l'initiative de nous convier à sa table. Ce qu'il nous offre, c'est lui-même, sa présence, son pardon, son amour. Malgré nos faiblesses et de notre péché, ouvrons-nous à la joie d'être aimés de Dieu et prenons place à la table où il nous invite...

En ce dimanche, nous sortons du temps des fêtes et nous entrons dans la période dite du "Temps ordinaire". Ce n'est pas une période moins importante, bien au contraire : c'est un temps pour accueillir le Seigneur qui n'en finit pas de nous partager sa joie. Tout au long de cette période, nous serons invités à marcher en "conduite accompagnée" à la suite du Christ.

Dès le début de son ministère Jésus s’est rendu présent à notre vie quotidienne, avec ses fêtes et ses moments douloureux : une noce, un repas, un décès, la maladie, et à Cana, Il se laisse encore inviter par nous : Il est au milieu de nous tout au long de nos journées ordinaires et aux grands moments de nos vies.

En écoutant ce passage d’Évangile et en le méditant, j’ai d’abord été frappé par cette petite phrase : « la mère de Jésus était là ». Marie vient à ces noces de village avec Jésus et ses disciples. Ils ont été invités, comme beaucoup d’autres. Ils partagent humblement la joie de ces mariés et de leurs familles, heureux de célébrer avec eux devant Dieu l’amour qui les unit.

Aux noces de Cana, la participation de Marie n’est pas passive. Marie, la première, va se rendre compte du drame humain qui s’annonce et elle en fait part à Jésus… « Ils n’ont plus de vin ».

La réponse de Jésus est étonnante et je laisse les exégètes en chercher le vrai sens… mais une chose est sûre, Jésus aussi prend en compte la détresse qui s’annonce pour ces jeunes mariés. Par sa parole, non seulement ils vont échapper à cette situation catastrophique, mais Jésus va faire bien plus que cela.

Nous aussi pouvons avoir des choses lourdes à porter dans notre vie : Une épreuve qui laisse une blessure au fond de nous-même ou un deuil difficile à assumer, ou encore toutes sortes de situations « compliquées » comme on dit. La vie humaine est magnifique mais elle ne nous épargne pas pour autant les épreuves. C’est la vie !

Ne croyons pas que le Seigneur est indifférent à tout ce que nous vivons… qu’il est loin de tout ça ! Déjà, si nous mettons en lui notre foi, Il nous pardonne nos fautes pour nous faire entrer dans sa vie et dans la joie de ses Noces éternelles. Mais sa miséricorde n’est pas seulement pour le futur, il prend soin de nous aujourd’hui. Il n’est pas sourd à nos supplications.

En changeant l’eau en vin, Jésus a non seulement évité la catastrophe, mais il a donné à cette fête de noces une toute autre dimension. L’abondance de vin excellent, meilleur que l’autre, est le signe de la joie profonde que Jésus vient apporter dans notre vie dès maintenant et pour toujours.

Bien sûr, nous ne sommes pas pour autant à l’abri des difficultés, comme je l’ai exprimé, mais si permettons à Jésus de venir dans notre vie, alors c’est la joie qui triomphe. Comme l’a écrit le Pape François dans la Joie de l’Évangile : « …je reconnais que la joie ne se vit pas de la même façon à toutes les étapes et dans toutes les circonstances de la vie, parfois très dure.

Elle s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout (Evangelii Gaudium n.6 »
.

Des jarres pour se laver ! C’est un geste symbolique bien sûr, je ne vais pas développer, mais cette demande pouvait leur sembler absurde. Les serviteurs ont fait confiance à Jésus qui n’était qu’un invité. Ils ont pris l’eau qui sert pour se purifier et ils l’on servie comme du vin. C’est la foi qui peut nous pousser à faire tout ce que nous dit Jésus, même si cela nous paraît impossible comme par exemple, lorsque Jésus nous demande d’aimer nos ennemis !

Sans la foi, notre Bible restera dans notre bibliothèque comme un livre ordinaire. C’est la foi qui peut nous conduire à lire, à méditer ces textes, à chercher à en comprendre le sens. À croire que vraiment le Seigneur nous parle à travers ces textes. C’est la foi qui nous permet de croire qu’en faisant ce que Jésus nous demande, cela va changer beaucoup de choses dans notre vie. C’est la foi qui nous pousse à prier chaque jour, à vivre ce cœur à cœur avec le Seigneur, à lui donner un peu de temps au cœur de nos activités. C’est la foi qui nous pousse à aller à la messe, à croire que, lorsque Jésus nous dit : « Ceci est mon Corps livré pour vous, faites cela en mémoire de moi. », c’est vraiment son corps que nous recevons en allant communier. C’est la foi qui nous remplit d’Espérance. Cette Espérance qui nous fait voir les choses autrement, qui nous éclaire sur nous-même, sur notre comportement vis-à-vis des autres… Comme le dit Saint Augustin :

« Les hommes sans espérance, moins ils font attention à leurs propres péchés, plus ils sont curieux des péchés d’autrui. Ils ne cherchent pas ce qu’ils vont corriger mais ce qu’ils vont critiquer ».

Frères et sœurs, c’est la foi enfin qui nous pousse à témoigner autour de nous de cette Espérance qui nous habite. Nous pouvons alors nous associer à la Vierge Marie en disant à notre tour : « Faites tout ce que Jésus vous dira ». Faites-le, car vous devez croire que cela va changer votre manière de vivre. Vous serez habités par la joie du Seigneur qui libère du vide intérieur et nous ouvre à l’amour des autres.

écrit par le père Léon

Homélie pour le Baptême du seigneur (09 janvier 2022) par le père Léon

Le temps de Noël se déploie avec la fête du baptême du Seigneur. Réjouissons-nous du baptême du Seigneur, réjouissons-nous de notre propre baptême. Que l’Esprit-Saint renouvelle en nous la grâce du baptême, en nous purifiant et en nous sanctifiant.

En ce début d’année, les paroles du Seigneur, nous nous arrêtions sur l’humilité et la charité !

L’humilité, car Jean-Baptiste « le plus grand des enfants des hommes », au dire de Jésus, est celui-là même qui dit dans notre Evangile du jour : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ». Jean-Baptiste dira dans un autre passage biblique : « Il faut que Lui grandisse et que moi je diminue ». Quelle humilité du plus grand des enfants des hommes ! La charité, car le baptême de Jésus manifeste la charité de Dieu. La voix du Père retentit : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ». Et notre propre baptême nous plonge dans l’amour de Dieu et nous pousse à aimer nos frères.

Les moralistes nous disent que l’humilité est la 1ère de toutes les vertus ou des forces de l’âme (virtus, en latin : force) ou des qualités de l’âme. Dans humilité, il y a humus, la terre. L’humble se reconnait tiré de la terre (rappelons-nous l’image biblique de Dieu qui souffle une haleine de vie sur la glaise), fragile, vulnérable, gratifié, relié aux autres. C’est le nom d’Adam, le terreux, le glaiseux. Nous sommes de la terre, puisque nous sommes les descendants d’Adam.

« Noël, c’est le mystère de Dieu qui vient dans le monde par le chemin de l’humilité » . C’est Dieu qui s’abaisse pour nous rejoindre et nous relever.

L’humilité, c’est le style de vie de Jésus, sa manière d’aimer jusqu’à la fin de son séjour terrestre. Le lavement des pieds manifeste l’amour humble de Dieu. Le contraire de l’humilité, c’est l’orgueil. L’orgueilleux se satisfait de lui-même, ne dépend de personne, ne doit son salut qu’à lui-même. Dans l’ancien testament, il y a un magnifique modèle d’humilité en la personne de Naaman, le syrien 2 R 5. Ce général, célèbre et riche, mais lépreux, n’accède à la guérison de sa maladie que quand il accepte de « mettre à nu son humanité », selon la Parole du Seigneur de se déshabiller et de plonger 7 fois dans les eaux du Jourdain. Il a dû laisser l’armure de sa richesse pour accueillir la générosité de Dieu, dans la simplicité d’un geste, sans rien payer. L’humilité, c’est la vérité dans la relation, c’est la simplicité vraie, c’est assumer toute la réalité de notre condition. L’orgueilleux est comme la paille. Le prophète Malachie nous avertit : « Tous les arrogants seront de la paille. Le jour qui vient les consumera, il ne leur laissera ni racine, ni branche » Ml 3, 19.

Si l’humilité est la fondation de toutes les vertus, la 1e au sens de soubassement, de condition préalable, la charité est la reine de toutes les vertus, la 1e dans l’ordre de la perfection. « Si je n’ai pas la charité », nous répète St Paul, cela ne sert à rien. Le baptême de Jésus vient manifester l’amour de Dieu : « Dieu est amour ». « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

Un prêtre de Constantinople prêchait au 5e s. : « Noël nous montrait un pauvre nourrisson qui manifestait notre pauvreté. L’Epiphanie nous le fait voir dans sa perfection, elle nous suggère qu’il est l’Etre parfait, issu de l’Etre parfait », la perfection de l’amour qui se communique aux hommes. « Allons regardez ces merveilles incroyables : le Soleil de Justice qui se baigne dans le Jourdain…, Dieu qui est sanctifié par un homme ! … », l’Esprit-Saint qui consacre Jésus afin que les hommes soient consacrés par les eaux du baptême. Le but de l’humilité n’est pas l’humilité mais la charité, l’humble charité. La charité n’a pas toujours bonne presse, comme dans ces expressions : « Faire la charité » ou « C’est charitable ». Et pourtant, en milieu chrétien, la charité est la plus haute forme de l’amour, capable d’intégrer toutes les autres formes de l’amour : l’amour d’attirance et l’amour d’amitié. La charité, c’est un amour à la manière de Jésus : un amour absolument gratuit, un amour qui pardonne, un amour du prochain qui se fait de plus en plus universel et concret.

Frères et sœurs, les saints de l’Eglise qui sont la charité en actes sont nos modèles. Un seul détail de leur vie suffit à évoquer la totalité de leur cœur brûlé de l’amour de Dieu et des frères : St Jean qui pose sa tête sur la poitrine de son Maître, St Laurent qui accepte de brûler martyr sur un gril, St Charles Borromée qui visite ses fidèles atteints de la peste, St Vincent de Paul qui accueille les enfants abandonnés, Mère Térésa qui accompagne les mourants, … et tous ces saints d’aujourd’hui, ces « saints de la porte d’à-côté », comme aime à le dire le pape François, qui, humblement, dans le quotidien posent des actes d’amour et de pardon, le don par excellence. Essayons, cette nouvelle année, de tout faire avec humilité et charité pour nos familles pour nos prochains.

«Toi, tu es mon Fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie»

écrit par le père Léon

Homélie pour l'Epiphanie (02 janvier 2022) par le père Léon

Les mages venus d’Orient, riches de savoir et d’intelligence, de culture, arrivent avec des présents absolument inutiles pour un enfant qui n’a besoin que de lait. Que sont-ils donc allés voir ? Ils sont allés recevoir d’un nourrisson leur salut. Joseph avait reçu de l’ange l’ordre d’appeler l’enfant : Jésus, c’est-à-dire Dieu sauve et pourtant c’est lui qui a dû le sauver de la main d’Hérode en fuyant en Egypte. Dieu sauve. Cet enfant ne peut pas se sauver lui-même, mais il est le sauveur.

Cela nous rappelle étrangement un autre épisode : l’autre grand moment du Salut pour le chrétien, l’épisode où Jésus, sur la croix, entend, de la part des grands prêtres, cette phrase : « Il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même. » Les deux grands moments du salut pour les chrétiens sont les moments où Dieu semble absolument impuissant : la naissance d’un enfant qui ne peut vivre sans l’aide des autres et la mise à mort d’un homme qui se prétend Dieu et qui ne peut même pas se sauver lui-même. Que sont donc allés chercher les mages en venant contempler un bébé dans une crèche ?

Cet enfant nous invite à contempler les limites que le Verbe lui-même s’est imposées en venant habiter parmi nous. Puisqu’il est Dieu, il aurait pu choisir de multiples manières pour nous sauver, plus éclatantes, plus glorieuses, plus puissantes. Il a choisi de venir dans un enfant. Et aujourd’hui, que faites-vous, qu’êtes-vous venus chercher ? Un morceau de pain. Dieu présent dans… encore pire qu’enfant, encore pire qu’un crucifié : un morceau de pain. Et vous allez reconnaître dans un morceau de pain la présence de celui qui vous sauve.

Avouez que, pour le monde qui parle surtout de puissance, d’argent, de pouvoir, d’honneur, de gloire, c’est quand même bien paradoxal ; on doit souvent nous prendre pour des fous ! Alors que sommes-nous venus chercher ? Eh bien, oui il faut le reconnaître, nous sommes venus chercher Dieu présent dans ce qu’il y a de plus faible. Dieu présent dans celui qui a besoin -car l’enfant est d’abord celui qui a besoin- Dieu présent dans celui qui a besoin de nous pour vivre, comme il avait besoin de Marie pour survivre. Il a besoin de nous pour vivre dans ce monde, pour vivre en nous. Nous sommes, la présence du Christ, être présence du Christ ! Tous seuls, nous ne pouvons rien faire ! C’est bien pour cela que nous sommes invités à vivre le don de la fraternité, à vivre la communion dans la diversité qu’est notre communauté ! A s’accueillir les uns et les autres et voir, dans l’autre, ce qu’il porte de bon, de beau et de grand ! Mais tout cela, en présence du Christ. Car c’est sa présence qui nous transforme. C’est sa présence qui nous permet d’être dans une commune unité, même si nous sommes des horizons différents les uns des autres ! C’est sa présence, en nous et parmi nous, qui peut nous faire grandir, qui peut nous faire « nous déplacer », qui peut nous bousculer.

En plus, nous avons d’abord besoin de recevoir et que l’amour commence lorsque je suis capable de dire : « j’ai besoin de toi ». Car je donne à l’autre la possibilité d’exister, je donne à l’autre la possibilité d’être quelqu’un pour moi, d’être quelqu’un qui compte pour moi.

Eh bien voilà ce que Dieu fait. Dieu nous offre la possibilité de nous grandir en le servant. Il se fait besoin pour que nous puissions donner.

Frères et sœurs, le Seigneur nous donne la possibilité de construire notre vie avec lui, mais avec lui en nous. Il nous donne la force d’aimer, la possibilité, la capacité d’aimer, alors à partir de là, je peux construire ma vie, être heureux, me réconcilier avec ceux que j’ai blessés. Demandons au Seigneur d’être comme disait saint Augustin, plus intime à moi-même que moi-même. Car celui qui est si fragile a besoin de mon consentement, de ma foi, pour qu’il agisse à travers moi. Finalement, la véritable crèche, c’est notre cœur, c’est notre corps, c’est notre être tout entier dans lequel Jésus lui-même veut habiter comme un enfant discret pour que sa joie, ce soit son action en nous, puis notre action avec Lui. Cette présence de Jésus dans ma vie, va me permettre de réaliser l’unité de ma vie. Il veut être présent à toute ma vie. C’est toute ma vie qui doit rayonner de la présence de Jésus. Tout l’intéresse dans ma vie. Faisons donc comme ces mages venus d’orient et qui nous apprennent quelle attitude nous devons adopter face au Fils de Dieu : « Tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents. »

Nous nous prosternons devant la puissance de cet enfant en qui nous reconnaissons la source de tout amour, nous lui ouvrons nos coffrets, c’est-à-dire tout ce que nous sommes, nos activités, les secrets de nos cœurs, nos péchés aussi et nos faiblesses, et nos erreurs, et nos richesses, et nos dons pour qu’il vienne pénétrer notre être et notre vie de son amour et nous lui offrons tout parce que nous savons que lorsque nous le laissons agir dans nos vies, lorsque notre orgueil et notre volonté de puissance abandonne devant son humble amour, qu’alors tout est possible, y compris notre bonheur.

écrit par le père Léon

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